Entreprises

Des planches uniques et locales : l’art accessible made in Reims

Graphisme. L’Illustrateur – ou plutôt Frédéric Garcés – a fait de son agence de communication et de sa galerie d’art, située à l’angle des rues Chanzy et Hincmar, à Reims, un lieu où s’exposent affiches décalées, jeux locaux et clins d’oeil à la culture pop.

Lecture 5 min
Photo de Frédéric Garcés
Picsou, Obélix, Albator ou vous-même... Frédéric Garcés propose des planches personnalisées pour tous les amoureux de la BD... et de la cathédrale ! (Crédits : ND)

Amoureux de la bande dessinée depuis toujours, Frédéric Garcés n’a pourtant pas commencé sa carrière un crayon à la main. Formé dans le commerce de l’automobile, il est rapidement rattrapé par sa passion et ouvre, en 2000, son agence de communication à Reims. Sobrement baptisée L’Illustrateur, elle s’est forgée une solide réputation dans la création de logos pour des entreprises locales et nationales : Alsace Village, l’Atelier des Crêpes, mais aussi le groupe Atlas ou encore ArcelorMittal lui font confiance. Mais l’arrivée des banques d’images et de l’intelligence artificielle bouleverse progressivement son métier. S’il poursuit ses activités de communication et d’infographie, Frédéric Garcés élargit aujourd’hui son champ d’action en revenant à l’essence même de sa passion : l’illustration.

« Je faisais pas mal de planches de bande-dessinée en communication d’entreprise. Par exemple, pendant le covid, j’ai réalisé pour Moët & Chandon une BD pour expliquer aux salariés les bons comportements et gestes à adopter. »

L’auteur de la bande dessinée « Cauchemar Américain » – vendue à 5 000 exemplaires aux éditions Delcourt – et inventeur d’un jeu de l’oie made in Reims, s’oriente désormais vers des planches uniques dont la cathédrale de Reims devient l’inamovible décor. Des dessins réalisés en collaboration avec sa fille qui crayonne sous le pseudonyme Flory Gary. « J’ai commencé à dessiner des personnages de comics et dessins animés, Goldorak, Albator, Picsou… et j’ai constaté qu’en trois jours d’exposition dans ma vitrine, ils partaient systématiquement. » Un succès qui lui révèle qu’il tient là un concept : une galerie infinie de personnages vintage ou contemporains, posant devant la cathédrale.

« Quoi que l’on fasse, elle attire l’oeil et l’attention. Les Rémois y sont viscéralement attachés et les touristes cherchent à l’emporter avec eux via des objets. » C’est dans cette logique que l’artiste propose désormais aux clients de lui confier une photo d’eux – seuls, en couple, en famille – pour être représentés en dessin devant le monument. « J’ai eu des demandes assez inattendues, comme un policier partant à la retraite : ses collègues l’ont fait représenter accompagné des Brigades du Tigre dont il était fan... Ou encore ce groupe d’amis qui traverse un passage piéton façon Beatles devant la cathédrale… Tout est possible. »

Transmettre et valoriser

La tendance pop culture, portée par les générations X et Y nostalgiques de leurs héros d’enfance, contribue à cet engouement. L’illustrateur joue aussi sur l’attachement territorial : il conçoit des puzzles qu’il a lui-même dessinés, mettant en scène des symboles régionaux. Professeur en parallèle, il transmet sa passion dans plusieurs écoles. « En donnant des cours, j’ai vu que certains de mes élèves avaient du talent à revendre et je leur ai proposé de dessiner à leur façon le patrimoine local, d’en faire des séries limitées et signées. D’autres artistes viennent maintenant à la galerie pour proposer leurs oeuvres mais toujours avec comme cadre celui de valoriser le patrimoine local. »

Fidèle à l’idée d’un « art accessible à tous », maxime fièrement aposée sur sa vitrine, Frédéric Garcés propose des petites planches dès 35 €, « un prix minimum pour valoriser le travail de l’artiste ». Une idée de cadeau de Noël résolument locale et personnalisée. « J’ai eu des grands-parents qui sont venus me demander de représenter leur petite-fille avec Stitch (personnage Disney, ndlr.) », glisse-t-il.

Après de longs mois perturbés par les travaux de la Voie des Sacres, qui ont considérablement réduit son activité, l’artiste espère désormais voir revenir un flux de visiteurs à la hauteur de l’emplacement de sa galerie. Il sera d’ailleurs ouvert tous les week-ends de décembre, pour accompagner les fêtes de fin d’année.