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Économie sociale et solidaire : mieux mobiliser les ressources

Solidarité. Au terme du mois de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), la Chambre Régionale de l’ESS Grand Est a organisé le 28 novembre, au Village by CA de Bezannes, une conférence en forme de bilan et perspective.

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Photo de Maxime Baduel et Emmanuelle Beyer
Maxime Baduel, délégué ministériel à l’ESS, et Emmanuelle Beyer, présidente de la CRESS Grand Est. (Crédits : JR)

L’intitulé de la Conférence régionale de l’Économie Sociale et Solidaire donnait à lui seul le ton de la manifestation : « L’ESS à la croisée des chemins ». Croisée des chemins, en effet, si l’on veut bien considérer que 10 ans après la loi du 31 juillet 2014 qui a doté l’ESS d’un cadre juridique dessinant ses contours et ses prérogatives, définissant les structures qui y concourent (associations loi de 1901, coopératives, mutuelles à but non lucratif, fondations, entreprises commerciales d’utilité sociale) et consolidé la gouvernance et les outils de financement de ces acteurs, il fallait sans doute faire le point sur l’acquis mais, surtout, se projeter dans l’avenir.

10% du PIB, 14% des emplois privés

Il convient de rappeler, en premier lieu, que l’ESS regroupe un ensemble de structures qui reposent sur des valeurs et des principes communs : utilité sociale, coopération, ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants. À ce titre, le marché de l’ESS vient compléter le marché économique classique et les politiques publiques.

Aujourd’hui, ce « mode d’entreprendre autrement au service des plus fragiles » – écosystème alternatif à l’économie traditionnelle – compte près de 2,5 millions de salariés et 12 millions de bénévoles, plus de 220 000 établissements employeurs, représente environ 10 % du PIB et 14 % des emplois privés. À l’échelle du Grand Est, l’ESS rassemble 15 151 établissements (soit 8,70 % de l’économie régionale) et 221 758 salariés (soit 11,60 % des emplois).

Pour autant, si beaucoup a déjà été accompli en 10 ans et si l’ESS disposait dans le gouvernement Barnier d’une ministre déléguée en la personne de Marie-Agnès Poussier-Winsback, le secteur manque encore un peu de visibilité.

Une conférence des financeurs ?

La crise économique que traverse le pays, la baisse annoncée du budget de l’ESS dans le projet de Loi de Finances pour 2025 – quoique, en raison de la mobilisation des acteurs, cette baisse devrait être moindre qu’initialement prévue, ainsi que la menace induite pesant sur plus de 180 000 emplois –, le risque de diminution en nombre et/ou en qualité des services assurés aux habitants, aux travailleurs, aux personnes isolées ou fragiles, doit conduire à renforcer (paradoxalement ?) les capacités financières des acteurs de l’ESS. Car, même si les participants à la conférence régionale identifiaient une diminution des financements publics et des difficultés pour la poursuite des activités, des sources multiples de financement existent (État, collectivités territoriales, banques, fonds d’investissement…) auxquelles sont éligibles les familles de l’ESS. L’enjeu est donc bien d’identifier les dispositifs et les moyens d’y accéder. « Il faudrait créer une conférence des financeurs pour montrer les différents leviers de financement, et les moyens de les mobiliser », suggère Maxime Baduel, délégué ministériel à l’ESS, présent à Bezannes.

« Il s’agirait d’une dynamique vertueuse, ajoute Emmanuelle Beyer, président de la CRESS Grand Est, des financements existent mais les structures ne les connaissent pas. Il y a un besoin de communication et d’accompagnement pour aller chercher ces financements. » Besoin aussi, de mieux faire connaissance, pour que – par exemple – « les banques comprennent mieux ce qu’est l’ESS, et que l’ESS appréhende mieux les critères des banques », indique Maxime Baduel. Le concept d’économie sociale et solidaire est une riche idée. Il mérite de perdurer…