Croissance soutenue et stratégie mûrie pour Fruits rouges & Co
Agroalimentaire. La consommation des fruits rouges en France est en forte croissance. Un marché porteur pour l’entreprise laonnoise Fruits rouges & Co, créée en 1990, qui voit la demande exploser. À tel point que sa progression est plus rapide que sa structuration qui est, pour elle, un des enjeux majeurs des années à venir.

Ces dernières années, la consommation de fruits rouges (fraises, framboises, myrtilles) a très fortement augmenté. En 10 ans, elle a été multipliée par trois : les Français en achètent 11 300 tonnes chaque été. À Laon, Fruits rouges & Co profite donc de cette embellie du marché, même un peu trop, l’entreprise devant répondre à la demande plus vite que sa capacité à évoluer. L’histoire débute en 1990, portée par des agriculteurs laonnois qui souhaitent se structurer. 35 ans plus tard, l’entreprise a fortement évolué et s’est aujourd’hui dotée d’une raison d’être répondant à de fortes valeurs : « Notre raison d’être aujourd’hui, c’est de fournir des fruits rouges frais, surgelés et frais transformés, à partir de fruits issus d’un modèle agricole durable. C’est vraiment ce qui nous anime », insiste Mélanie Marchand, Directrice de Fruits rouges & Co et entrée dans l’entreprise il y a 20 ans.
Entreprise engagée au sein de l’association Demain la Terre, qui compte comme membres fondateurs deux des créateurs de la société dont Sylvie Cathelain, aujourd’hui présidente de Fruits rouges & Co. « Dès le départ, nous avons voulu embarquer les producteurs dans une démarche d’amélioration continue, les inciter à observer et comprendre leur écosystème, et à progresser sur des aspects essentiels : gestion de l’eau, respect du personnel de cueillette, réduction des intrants chimiques... Aujourd’hui, nous savons produire sans produits chimiques, en utilisant des solutions de biocontrôle, comme les lâchers de coccinelles pour limiter les pucerons. L’objectif est d’intégrer pleinement les producteurs dans cette réflexion autour de l’écosystème », explique-t-elle. Afin de travailler au mieux sur ces sujets, Fruits rouges & Co a d’ailleurs lancé son campus, où se mêlent culture et recherche. Plus de 270 protocoles d’expérimentation y sont menés. L’entreprise y teste notamment des panneaux photovoltaïques semi-transparents pour protéger les cultures et produire à la fois des fruits rouges et de l’électricité. « Ce site nous permet aussi de recueillir des données précises, centralisées, là où auparavant chaque producteur expérimentait de manière isolée. Cela renforce la robustesse de nos études économiques et nous permet d’accompagner plus efficacement ceux qui souhaitent se lancer. »
Une activité sur le frais et sur le surgelé
Car depuis la création de l’entreprise et son rachat en 2010, les fruits cultivés par une centaine de producteurs partenaires partout en France (dont une soixantaine dans les Hauts-de-France et le Grand Est) sont toujours récoltés à la main, en raison de la fragilité des fruits et des baies. C’est pourquoi, rapidement, Fruits rouges a opté pour l’option de la surgélation. « Dès l’origine, les trois métiers étaient présents : frais, surgelé et transformé », rappelle Mélanie Marchand. « En 1998, nous avons lancé l’activité dédiée aux fruits surgelés, avec un espace et une équipe spécifiques. En 1999, nous avons construit le site actuel, qui a été agrandi trois fois. En 2003, nous avons investi dans un pasteurisateur tubulaire pour produire des purées et des coulis de manière industrielle, avec des garanties microbiologiques. En 2010, l’actionnariat a changé et nous avons encore agrandi le site. Les purées de fruits sont destinées à l’industrie agroalimentaire (glaces, compotes, pâtisseries), et commencent à être proposées aux consommateurs. Le coulis, quant à lui, est très utilisé par les restaurateurs. »
L’activité sur le site est à peu près partagée à 50/50 entre le frais et le surgelé/transformé. « Sur le frais, nous sommes spécialisés uniquement en fruits rouges : fraises, framboises, groseilles, mûres, myrtilles. En ce moment, nous avons de la production française, notamment avec des bassins précoces dans le sud. Ici, nous sommes sur un bassin tardif, et nous avons aussi des producteurs en altitude dans le Velay, qui décalent encore les récoltes de 15 jours. En hiver, nous passons à l’importation. »
Car les clients de l’entreprise (particuliers mais aussi professionnels des métiers de bouches, restaurateurs, boulangers, pâtissiers) ont poussé à aller chercher des partenariats à l’international. Les purées de fruits sont particulièrement demandées à l’export, portées notamment par les chefs français installés à l’étranger. « Nous travaillons par exemple avec Ladurée : si vous achetez un macaron à la framboise dans un aéroport, la framboise vient souvent de chez nous », se félicite la Directrice. « Au départ, nous étions uniquement sur de la production locale et saisonnière. Mais notre expertise sur les petits fruits rouges nous a permis de développer des partenariats dans le monde entier, pour proposer une gamme disponible toute l’année. C’est ainsi que nous avons implanté des bassins de production en contre-saison, au Guatemala ou au Chili. »
En effet, pour faire face à la demande grandissante, la France importe une grande partie des fruits rouges qu’elle consomme : 86% des framboises et des myrtilles et 50% des fraises. Cette importation permet de fournir les consommateurs toute l’année.

