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Dans son usine de Boué, Materne lance ses nouvelles gammes de produits frais aux fruits

Industrie. La société Materne se lance sur le développement de sa production dans le secteur des « produits frais » et mise sur les capacités de son usine de Boué (Aisne).

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Photo d'une usine dédiée à la transformation de pommes
(Crédit : DR)

Fondée il y a 101 ans par un confiturier belge, Edouard Materne, la société a conservé son nom, bien qu’elle ait plusieurs fois changé de main. Après un passage dans le groupe Danone, qui l’avait fondue avec le lyonnais Lenzbourg et le lorrain Lerebourg, Materne a inventé il y a 25 ans les Pom’potes, qui lui ont valu un succès foudroyant. Elle est devenue n°1 des compotes dans le rayon « ambiant », loin devant ses concurrents, et a su décliner son invention à l’étranger.

Depuis son rachat en 2016 par le groupe Bel (actionnaire à 65 % de MOM qui regroupe Materne et Mont-Blanc), une nouvelle priorité lui est assignée. Français, familial et fromager, le groupe s’est tourné résolument vers le « manger sain ». Il a pour objectif affiché de « végétaliser » sa production alimentaire. Pour Materne, il s’agit de sortir plus de produits frais et moins sucrés.

Bien qu’ayant son siège actuel à Dardilly (Rhône), l’histoire de Materne s’est écrite surtout dans l’Aisne. Son établissement historique est à Boué, en Thiérache, au nord de Guise. Le groupe lui a consacré plusieurs millions d’euros d’investissement depuis 2019, pour accroître ses capacités, mais aussi pouvoir diversifier sa production.

Les ventes record réalisées pendant l’épidémie de covid et les confinements ont permis à Materne de disposer des ressources suffisantes. L’entreprise, qui dispose d’une autre usine en Normandie, a doublé de taille en 20 ans. Elle réalise un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros, avec 900 salariés.

Un double changement à opérer

La plupart des produits de l’entreprise, à l’exemple des Pom’potes, sont pasteurisés, afin de se garder à température ambiante, et enrichis en sucre pour offrir de la gourmandise. L’alternative voulue par le groupe et conçue par son laboratoire se traduit par des compotes avec plus de vitamines et moins de sucres, qui doivent se garder au frais.

Les 3 gammes proposées - « 5 fruits » reprenant une formule éprouvée, « Fruits intenses » avec des textures plus denses et « Mon moment » incorporant des infusions de plantes - doivent compenser la limitation en sucre par des saveurs plus riches. Elles s’adressent moins aux enfants qu’à un public « familial ». Présentées, pour cette raison, sous la marque Materne, elles seront en rayon courant novembre.

Un double défi à relever

Le pari commercial n’est pas moins audacieux que le pari industriel. Ce secteur est nettement dominé par Andros, avec pour dauphin Charles et Alice, en pointe dans les sans sucres ajoutés. Qui plus est, les ventes ont tendance à se rétracter (-3 % en 5 ans), alors que le secteur ambiant demeure en croissance soutenue.

Materne se donne donc pour objectif de réveiller ce marché, espérant le faire croître de 10 % et doubler sa part pour atteindre 25 % d’ici 2030. Reste le problème des prix, supérieurs en moyenne de 15 à 20 % à ceux des autres produits de la marque. Materne assure cependant qu’ils seront comparables à ceux pratiqués par la concurrence.