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D’excellents résultats pour Cristal Union

Agriculture. La campagne 2023, une année olympique pour Cristal Union et sa section de Sillery. Car malgré des conditions climatiques compliquées, le rendement par hectare a atteint les 86 tonnes à 16°. Quant à la rémunération des coopérateurs, elle a été historique avec la tonne de betterave à 51,42 euros. Les résultats eux, sont tout aussi impressionnants avec un chiffre d’affaires historique à 2,8 milliards d’euros.

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Photo de Bruno Labilloy, Didier Blanckaert, Olivier de Bohan, Xavier Astolfi, Vanina Paolaggi et Stanislas Bouchard
Les responsables de Cristal Union se sont réunis devant les coopérateurs pour détailler le bilan de la campagne 2023. Bruno Labilloy, directeur agricole ; Didier Blanckaert, Président de section de la sucrerie de Sillery ; Olivier de Bohan, Président de Cristal Union ; Xavier Astolfi, Directeur général ; Vanina Paolaggi, Secrétaire Générale et Stanislas Bouchard, Directeur Général Adjoint de Cristal Union. (Crédit : ND)

En agriculture, plus que dans n’importe quel métier, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Soumise aux aléas climatiques, la culture de la betterave à sucre – représentant 149 000 hectares pour le groupe Cristal Union – nécessite une attention agronomique particulière en amont, tout autant qu’un outil industriel performant en aval, pour la transformation en sucre (59%) et en éthanol (23%) principalement.

« 2023 aura été marquée par une météo hors normes alternant de longues périodes sans pluie avec d’autres avec beaucoup trop de pluie. Un hiver anormalement sec jusque début mars, un printemps excessivement pluvieux qui retardera les semis, ces derniers s’étalant sur deux mois, de début mars à début mai. Et un été alternant sec et humidité, favorisant très fortement la cercosporiose », détaille Didier Blanckaert, Président de section de la sucrerie de Sillery Cristal Union.

L’automne pluvieux lors de la période de récolte n’a pas non plus épargné les agriculteurs. « Arrachage, débardage, chargement, transport, fonctionnement d’usine et enfin épandage… tout cela a nécessité une véritable logistique. » Les producteurs ont ainsi dû faire preuve d’agilité pour planifier et réaliser leurs arrachages en fonction des conditions météorologiques, « accompagnés par les équipes agricoles du groupe qui ont adapté les plannings de ramassage des betteraves au quotidien ». Ces conditions de campagne complexes ont impliqué la suspension de « l’accord sur la tare terre », dispositif incitant les planteurs à limiter la présence de terre dans leurs livraisons de betteraves.

« Cette annonce faite au moment opportun a permis de maintenir le rythme des arrachages malgré les pluies et d’assurer l’approvisionnement et la bonne marche des usines », insiste Olivier de Bohan, Président de Cristal Union. Le rendement agricole de la campagne a ainsi pu rester dans la moyenne 5 ans, à plus de 86 tonnes de betteraves à 16° à l’hectare avec 116 jours de campagne en moyenne.

Bio et recherche

La campagne 2023 a donc été difficile, avec une richesse en sucre « qui a manqué avec un niveau qui n’avait pas été aussi faible depuis 10 ans », relève Bruno Labilloy, directeur agricole de Cristal Union. Durant la période de campagne, les 8 sucreries (Arcis-sur-Aube ; Bazancourt ; Corbeilles ; Erstein ; Fontaine-le-Dun ; Pithiviers ; Sainte-Émilie et Sillery) et 2 distilleries ont cependant produit plus de 1,5 million de tonnes de sucre et plus de 1,6 million d’hectolitres d’alcool et de bioéthanol issus de betteraves. « La pulpe et ses débouchés concernant la méthanisation progressent, en étant multipliés par dix ces dernières années. La contribution des pulpes à la valorisation des betteraves augmente à 3,60€ la tonne de betteraves. »

