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Embellie pour le secteur de la betterave

Agriculture. Le Syndicat des betteraviers français (CGB) a dévoilé le bilan de la campagne 2021, bien plus positif que celui de l’année dernière avec un rendement moyen à 87 tonnes par hectares, contre 65 tonnes /ha en 2020. Une bouffée d’air pour un secteur éprouvé par la jaunisse et par le gel.

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Cette année, le rendement moyen s’élève à 87 tonnes à 16°C par hectare. DR

Après une année 2020 catastrophique pour le secteur de la betterave, entre importantes pertes de rendement et négociation pour la prolongation de l’utilisation des néonicotinoïdes (NNI), l’année 2021 apparait comme une embellie, grâce aux bons chiffres de récoltes et aux perspectives de recherches. « Après une invasion inédite de pucerons en 2020 et la jaunisse virale qui aura détruit un tiers de la récolte, la campagne 2021/22 s’annonce sous de meilleurs auspices avec un rendement proche de la moyenne quinquennale estimé à 87 tonnes/ hectares », indique Franck Sander, Président de la CGB.

« Globalement, en moyenne, on retrouve des rendements encourageants, voire très encourageants », relève pour sa part Benoit Yot, directeur de la CGB Champagne Bourgogne, précisant : « L’Aube s’en sort très bien, avec des rendements de l’ordre de 95 tonnes / ha à 16% de pulpe, la Marne et les Ardennes se situent à 88 tonnes/ ha. » Un vrai soulagement là où le rendement l’année dernière était plutôt de l’ordre de 53 tonnes / ha dans certaines zones de la région… 2021 a ainsi connu une meilleure météo avec une bonne pluviométrie mais un ensoleillement tardif, qui a conduit à repousser d’une quinzaine de jours le début de la campagne.

Les meilleures conditions climatiques combinées au traitement des semences ont entrainé une maitrise de la prolifération des pucerons, principaux vecteurs de la jaunisse de la betterave. « La sortie de crise est sur la bonne voie, notamment grâce au Plan national de recherche et innovation (PNRI) mis en place en janvier 2021 et élaboré avec l’ITB et l’INRAe », note Franck Sander. En effet, 7 millions d’euros ont été engagés pour ce Plan réunissant une trentaine d’acteurs et chargé de trouver, d’ici 2023, des solutions alternatives aux néonicotinoïdes.

Production de 35 millions de tonnes de betteraves

D’ici là, une enveloppe de 80 millions d’euros a été dégagée pour indemniser les agriculteurs subissant des pertes liées à ce virus. « Un engagement du ministre Julien Denormandie qui a permis certes d’indemniser les pertes les plus importantes pour les betteraviers, mais qui reste largement en deçà des pertes de rendements qui se sont chiffrées à 280 M€ en 2020 », estime cependant le Président de la CGB. Cette année, sur 410 000 hectares semés, 403 000 ont été récoltés correspondant à « une production de 35 millions de tonnes de betteraves, équivalent à une moyenne sous quotas, mais loin des 46 millions de tonnes de l’année 2017 », observe pour sa part Pierre Rayé, directeur général de la CGB.

Pour rappel, les quotas ont été abolis en 2017, après cinquante années de régulation de marché du sucre encadré par l’Union européenne. « Depuis, on se retrouve dans une culture libéralisée, sans filet, avec une importante volatilité des prix », souligne Benoit Yot, insistant sur la dépendance des cours à la conjoncture économique mais aussi au risque de spéculation. Aujourd’hui, les cours des matières agricoles et des matières premières s’envolent, la production étant inférieure à la demande, ce qui est bénéfique pour la filière. « Ces hausses laissent entrevoir un rebond des prix européens et des perspectives intéressantes pour les planteurs de betteraves », analyse Timothé Masson, expert marchés à la CGB.

« Le producteur de betteraves doit être mieux rémunéré car les contraintes de culture sont plus importantes »

« Au niveau mondial, les cours continuent de monter atteignant les 520 dollars par tonne pour le sucre blanc sur le marché de Londres, soit environ 450 euros /tonne ». « Les cours sont encourageants, le marché pourrait s’approcher pour 2022 d’un prix de 28 à 30 euros / tonne. Une bonne nouvelle après la tonne à 25 euros en 2020 », rappelle le directeur de la CGB Champagne Bourgogne. « Nous nous acheminons vers un retour à un chiffre d’affaires rémunérateur pour la première fois depuis 3 ans », indique de son côté Pierre Rayé. En effet, le chiffre d’affaires moyen 2020/2021 était de 1 547 euros, or pour 2021/2022 il est de 2 446 euros.

Débouché alcool/éthanol

Les perspectives d’avenir sont donc plutôt encourageantes selon le syndicat qui s’appuie d’une part sur le PNRI, « un modèle de partenariat public / privé qui doit faire référence » et d’autre part sur une amélioration de la contractualisation dans le secteur du sucre. « Le producteur de betteraves doit être mieux rémunéré car les contraintes de culture sont plus importantes. On pourrait aller chercher davantage de valeur ajoutée sur les marchés, grâce à la mise en oeuvre d’Egalim-2. » C’est pourquoi, dans le cadre de sa diversification, le débouché alcool-éthanol pour les betteraves est fondamental pour la filière. « N’oublions pas que le Grand Est a été précurseur en la matière », rappelle Benoit Yot, grâce notamment au développement de site comme celui de Pomacle-Bazancourt.

Le cours de l’Ethanol carburant en Europe atteint un record historique de 93 €/hl en octobre 2021 quand il était de 45€/hl en avril 2020. Aujourd’hui, l’éthanol est le débouché de 20 à 25% des betteraves récoltées. « Dans un contexte d’augmentation des prix des carburants, le Superéthanol- E85 au prix moyen de 0,70€/l, continue à séduire les automobilistes et représente désormais 4% de part de marché des essences. Avec l’installation massives de boitiers E85, sa disponibilité en station ne cesse de progresser : en novembre 2021, plus de 2 600 stations proposent ce carburant soit 29% des stations-service en France », se félicite Franck Sander.