Emploi des cadres dans le Grand Est : tendance baissière et incertitudes

Premier élément de comparaison de l’évolution de l’emploi des cadres dans le Grand Est, en 2024 une baisse de -5 % a été enregistrée par rapport à 2023, soit 13 400 embauches contre 14 120 l’année précédente (contre -8 % à l’échelle nationale et 303 400 recrutements contre 330 000 en 2023). En Champagne-Ardenne, il faut cependant noter que 3 540 recrutements de cadres ont été réalisés, contre 2 380 en 2023 (cette augmentation s’explique en partie par un changement de convention collective dans la métallurgie ayant entraîné des promotions au statut de cadre), soit 26 % des recrutements Grand Est (l’Alsace, 44 %, et la Lorraine, 30 %, présentant des soldes négatifs de -1 410 pour la première et -580 pour la seconde). Toujours en 2024, 2 780 postes de cadres ont été créés dans le Grand Est, contre 3 130 en 2023. 2024, 2 780 postes de cadres ont été créés dans le Grand Est, contre 3 130 en 2023.

Selon Bruno Lestingi, consultant relations entreprises à l’Apec, il semble s’agir là d’un retour à une croissance normale après les besoins qui avaient suivi la sortie du Covid, depuis 2021. Toujours en région et en 2024, les services, représentant 56 % des emplois cadres, ont vu leurs effectifs cadres progresser de +4 % par rapport à 2023 ; l’industrie (27 %) baisse de -2 % ; la construction (9 %) augmente de +2 % ; le commerce (6 %) perd -4 %.

-7 % prévus pour 2025

Pour 2025, les prévisions Apec font état d’une diminution des recrutements de cadres de -7 % à l’échelle du Grand Est (-4 % au plan national) et dans tous les secteurs, avec 12 500 embauches envisagées, ramenant ainsi le marché au niveau qui était le sien en 2019 (et qui semblait alors satisfaisant !). 52 % de ces recrutements s’effectueraient dans les PME (moins de 250 salariés), 48 % dans les ETI et grandes entreprises. 33 % le seraient dans les services à forte valeur ajoutée, 28 % dans l’industrie, 23 % dans les autres services, 8 % dans le commerce et 8 % également dans la construction. L’Apec voit dans ces données un retournement de la tendance pour les recrutements de cadres. Entre une baisse de besoin de cadres du côté des entreprises, et une stabilité des intentions de mobilité de ces collaborateurs (77 % se disent attachés à la région Grand Est – dont 36 % très attachés), il semble que le rapport de force entre candidats et recruteurs s’inverse au bénéfice de ces derniers. Avec notamment une diminution des opportunités pour les juniors et les cadres expérimentés (50 080 cadres de plus de 55 ans en poste dans le Grand Est), voire pour les publics ‘‘à risque’’ (32 500 cadres demandeurs d’emploi en région, dont 5 900 ont plus de 55 ans), une diminution également des marges de négociation salariale qui étaient en faveur des candidats.

Une conjoncture mouvementée

Pour autant – et à défaut de boule de cristal ! – les prévisions de l’Apec restent soumises aux aléas de la conjoncture économique et géopolitique que l’on observe en ce début d’année. À l’échelle internationale, le risque de guerre commerciale (nourrit notamment par l’attitude des Etats-Unis) pourrait avoir un effet récessif d’ampleur. Sur le plan intérieur, l’objectif de résorption des déficits publics pourrait peser négativement sur la croissance et l’investissement. Le tout pourrait engendrer une situation délétère sur l’emploi et les recrutements de cadres, liée aux investissements moindres des entreprises…

* Etude réalisée par la direction Données et études de l’Apec, reposant sur une enquête annuelle menée auprès d’un échantillon de 8 000 entreprises (dont 687 pour la région Grand Est) représentatives de la répartition par région, taille, secteur privé d’activité, et représentant 1,4 million de salariés, dont 345 500 cadres (648 cadres pour le Grand Est). Enquête administrée par l’institut BVA Interférence, du 14 novembre 2004 au 24 janvier 2025.

Etude disponible gratuitement sur le site www.corporate.apec > Nos études.