Le bio, en l’absence de forte jaunisse, a connu un rendement record, « 57 tonnes à 16° » mais dans un marché en attente. Le groupe réduit donc ses surfaces, lui qui appelait, il y a quelques années, à les développer. Le bio fait l’objet d’une vraie problématique, puisque ses rendements ne sont pas aussi importants qu’en conventionnel. Thierry Gobillard, agriculteur de betteraves bio à Saint-Remy-sur-Bussy (Marne) explique qu’en moyenne ils sont 30% inférieurs à du conventionnel avec une présence dans les champs 30% supérieure. Et même si la rémunération n’est pas la même (85 € la tonne en bio contre 51 € la tonne l’année dernière en conventionnel), le travail des parcelles non plus. « Mais ça se fait, ma première année en bio avait été très bonne sans maladie », insiste-t-il. Surtout, il faut avoir des partenaires qui vous achètent le sucre. Ce qui sera moins le cas de Cristal Union qui réduit considérablement ses achats de bio.

« La production doit répondre à un marché. On a poussé les gens à faire du bio car il y avait une demande. Or aujourd’hui, on constate une baisse de 40% de la consommation de sucre bio par rapport aux années précédentes », fait savoir Olivier de Bohan tout en soulignant : « Le bio aidera le conventionnel à avancer techniquement, mais il va falloir réduire ses surfaces en attendant que le marché redémarre. » Une recherche indispensable au regard de l’interdiction des semences de NNI (néonicotinoïdes) enrobées pour faire face à la jaunisse, après deux années de dérogation.

« Nous attendons de nouvelles variétés pour 2026-2027 et avant cela, il y a tout le travail mené par le PNRI (Plan national de recherche et d’innovation) qui reste pour le moment au stade de pistes intéressantes, dans la prévention des risques, la gestion des réservoirs viraux et le biocontrôle », explique Bruno Labilloy. Concernant les traitements, Olivier de Bohan regrette la « surtransposition française » qui interdit depuis 2016, en vertu de la loi Biodiversité, l’utilisation de l’acétamipride en pulvérisation pour lutter contre le puceron vert, principal vecteur de la jaunisse, par ailleurs utilisée dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne par exemple. Pour l’heure, la préoccupation principale est celle de la cercosporiose, autre maladie de la betterave. « La solution réside dans le traitement fongicide avant l’apparition des premières taches. L’innovation CONVISO® SMART (variété sélectionnée pour être tolérante à l’herbicide) est porteuse », signale le directeur agricole de Cristal Union.

Excellents résultats

En 2023, 114 000 tonnes de betteraves ont été transformées par jour sur 116 jours de campagne en moyenne, soit 13 millions de tonnes de betteraves récoltées. « Avec un chiffre d’affaires en hausse de 20% par rapport à l’exercice précédent, à hauteur de 2,8 milliards d’euros, une restauration des marges et un résultat net de 307 millions d’euros, son plus haut niveau historique, Cristal Union affiche d’excellents résultats », se félicite Olivier de Bohan. « Prenons le temps de dire que ça va bien », insiste-t-il, n’oubliant pas que « c’est dans ces périodes là qu’il faut envisager l’avenir ». « Les efforts payent, sur le plan économique, grâce à un cours du sucre élevé. Ils sont aussi le fruit du travail accompli en investissant dans notre outil de production. Et ils payent aussi au sens littéral, puisque la rémunération de 51,42€ la tonne à 16° s’est élevée à un niveau jamais atteint. »

Mais qu’on se le dise, pour 2024, ce chiffre devrait redescendre autour de 41 € la tonne, même s’il est encore beaucoup trop tôt pour évaluer la campagne 2024 qui dépendra aussi bien des conditions climatiques que du cours du sucre mais également des campagnes sucrières en Europe. « La compétitivité est dans notre ADN. En tant que coopérative, nous avons l’obligation et le devoir d’être performant et compétitif. C’est le gage de notre pérennité. »