33 000 tonnes de fruits rouges distribués en 2024
Et pour obtenir une très haute qualité de fruits, l’entreprise laonnoise − qui reçoit chaque année 33 000 tonnes de fruits rouges − a développé des sites logistiques dans le sud de la France, pour être au plus près de ses marchés. « En 2020, nous avons ouvert un site à Perpignan, sur la plateforme Saint-Charles International où l’activité est en forte croissance. Nous avons également une station et une ferme au nord du Maroc, dédiées à la production de fraises en contre-saison, à la demande de nos clients. Nous proposons ainsi de la fraise fraîche de novembre à mars, principalement pour la pâtisserie. Le consommateur ne souhaite pas toujours voir de fraises dans les rayons en hiver, mais il continue à acheter des tartes ou des fraisiers le week-end… »
L’entreprise s’adapte donc aux comportements parfois contradictoires des consommateurs. Concernant la culture de myrtilles, Fruits rouges & Co a aussi investi avec des producteurs français en bio, près de la frontière hongroise et en Roumanie.
Mais sa volonté est bien de gagner des producteurs partenaires en France. « Lorsqu’un producteur souhaite se diversifier, nous réalisons une étude économique avec lui, suivie d’un accompagnement technique. Nous travaillons en totale transparence avec nos clients, avec une traçabilité complète, de la parcelle à l’assiette, et des audits réguliers chez les producteurs », souligne Sylvie Cathelain.
Le nombre croissant de producteurs partenaires et la diversité des produits proposés (Fruits rouges & Co reçoit dans une moindre mesure d’autres fruits afin de fabriquer coulis et glaces) permet de mettre à la vente des volumes allant de la dosette de 40 grammes à la cuve de 1 000 litres ! « Ces cuves sont conçues pour s’intégrer directement aux lignes de production de nos clients industriels, notamment dans le secteur de la glace. Là encore, nous proposons du sur-mesure, y compris sur les emballages, grâce à des lignes de production modulables. Nous cherchons à concilier industrialisation et flexibilité, car c’est cette souplesse qui nous distingue de la concurrence », précise Mélanie Marchand. Fruits rouges & Co vend ainsi beaucoup de bidons avec bec verseur, très utilisés pour les décors d’assiette, de panacotta ou de fromage blanc et « toujours sans arômes, sans colorants, sans conservateurs ».
L’entreprise exporte dans plus de 60 pays, ce qui représente un peu plus de 15 % de son activité. Elle travaille avec la grande distribution, l’industrie agroalimentaire, la restauration, etc. « Certains de nos clients nous sont fidèles depuis plus de 30 ans. »
Avec 350 partenaires dans le monde entier Fruits rouges & Co a acquis une renommée bien au-delà des frontières hexagonales. Elle continue de se structurer pour répondre au marché et souhaite mécaniser un peu plus ses lignes de production comme améliorer la santé, la qualité de vie et la sécurité au travail. Des réflexions sont ainsi menées sur les cheminements des palettes ainsi que sur les postures des salariés. Avec 390 salariés, plus de 2 500 clients et un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros en 2024, l’entreprise continue d’investir pour son développement.