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Clémence Logie, créatrice de bijoux à La Louve rémoise

Portrait. Après une première vie professionnelle dans l’enseignement, Clémence Logie fait partie depuis trois ans de l’aventure de la boutique d’artisans-créateurs La Louve Rémoise où elle vend ses bijoux en pâte polymère.

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Clémence Logie devant une partie de ses créations, sur son corner de la boutique La Louve Rémoise, à Reims. Nastasia Desanti

C’est dans la boutique La Louve Rémoise, située rue de Thiers à Reims que Clémence Logie nous reçoit. Voilà trois ans que la jeune femme y est associée avec douze autres artisans créateurs pour vendre ses créations, des bijoux élaborés à base de pâte polymère.

Pour en arriver là, il lui a fallu une bonne dose de courage et de détermination. Car après des études en psychologie, c’est vers l’enseignement qu’elle se dirige, même si elle concède «  n’avoir sans doute jamais véritablement choisi cette voie », expliquant : « Je viens d’une famille de restaurateurs, où j’ai toujours vu mes parents vivre à 100 à l’heure et se consacrer corps et âme à leur travail. Au départ, je me suis alors dirigée vers un emploi où je pensais pouvoir concilier vie professionnelle et vie de famille ».

Elle « vadrouille alors pendant cinq années, de Vitry-le-François à Mourmelon-le-Grand en passant par l’Argonne. » Une période où elle s’investit avec plaisir auprès des enfants et des parents, multipliant les ateliers, cuisine, jardin, loisirs créatifs… « J’ai toujours aimé bricoler. Chez moi je rénove des meubles, je peins, je pose du béton ciré… » énumère celle qui déjà ado, dans sa chambre, passait son temps libre à créer des bijoux. Puis en 2007, nait sa première fille.

« C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions. Je me suis aperçue que le soir quand je rentrais, après avoir passé une journée entourée de trente enfants, je n’avais plus de patience et j’étais épuisée. » Elle s’accroche cependant puis, en parallèle, continue de créer des bijoux pour elle et ses amis.

Du statut d’auto-entrepreneur à la boutique Espace créateur

En 2011, Clémence Logie donne naissance à sa seconde fille, « l’année de tous les changements », annonce-t-elle. « 2011 tombe aussi avec l’arrivée du statut d’auto-entrepreneur. Je me lance à ce moment-là, officiellement dans une activité de création professionnelle, compatible avec mon statut de professeur des écoles. » De plein-temps, elle passe à mi-temps pour s’occuper de ses petites filles, commencer à monter son entreprise de bijoux et à tisser un réseau professionnel d’artisans créateurs.

« C’est important aussi d’entrer dans le milieu, de parler avec les gens, de s’impliquer et de se faire connaitre auprès de la Chambre des Métiers », livre-t-elle. « Je commence donc à faire des petits salons, à m’inscrire à des marchés, dont le marché de Noël de Châlons-en-Champagne. J’y rencontre différentes personnes dont une créatrice qui me parle d’une cellule dans la galerie marchande de Carrefour à Rethel. On s’associe à cinq-six personnes, en tenant un cahier des ventes juste pour la période de Noël. Sept ans après, notre boutique Espace Créateurs existe toujours ! »

La boutique d’artisanat se fait un nom dans les Ardennes et au-delà, avec une clientèle régulière. Par ce biais, Clémence Logie rencontre Manon Escalle, céramiste et présidente de l’association les Éphémarts qui lui propose de s’associer pour monter une boutique à Reims.

« Je travaille avec de la pâte polymère. À l’aide d’une extrudeuse, je réalise mes fils de couleurs et ensuite je les assemble pour créer des motifs originaux que je monte ensuite sur des bases de métal ou cuir. »

Entre temps, son dernier poste occupé dans l’Éducation nationale ferme par manque d’effectif. Elle décide alors de se mettre en disponibilité pour se consacrer entièrement à sa passion. Durant une année, elles cherchent les locaux adéquats : « On souhaitait une boutique avec une bonne visibilité et dans l’hyper-centre. » Une fois le local de la rue Thiers trouvé, elles montent tout un dossier pour motiver leur projet.

Et ça marche, car en balance avec la création d’un drive piéton d’une enseigne d’hypermarché, le propriétaire et son fils insistent auprès de l’agence chargée de la vente pour que ce soit le projet de boutique qui l’emporte. Soutenir l’artisanat, faire vivre le commerce de proximité, sont autant de raisons qui ont poussé l’association de treize créateurs artisans à ouvrir une boutique. Créée en 2018, voilà trois ans et demi que la Louve Rémoise est ouverte avec un corner pour chaque artisan plus deux à trois artisans en résidence pendant quelques semaines.

Les marchés nocturnes estivaux en Vendée

Non contente d’avoir ses créations en boutique, Clémence Logie ne s’arrête pas là. Chaque été, elle part « faire sa saison », en Vendée du 30 juin au 15 août, sur les marchés nocturnes du bord de mer. « Je fais cinq marchés par semaine. Je déballe à 17 heures, je remballe à minuit et je me couche à 2 heures du matin », confie-t-elle.

Le reste de la journée, elle le dédie à la création, dont elle décrit les principales étapes : « Je travaille avec de la pâte polymère. À l’aide d’une extrudeuse, je réalise mes fils de couleurs et ensuite je les assemble pour créer des motifs originaux que je monte ensuite sur des bases de métal ou cuir. »

Aucun bijou ne ressemble à un autre, c’est un choix : la créatrice ne travaille que des pièces uniques, sous forme de collection (bracelets, boucles d’oreilles, colliers...). « La fabrication des motifs de couleurs - entre six et dix - ça me prend environ une quinzaine d’heures de travail. Pour sortir une collection complète, il faut environ 20 jours de travail à l’atelier, ce qui représente une centaine de bijoux », explique celle qui arbore fièrement ses créations.

« Cet engagement permet à mon entreprise d’être viable et lucrative, car les revenus sont très inégaux d’un mois sur l’autre. Les mois d’été et novembre-décembre sont ceux où je fais le plus de chiffre. »

Et pour cause, la saison en Vendée lui rapporte environ 25 000 euros de chiffre d’affaires en deux mois, sur un total de plus de 67 000 euros sur un an, alors même que ses bijoux sont tout à fait abordables, avec une moyenne de 35 euros pour une paire de boucles d’oreille par exemple.

Avec la pandémie, les commandes n’ont pas non plus désempli. « À chaque fin de confinement, les gens se lâchaient car ils s’étaient retenus dans leurs achats des semaines durant. » Sauf que pour Clémence Logie, même pendant les confinements ses ventes ont continué car elle a commencé à faire des live Facebook, « qui ont extrêmement bien marché, mais vraiment très bien ! »

À tel point que toute la famille est venue lui prêter main forte. « Durant ces live, je présentais des bijoux et les gens achetaient en direct, c’était fou. Il a fallu se roder, numéroter les articles, noter les noms des personnes qui achetaient en direct, reprendre contact avec eux, faire les envois de commandes… À la fin, j’avais l’impression d’être préparatrice de commandes ! »

Un show-room à Auberive

Et si les ventes ont très bien marché, l’aventure du live Facebook s’arrête avec la fin du confinement, car au même moment, la jeune femme dynamique travaillait sur l’ouverture de son showroom à Auberive, dans la Marne, à quelques encablures de Suippes, là où ses parents tiennent depuis 1984 ans le Restaurant de la Place et où son frère a créé le festival de musique La Poule des Champs. Inauguré le dernier week-end de mai, il vient compléter l’offre que propose Clémence Logie, à Rethel, Reims et maintenant Auberive.