Entreprises et salariés : comment concilier cancer et travail ?
Conférence. Organisée par l’association Cheer Up !*, de Neoma BS, une conférence participative au thème explicite – Travail et cancer : manager autrement – tenait à la fois du témoignage, de l’état des lieux et de la prospective.

Environ 433 000 personnes sont touchées chaque année en France par le cancer, dont 160 000 salariés. Si, plusieurs années après, 64 % de ces salariés souffrent encore des séquelles de leurs traitements (fatigue, douleurs, troubles cognitifs), ceux qui ont bénéficié d’un aménagement de leurs conditions de travail dès le diagnostic sont plus nombreux à être en activité 5 ans plus tard. Une enquête de la Haute Autorité de santé (2019) montre également que le maintien dans l’emploi contribue à l’espérance de vie.
Un enjeu de responsabilité sociale
Si l’entreprise a ses propres contraintes, concilier travail et cancer devient néanmoins un enjeu de responsabilité sociale. Se pose alors à la fois la question de la place qui est/sera celle du salarié victime d’un cancer, dans l’entreprise, et celle de son propre sentiment ‘‘d’utilité’’. 20 % des salariés connaissent une réorientation professionnelle (voulue ou subie) dans les 5 ans qui suivent. Le lien social, dans/avec l’entreprise, est aussi un facteur important à préserver. 7 actifs sur 10 annoncent leur cancer à leur hiérarchie ; trois fois sur quatre le contact avec l’entreprise est maintenu pendant l’arrêt (ou les arrêts) de travail. Les conditions d’emploi et les dispositifs d’accompagnement mis en oeuvre par l’entreprise (aménagements, prévoyance, etc.) doivent également être portés à la connaissance des salariés (45 % des actifs ayant eu un cancer déclarent avoir eu connaissance de ces dispositifs).
Professeure en management et ressources humaines à Neoma BS, Rachel Beaujolin est membre du Comité de Démocratie Sanitaire de l’Institut National du Cancer (INCa), et de l’association « Ensemble, pour Elles » (femmes atteintes ou ayant été atteintes d’un cancer du sein). Elle mène par ailleurs des recherches sur le management des salariés victime d’un cancer, et ne cache pas qu’elle parle d’expérience. À l’invitation des étudiants rémois de Neoma BS membres de Cheer Up !, elle présentait récemment un état des lieux du parcours des salariés victimes d’un cancer et les pistes pour concilier travail et cancer.
Formuler des propositions
À l’issue de la présentation (ici forcément résumée) faite par Rachel Beaujolin, les participants – tous concernés de près ou de loin par le sujet - étaient sollicités pour contribuer à la réflexion sur le sujet. Par petits groupes, ils devaient formuler des propositions autour de trois questions : travailler avant/après cancer, quels rapports avec les autres ? Quelles solutions mettre en oeuvre pour permettre au salarié de faire au mieux son travail ? Comment maintenir la cohésion d’équipe dans l’entreprise ? Les étudiants de Neoma membres de Cheer Up ! étaient chargés d’établir la synthèse de ces réflexions, synthèse qui viendra nourrir les travaux de recherche notamment menés par Rachel Beaujolin sur la conciliation travail/cancer/management.
* Cheer Up ! a pour but d’aider les jeunes adultes et les adolescents atteints de cancer à réaliser leurs projets personnels, en les accompagnant au quotidien. Il existe 22 associations Cheer Up ! dans les écoles et universités françaises. L’association rémoise compte 55 membres.