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Crécy-au-Mont : Lilaea surveille les milieux aquatiques en temps réel

Startup. Dans l’Aisne, Lilaea développe des stations de surveillance flottantes pour accompagner collectivités et industriels vers une gestion durable de leur ressource en eau.

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(Crédits : Freepik)

Fondée en 2021 par Élodie Géba, docteure en écotoxicologie, et Anne Gaspar, ingénieure en systèmes embarqués, Lilaea, startup située à Crécy-au-Mont, s’est spécialisée dans le monitoring en temps réel de la qualité des eaux douces. Le coeur de l’offre repose sur des stations flottantes équipées de capteurs physico-chimiques autonomes, déployables sur lacs, étangs, rivières et ruisseaux. « L’objectif, c’est de faire vivre ces données pour nos clients qui n’ont pas forcément les compétences scientifiques pour les interpréter », explique Élodie Géba. Au-delà de la collecte, Lilaea assure l’interprétation des données et va jusqu’à la préconisation de plans d’action. Un accompagnement complet proposé en location ou prestation de service, incluant maintenance et support technique.

À titre d’exemple, sur les marais d’Isle, où Lilaea intervient depuis deux ans et demi, le dispositif a permis un suivi continu sans détecter d’événements majeurs de pollution. « On n’a pas repéré de grandes pollutions qui auraient causé des mortalités ou présenté un danger sanitaire », précise la co-fondatrice. Les relevés effectués par la startup, bien que récents, révèlent une tendance préoccupante pour les activités économiques territoriales. « De fin 2022 à maintenant, on voit que la température ne fait qu’augmenter dans nos cours d’eau. Les pics sont de plus en plus hauts », alerte Élodie Géba. Conséquence directe : certaines espèces atteignent des seuils de température létale. « La truite, à 18°C, 19°C, c’est compliqué », illustre-t-elle.

Pour les gestionnaires de bassins versants notamment, ces données permettent d’ajuster les stratégies d’intervention. Toujours sur les marais d’Isle, cités en exemple, la préservation des grands arbres sur berges pour créer de l’ombre fait désormais partie des actions de gestion préventive intégrées. La dirigeante porte un message pragmatique aux décideurs économiques « L’eau, ce n’est pas qu’une ressource environnementale, c’est aussi une matière première. Même un industriel qui ne prélève pas ou ne rejette pas de l’eau est forcément à un moment donné dans sa chaîne de valeur dépendant à l’eau. »

Elle parle d’impact eau, donnée qui devrait mobiliser l’attention des dirigeants, au même titre que l’impact carbone. Les épisodes climatiques extrêmes – sécheresses de 2022, inondations de 2023 dans le Nord – en ont brutalement réactivé l’urgence. « À chaque fois, on voit que les gens s’ intéressent aux sujets de l’eau quand, malheureusement, il y a une catastrophe », constate Élodie Géba. Or, « agir sur l’eau, c’est au minimum des retombées en termes de sécurisation de la ressource qui se font à moyen terme ».

Incubée à EuraTechnologies et lauréate du Réseau Entreprendre Picardie en 2021 et 2022, Lilaea vise désormais le marché national avec une expansion programmée vers le Grand Est et l’Île-de-France. Son credo « Il n’y a pas de petites actions en matière de préservation de l’eau. L’effort doit être collectif pour sécuriser l’activité, sécuriser l’avenir sur le territoire ».