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Conjoncture difficile pour les entreprises ardennaises du BTP

Bâtiment. Samuel Deglaire, président de la Fédération du BTP des Ardennes, a dressé un sombre bilan de l’activité du secteur à l’occasion de la 77e assemblée générale.

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Photo de Samuel Deglaire
Samuel Deglaire vient de terminer sa première année de mandat dans ses fonctions de président de la Fédération du BTP 08. (Crédit : PR)

Inquiet d’une situation dégradée par l’affaiblissement du marché du logement neuf et la baisse des commandes publiques, Samuel Deglaire a dressé un bilan préoccupant de l’activité du secteur du bâtiment. Une inquiétude causée par l’écroulement du marché du logement neuf – baisse de près de 30 % des permis de construire et de 25% des mises en chantier – dû au retour de la hausse des taux d’intérêt et à la flambée des prix des matériaux, en attendant la remise en cause du prêt à taux zéro.

« Si rien n’est fait rapidement, c’est un pan entier de notre profession qui va disparaître », lance le président. Autres difficultés majeures évoquées : la baisse de 40 % des autorisations de surfaces de locaux non résidentiels, les longs délais de paiement, la problématique du recrutement pour assurer le renouvellement des personnels et la récurrente complexité administrative qui retarde la sortie des dossiers, qui incite parfois des entreprises artisanales à ne pas répondre à des marchés publics alors que leurs carnets de commandes sont faibles. « La loi de simplification n’est pas encore pour demain. »

Baisse des appels d’offres et des effectifs

Concernant la commande publique, les investissements ont aussi subi un coup de frein en raison des charges de fonctionnement. À l’image, par exemple, des lourds chantiers prévus par Ardenne Métropole et le Conseil départemental dans le quartier de la Ronde-Couture en matière scolaire et sportive qui ont été réduits ou abandonnés. Idem pour les projets des bailleurs sociaux. Le président n’est d’ailleurs pas persuadé que la rénovation énergétique constituera un levier de croissance ni même un volet de compensation de la baisse du neuf.

« Le dispositif Ma Prime Renov’ n’est pas toujours bien compris. Les clients sont aussi totalement perdus dans les dossiers d’aides aux travaux, par ailleurs versées avec des retards considérables. »

Parce qu’elles entraînaient beaucoup d’abus, de fraudes et d’escroqueries, la volonté des pouvoirs publics de mettre fin aux offres à un euro est plutôt bien perçue par les professionnels du bâtiment.

Samuel Deglaire a une fois de plus dénoncé l’augmentation des micro-entreprises, passées de 996 à 1 089 « avec le plus souvent, des gens qu’on a formé et qui nous scient la branche » et qui « en plus, nous font une concurrence déloyale », alors que les effectifs du BTP 08 « historiquement bas » ont connu une forte érosion : environ 3 350 salariés aujourd’hui contre 5 000 en 2008.

C’est dans cette conjoncture compliquée que les PME du BTP doivent opérer des transitions écologiques et numériques, constate Samuel Deglaire. Aspirant à voir une note positive dans ce paysage tourmenté, il appelle à une relance des projets « croupissant dans les cartons » et notamment à la concrétisation sur le terrain de la seconde usine Agronutris à Rethel, de l’Hôtel de la place Ducale quatre étoiles et d’un pôle tertiaire sur le parking de l’avenue Jean-Jaurès à Charleville-Mézières souhaitant que les programmes liés à la réindustrialisation puissent profiter aux Ardennes.