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Clap de fin pour le foirail de Rethel

Agriculture. Illustration de la crise connue par l’élevage dans le département, la structure du sud des Ardennes a fermé ses portes. Ce marché aux bestiaux existait depuis près de cinquante ans mais il était en perte d’activité constante.

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Photo du foirail
Le tout dernier marché aux bestiaux a eu lieu le 21 octobre, au foirail. (Crédit : PR)

Construit en 1976 et longtemps considéré comme une vitrine du sud des Ardennes, le foirail de Rethel a cessé ses activités le 21 octobre en fermant définitivement ses portes ce jour-là. Les élus du Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU) avaient acté son arrêt définitif par le non-renouvellement de son agrément, le 7 octobre. À partir de là, sa disparition était devenue inéluctable.

En net déclin ces dernières années, au point d’avoir perdu plus de 20 000 bêtes commercialisées par an depuis une décennie, cette structure a connu un très fort ralentissement avec seulement 100 à 130 bovins, broutards et veaux apportés sur ce marché le lundi. « Le tableau des effectifs 2024 recensait 7 200 bêtes encore présentes dans les travées en milieu d’année. En 2010, c’était 42 000... En dernière année pleine, c’est à dire en 2023, on en comptait 15 000 à la fin de l’année », indique Joseph Afribo, maire de Rethel et président du SIVU.

Un déficit structurel récurrent

Lassées de combler les déficits, les communes de Rethel et Sault-les-Rethel qui abondaient encore 120 000 et 40 000 euros par an pour la gestion de cet ancien fleuron, avaient déjà pris la décision de stopper les frais car « ce n’est pas aux habitants de payer la facture ».

Les efforts prodigués par ces deux collectivités locales – location de parking aux bus Prêt à Partir et à l’AFPA, rénovation des bâtiments, pose de panneaux photovoltaïques, achat d’un karcher,etc. – pour réduire un déficit structurel chronique (200 000 euros) ont été vains. Trop d’éleveurs, de marchands et de maquignons ont déserté le lieu parce que cette technique de vente a fait son temps, plombée par le coût des transports, la crise sanitaire, la prépondérance de la vente en ligne, sa trop grande taille et la concurrence du marché du Cateau, dans le Cambrésis.

Le modèle a vécu et le foirail rethélois en perdant son aura a périclité. Pour rebooster le site, il fut un moment question de repenser l’avenir de la structure en passant d’un marché de gré à gré à une vente à la criée ou aux cadrans, mais ce projet mis en place à Requista (Aveyron), Rabastens de Bigorre (Hautes-Pyrénées) et Sancoins (Cher), en rupture totale avec le précédent, nécessitait apparemment trop d’investissements (750 000 euros de travaux pour moderniser l’endroit en créant un ring et en posant des écrans pour la vente en direct des fermes). Le salut du foirail n’est donc pas passé par cette solution.

Un impact négatif pour les éleveurs

Le sort scellé, la nouvelle a été accueillie avec regret par les éleveurs locaux qui perdent là un débouché pour la commercialisation de leurs bêtes ainsi qu’une base utile de cotations. « Comme beaucoup, je regrette qu’on n’ait pas trouvé de solution pour maintenir cet outil qui, à l’origine, fut un des plus gros marchés aux bestiaux du Grand-Est avec 2 000 à 3 000 animaux acheminés en train. C’était alors une place importante de ce commerce. Sa fermeture illustre le profond mal-être de l’élevage dont les exploitations diminuent à cause d’une non-rentabilité et d’une concurrence déloyale. Le problème principal est là, la profession est malade. La disparition du foirail va représenter un manque pour la filière qui ne disposera plus de valeurs de cotation propres à la région. Il faudra désormais s’appuyer sur des cotations de référence d’autres secteurs géographiques avec toutes les variabilités que cela implique. Les éleveurs n’auront plus de point de repère ou de valeur étalon pour les ventes de leurs animaux. Il s’agit donc d’un impact négatif », analyse Thomas Samyn à la fois président de la communauté de communes du Pays Rethélois et agriculteur.

Reste maintenant à trouver une nouvelle orientation à ce site d’un hectare qui continuera, en tout cas, d’accueillir les Festi’Charolaises, la Fête du boudin blanc et des championnats départementaux de pétanque dans la grande halle et le rallye des Ardennes à ses abords.