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Cibox se met en selle à Revin

Industrie. Au prix d’un investissement global de 22,5 millions d’euros, l’entreprise francilienne a reconverti la friche Porcher en usine d’assemblage de vélos et trottinettes électriques. Elle a déjà créé 55 emplois sur le site ardennais.

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Photo Cibox
Plus de 2 000 vélos électriques proposés à des prix publics allant de 1 000 à 1 500 euros sont déjà sortis de la nouvelle usine revinoise. (Crédits : PR)

Oublié le fiasco enregistré avec les Cycles Mercier. Cibox vient en effet de concrétiser son projet de produire des vélos et trottinettes électriques à Revin en inaugurant officiellement sa première ligne d’assemblage qui, depuis avril, a déjà sorti plus de 2 000 cycles à assistance électrique.

Selon Daniel Durbecq, maire de la commune, cette installation marque « une étape importante pour le retour à l’industrialisation et le renouveau de Revin qui en avait bien besoin après la décrépitude ayant amené la disparition de différentes entreprises (Faure, Arthur-Martin, Porcher et Electrolux) et laissant une ville en friches. Cela va peut-être aussi permettre de stopper la saignée de la population, passée de 12 000 à 6 000 habitants ».

Bernard Dekens, président de la communauté de communes Ardennes Rives de Meuse, était dans le même ton.

« Cette implantation définitive sur la friche Porcher que nous avons totalement réhabilitée en réalisant un site moderne, spacieux et parfaitement adapté à un centre de production de cycles, est un appel d’air et un nouveau souffle pour Revin. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page qui s’ouvre à travers une reconversion judicieuse et ambitieuse qui sera probablement un moteur pour une redynamisation attendue en même temps qu’un levier pour l’emploi local ».

Mobilisation collective

L’élu de la Pointe des Ardennes a rappelé que la concrétisation de ce projet résultait « d’un engagement collectif mené de façon exemplaire par les différents acteurs publics et privés impliqués sur un marché qui pourrait s’avérer être très porteur ».

« On a tous poussé dans le même sens pour transformer l’essai », a-t-il continué en utilisant une métaphore rugbystique avant d’échafauder d’autres espoirs :

« J’espère que d’autres dossiers pourront se concrétiser par la suite car, ici-même, nous disposons de quasiment 20 000 m² couverts et utilisables dans les anciens locaux d’Electrolux et une superficie de 33 000 m² constructibles sur la zone d’Oxame et Porcher. Ce n’est donc qu’un début ». Le Président de la Région Grand Est, Franck Leroy, a lui aussi loué « une mobilisation exemplaire et une capacité de résilience qui a permis de faire aboutir ce projet en vingt-quatre mois et pour lequel la montée en puissance va aller crescendo. »

Vers un écosystème autour du cycle ?

Cet investissement de 22,5 M€ permet aujourd’hui à Cibox de disposer de 17 500 m² bâtis comprenant un atelier 3R, une ligne d’assemblage pour les guidons, poignées, freins, selles, garde-boue, pédaliers et porte-bagages, deux lignes de rayonnage pour fabriquer des roues, une autre d’emballage, une zone de stockage des pièces détachées plus des bureaux et une cuisine.

Ce budget a été subventionné à hauteur de 8 M€ (5 M€ pour l’État sur trois lignes budgétaires : le recyclage foncier des friches dans le cadre de France Relance avec 3,7 M€, 543 500 € de dotation de soutien à l’investissement local et 800 000 € directement destinés à Cibox), la Région Grand Est et Ardennes Rives de Meuse (2 M€ chacune) et l’entreprise elle-même. SPL Immobilier, en rachetant le bâtiment qui sera loué à Cibox, a pour sa part abondé 9,4 M€.

Actuellement, Cibox assemble des vélos de sa marque Yeep.me tout en sous- traitant pour des clients extérieurs (Fiido, Joieem et Unicorn). Ancien cycliste professionnel (élu super combatif au Tour de l’Avenir et meilleur grimpeur du Tour de Bretagne), Louis Coqueret, 24 ans, est ingénieur QSE chez Cibox, ce qui lui permet de rester dans sa passion. « J’ai postulé pour faire un stage après mon Master et on m’a proposé un premier emploi en CDI. Je reste ainsi dans le monde du vélo. Cela me convient bien ».

Georges Lebre est un président heureux et confiant : « Notre volonté avec Ming-Lun Sung et Laurent Balian, deux des actionnaires de l’entreprise, est d’atteindre une production de 5 000 vélos par mois dès 2026 et de créer un écosystème autour du cycle en parvenant à attirer à proximité de notre usine revinoise des cellules de réparation, des métiers de services après-vente ou de préparation logistique. Nous avons déjà entamé des discussions avec d’éventuels partenaires ». Une stratégie confortée par les résultats de l’exercice 2024 au cours duquel la PME a doublé ses ventes de vélos sur l’année. Une seconde ligne d’assemblage devrait, par ailleurs, être installée dans les prochaines semaines pour augmenter les cadences.