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Du chanvre dans les satellites ?

Textile. Le colloque organisé par FRD Codem et APM rassemble chercheurs et industriels pour le point sur les développements et l’industrialisation autour des fibres végétales et polymères.

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Photo de Grégoire David, Guillaume Delannoy, Lorie Hamelin, Marie Demaegdt, Erwan Grossmann et Christophe Calais
Grégoire David (Ademe) anime la table ronde sur l’éco conception des produits biosourcés avec Guillaume Delannoy (FRD Codem), Lorie Hamelin (INRae), Marie Demaegdt (l’Alliance du Lin et du Chanvre Européens), Erwan Grossmann (Kaïros) et Christophe Calais (Arkema).

Tous les trois ans depuis 20 ans, le colloque Fibres naturelles et Polymères apporte une vision européenne des avancées dans l’utilisation des fibres naturelles en plasturgie et composites et de l’industrialisation de ces solutions. Utilisés dans les domaines d’application variés comme l’automobile, le ferroviaire, le nautisme, le sport et loisirs ou l’ameublement, ou encore dans l’aérospatial, les fibres végétales et les polymères ont fédéré 200 congressistes lors du colloque organisé par FRD Codem et APM(ex AFT Plasturgie) à Troyes.

Venus de 15 pays les 17 et 18 septembre dernier, les chercheurs et industriels ont contribué à un congrès de haute volée. Deux jours pour faire un point complet à travers une vision européenne sur les derniers développements dans l’utilisation des fibres naturelles. « Nous parlons de fin de vie, impact environnemental, recyclabilité et écoconception depuis 20 ans », explique Pierre Bono, directeur général de FRD Codem. « À l’époque, l’utilisation des fibres était émergente. Entre une idée et un succès commercial, c’est 7 à 10 ans, tous secteurs d’application confondu. Donc, 20, 30 ans sont des temps normaux et usuels pour diffuser nouvelles technologies ». Créé par APM (ex. AFT plasturgie), l’événement repris et par FRD-CODEM est épaulé par les filières fibres végétales, les acteurs clés de la bioéconomie comme Bioeconomy For Change (B4C) ou de la plasturgie et des composites comme la SFIP. Il donne la parole à des acteurs majeurs lors des conférences et des tables rondes tels l’INRAe, l’université d’Innsbruck, Airbus Defence And Space, l’Alliance du Lin et du Chanvre Européens, Arkema, Kaïros Environnement, Temca…

Un rayonnement européen

« Ce colloque a confirmé les avancées de l’utilisation des fibres dans l’automobile et les nouveautés dans le ferroviaire, le spatial et tout particulièrement la fibre végétale dans les satellites », poursuit le directeur de FRD. De quoi réjouir la Chanvrière qui est passée en quelques années de 5 000 à 13 000 hectares de culture du chanvre. Les surfaces françaises ont doublé lors des dix dernières années, et devraient encore doubler d’ici à 2030.

« Le but est d’ouvrir de nouveaux marchés comme le textile et le bâtiment, la plasturgie et les composites avec les non tissés à base de chanvre qui rattrapent le retard qu’ils avaient par rapport à la filière lin. Le colloque permet de réunir toutes nos filières, végétales, plasturgie, composites, tous les éléments clés des chaînes de valeur ».

Entre deux colloques, les acteurs travaillent sur les développements sous couvert d’accords bilatéraux industriels préservant le secret des technologies. « Pendant très longtemps, la filière a peu communiqué, elle faisait avec les moyens disponibles pour déjà mettre au point les solutions. Aujourd’hui, si nous voulons faire grossir les marchés, il faut donner de la visibilité et le savoir-faire troyen et régional occupent des positions clés au niveau européen ». Soutenu par les collectivités locales et les pôles de compétitivité dont Troyes Champagne Métropole, le Département de l’Aube, la Région Grand Est, l’Ademe, B4C ou encore le pôle européen du chanvre, le colloque s’inscrit dans « des logiques d’écosystèmes qui nous permettent de valoriser ce savoir-faire territorial et de mettre en musique les partenariats industriels ».