Congrès des Architectes 2024 : l’engagement au coeur des débats
Aménagement. Rassemblement annuel des architectes, sous l’égide de l’Unsfa - L’Union des Architectes, temps de dialogue et d’analyse, de rencontres aussi, le Congrès des Architectes 2024 s’est tenu les 24 et 25 octobre à Reims, sur le thème « Architectes engagés ».
Presqu’en guise d’ouverture du congrès, et pour plonger tout de suite au cœur du thème 2024, la première table ronde avait pour titre « Parcours croisés d’engagements multiples : politique, architectural, syndical, citoyen... » Une façon de souligner, de prime abord, l’importance de l’engagement dans l’architecture, reflet d’une prise de conscience collective et de la responsabilité des architectes face aux défis contemporains et d’une pratique architecturale tournée vers l’avenir et ancrée dans la société, pour construire une société plus juste, plus durable, plus solidaire.
Raphaëlle-Laure Perraudin, architecte urbaniste présidente de l’agence Lieux Fauves, Laure Miller, députée de la Marne, et Arthur Locmann, philosophe charpentier, auteur de La vie solide : la charpente comme éthique du faire étaient les grands témoins de cette table ronde.
« Assumer ses choix, en accepter les erreurs »
Laure Miller voyait dans l’engagement, tant en politique qu’en architecture, « une façon d’accompagner le(s) changement(s) de la société, en collant à la réalité d’aujourd’hui tout en envisageant la ville de demain (qui ne répond pas aux contraintes d’aujourd’hui). Dans le débat, la participation de tous est importante, tout en sachant que l’on ne peut pas satisfaire tout le monde. C’est en cela qu’il faut aller vers l’intérêt général – et ce n’est pas simple. »
Pour Raphaëlle-Laure Perraudin, « on ne fait pas de projets tout seul dans son coin. Il faut croiser les besoins pour constituer un socle commun suffisant emportant l’accord du plus grand nombre pour développer le(s) projet(s). S’engager, c’est aussi et surtout prendre le temps de ne rien faire dans l’urgence – c’est un nouvel aspect de l’architecture. »
Des formes multiples
Arthur Locmann estimait que l’engagement consistait « à assumer ses choix et à en accepter les erreurs, avec la prise en compte de la marge d’erreur indissociable à tout projet, notamment collectif ». Raphaëlle-Laure Perraudin observait que la ‘‘valorisation’’ de la notion d’erreur ne fait pas partie de la mentalité française, à l’inverse de la mentalité anglo-saxonne.
Il fut alors question de « travailler ensemble, de façon plus globale et non plus en silo » (Laure Miller) ; de l’innovation qui est « l’hybridation entre le savoir-faire ancien mis en œuvre avec les outils et les technologies modernes – le chantier de Notre-Dame de Paris en étant un bel exemple » (Arthur Locmann) ; d’une architecture « qui n’est pas un produit de consommation et qui doit développer des techniques de singularité pour ne pas devenir une architecture industrielle qui ne serait que mort de l’architecture » (Raphaëlle-Laure Perraudin) – applaudissements de la salle.
Ne pas confondre engagement et avoir un avis sur tout, le premier devant donner du sens à ce qui est fait ; aller dans le bon sens en prenant le temps, en écoutant les autres, en s’adaptant, en sachant faire parfois un pas de côté... Bref, l’engagement revêt des formes multiples pour tendre vers l’objectif fixé. Le millier de participants (pas tous architectes, d’ailleurs) à ces journées rémoises, qui avaient réussi à s’extraire pour la circonstance d’un quotidien souvent chargé, représentaient sans aucun doute le meilleur témoignage de l’engagement, fil rouge de ce congrès.