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Cygnes, une entreprise en plein envol

Textile. Inès Saadallah et Axel Delannoy ont fondé, il y a deux ans, une entreprise rémoise innovante qui opère une petite révolution dans l’industrie du collant.

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Photo de Axel Delannoy et Inès Saadallah
Axel Delannoy et Inès Saadallah se sont rencontrés sur les bancs d’une école de commerce à Marseille. Objectif 2023 : produire et vendre jusqu’à 50 000 paires de collants. (Crédit : ND)

C’est après des études en école de commerce et une première expérience professionnelle en consulting stratégie et marketing pour l’entreprise parisienne Vertone, qu’Inès Saadallah décide de se lancer, aux côtés d’Axel Delannoy, dans la création d’une startup proposant des collants plus résistants, élaborés de manière écoresponsable et totalement made in France.

« Ce projet est né lors d’une soirée familiale où toutes les femmes de mon entourage se sont plaintes de la mauvaise qualité de leurs collants », explique Inès Saadallah.

La jeune femme, qui a aussi rédigé un mémoire sur la place des femmes dans l’entrepreneuriat, décide alors d’allier la théorie à la pratique et de créer, en février 2020 juste avant le premier confinement, sa start-up avec Axel Delannoy, rencontré sur les bancs de l’école de commerce de Marseille.

« Après avoir visionné un reportage sur l’obsolescence programmée qui parlait notamment des collants, nous nous sommes lancés dans une grande étude de benchmark. Là, nous nous sommes aperçus que la valeur des collants n’était pas axée sur la qualité du produit et qu’aucune réelle innovation n’avait vu le jour depuis plus de 20 ans », indique Axel Delannoy.

L’arrivée sur le marché

En France plus de 130 millions de collants sont achetés chaque année pour « un porté moyen de quatre à cinq fois » avec l’utilisation de 750 litres d’eau pour fabriquer une seule paire de collants.

Les jeunes gens vont donc passer trois mois à penser les problématiques techniques en parcourant la France et l’Italie, centre névralgique de la filière, à la recherche de l’innovation qui révolutionnera l’industrie du collant.

Ils trouvent leur bonheur auprès d’un partenaire industriel installé dans le sud de la France qui utilise un fil tissé en Normandie, servant notamment à la confection de vêtements d’escalade.

Leur stratégie, qui va à l’encontre de l’industrie classique consistant à produire en volume, garantit une durabilité de porté 30 fois. « Avec notre partenaire, nous avons trouvé une parfaite rencontre de nos besoins. Lui était limité dans ses projets, nous, nous souhaitions innover. »

Une relation qui permet d’élaborer des prototypes rapidement satisfaisants pour un lancement de la startup en novembre 2021 sur la plateforme Ulule. « Nous nous étions fixés 100 préventes. L’objectif a été atteint en 48 h », relate Inès Saadallah.

Une stratégie mûrement réfléchie en amont afin d’apparaître sur la page d’accueil du site. « Ceux qui font la différence sont ceux qui amènent du flux. Nous avions donc construit une communauté sur les réseaux en amont, que nous avions associée à la création du logo et au nom de la société. »

Dans le Top 5 de la plateforme, Cygnes gagne en visibilité et en quatre semaines, engrange 515 clients, vend plus de 900 paires de collants et effectue un chiffre d’affaires de 32 000 euros. « À partir de là, on a toujours été en flux tendu. Après Ulule, nous avons lancé le site et les ventes sont montées très rapidement. »

Le projet prend encore une autre ampleur lors de leur tout premier pitch en mai 2022, organisé par la CCI de la Marne. C’est à ce moment là qu’ils rencontrent leur banquier et tout l’écosystème de soutien aux entreprises. Tout s’accélère alors : premier bureau, premier prêt bancaire et de multiples soutiens comme le Réseau entreprendre, Bpifrance ou encore la Région Grand-Est.

Automne 2022, l’entreprise connait un « boom » durant le mois de novembre grâce à un reportage tourné lors du salon Made in France. « Sur la saison dernière, nous avons multiplié nos ventes par 10 pour atteindre plus de 15 000 commandes », confie Axel Delannoy. Nécessité se fait alors de s’agrandir, avec l’embauche de trois personnes pour s’occuper aussi bien de la logistique que de la relation clients.

Avec jusqu’à 500 commandes par jour à expédier, Cygnes arrive à une croisée des chemins. « Pour grandir encore et surtout honorer nos commandes en temps et en heure, il va falloir faire des choix. »

Le producteur tisseur arrive lui aussi à un plafond de verre en termes de cadence. La réflexion pour la nouvelle saison va ainsi d’être de réfléchir à internaliser l’outil de production, avec l’achat d’un parc machine et la diversification des fournisseurs, « tout en gardant un partenariat privilégié avec notre fournisseur du sud. Rien ne se fera sans lui », insiste Inès Saadallah.

Cygnes prévoit ainsi de multiplier par trois voire quatre ses ventes pour 2023, « avec une saison qui commence psychologiquement pour les clients début octobre, jusqu’au mois d’avril de l’année suivante ». La petite startup qui devient grande expédie ses produits dans plus d’une dizaine de pays à travers le monde.

Et aujourd’hui ?

Cygnes vient d’emménager dans de nouveaux locaux, passant de son bureau de 15 m2 à un espace de plus de 100 m2 pouvant accueillir outre un open space, une salle de réunion et une pièce réservée au stock et à la préparation des commandes.

Cette progression va aussi avoir comme enjeu de pouvoir dégager un salaire à ses deux cofondateurs. Pour cela, de nouveaux modèles vont voir le jour pour étoffer la gamme. Le produit phare, le collant noir opaque à 34 euros reste un incontournable : « On reste sur un produit qui se veut écoresponsable et durable. »