Dans l’Aube, prudence pour les entreprises avant le redémarrage
Économie. Investissements happés par le remboursement du PGE, recours à l’intérim à la baisse, rebond des défaillances... Les entreprises auboises échappent à la récession mais restent sur leur garde.
« Nous avons échappé au scénario noir : inflation et récession », souligne Alan Piat, directeur départemental de la Banque de France Aube. Face au ralentissement de l’activité, la croissance de 1,7 % dans l’Aube repose principalement sur la révision des prix de vente. Que ce soit la CCI de Troyes et Aube, la Banque de France ou l’Ordre des Experts Comptables, tous s’entendent sur une situation tendue en 2024 pour la plupart des secteurs d’activité. Trésorerie en berne, surstocks, activité réduite, repli des investissements, improductivité…
« 56,6 % des entrepreneurs aubois considèrent la conjoncture mauvaise », annonce Sylvain Convers, président de la CCI. Ils étaient 39 ,6 % au dernier trimestre. Parmi les secteurs les plus affectés, les agences immobilières subissent de plein fouet une activité sinistrée par la pénurie de biens et un taux de défaillance en hausse de 116 %.
Entrepreneurs confiants
Si les dirigeants aubois ont confiance en leur entreprise à 69 %, ce taux paradoxal de l’observatoire de la CCI percute les 25 % de confiance qu’ils accordent à l’économie française et aux 24 % à l’économie mondiale. La principale préoccupation des Français est concrète et porte sur le pouvoir d’achat. La Banque de France a ainsi activé le levier des taux directeurs pour ramener l’inflation à 3 % « c’est toujours trop, la bonne température c’est 2 % », poursuit Alan Piat.
2024 devrait voir le taux passer à 2,5 %, l’engagement du gouvernement étant 2 % en 2025. Un recul de l’inflation qui doit se traduire par des hausses de salaire de 3,5 % en 2024, en soutien au pouvoir d’achat des familles. Et Sylvain Convers de conclure « il y a des craintes, des soucis, mais on a encore confiance en l’avenir ».
Focus Aube : + 1,7 % de croissance tous secteurs confondus
Six activités sous la loupe de l’analyse de Virginie Vellut, du Conseil National de l’Ordre des Experts Comptables.
- Boulangerie-pâtisserie : + 5,8 % (croissance 2023). Les clients achètent moins ou se tournent vers la boulangerie industrielle. La politique de prix ne compense pas les hausses matières (farine + 17 %, beurre + 18 %).
- La restauration : + 3,3 %. Un repli de l’activité avec un chiffre d’affaires en hausse lié à l’augmentation des prix. Le nombre de défaillances a progressé de 45 % par rapport à 2022.
- Hébergement : + 6,7 %. La tendance indique une baisse du nombre de nuitées par consommateur.
- Construction : +2,2 %. L’activité logement neuf au plus bas niveau historique selon la Fédération française du bâtiment avec - 16,8 %. La construction concentre 27 % des défaillances (maçonnerie et d’installations électriques). Les carnets de commande vont se tarir et accentuer le repli de l’activité.
- Transport : + 2,4 %. La baisse de consommation des ménages se répercute sur le transport de fret de proximité qui devient le 4e secteur le plus à risque de défaillances en 2024.
- Agence immobilière : - 16 %. Record historique de baisse des ventes sur un an (- 21 %) avec une pénurie de biens à vendre et à louer. Les prix baissent depuis le début de l’année mais pas encore les taux. Le secteur en crise accuse un bond de défaillances de 116 % en 2023.