Champagne Abelé 1757 : la tradition dynamique
Champagne. Depuis son acquisition par le groupe Terroirs & Vignerons de Champagne (TEVC) en 2019, la Maison Abelé 1757, à Reims, façonne patiemment sa nouvelle identité, empreinte de tradition et de dynamisme. Illustration avec les trois premières cuvées du chef de caves Etienne Eteneau.

La Maison Abelé a la réputation de compter parmi les belles références de la Champagne. Tout en élégance et en finesse, ses vins reflètent le charme discret - trop discret, peut-être - d’une histoire deux fois et demie séculaire. Mais, depuis son retour dans le giron champenois de Terroirs & Vignerons de Champagne, en 2019, après une longue escapade au sein du groupe espagnol Freixenet, et sous l’impulsion d’une nouvelle équipe emmenée par Marie Gicquel, directrice générale, et Etienne Eteneau, chef de caves, Abelé redynamise son image et son champagne.
Rien de forcément révolutionnaire en cela, d’ailleurs, car il s’agit avant tout de capitaliser sur les valeurs de la Maison, à commencer par son savoir-faire artisanal, synonyme de travail d’orfèvre. Pour autant, si la tradition a du bon, « l’immobilisme n’est pas une option », précise clairement Marie Gicquel.
Première étape, la marque et la communication : le champagne Henri Abelé est devenu Abelé 1757 - date de sa création - avec un habillage chic et sobre conforme aux codes du temps.
Deuxième étape, la distribution : très présent en France et en Espagne, Abelé 1757 étend progressivement son marché sur la proche Europe, la Corée du Sud, l’Australie, devrait trouver prochainement des débouchés aux USA… Tout en restant sur un mode de distribution sélective - CHR/cavistes -, la Maison serait en mesure de porter sa production de 300 000 bouteilles annuelles à 400 voire 500 000 si affinités. Et si ses magnifiques caves de la rue de Sillery, à Reims, peuvent en contenir bien plus, il n’est toutefois aucunement question de se lancer davantage dans une course au volume.
Chardonnay majoritaire
Dans cette perspective, les vins sont au coeur de la troisième étape de l’évolution d’Abelé 1757. D’où la réflexion menée dès l’arrivée d’Etienne Eteneau, autour de deux axes. D’abord, une réduction de la gamme passant de 8 à 5 cuvées, pour davantage de clarté. Ensuite, un travail intrinsèque sur chaque cuvée, dans le respect de l’héritage Abelé, allant vers l’accroissement (20 à 30 %) et le perfectionnement des vins de réserve - recherche de la profondeur, de la complexité, et création d’une réserve perpétuelle - et des assemblages. Avec toutefois une forme de rupture en ce qui concerne le rosé, auquel le chef de caves a souhaité donner une personnalité plus singulière.
Une trentaine de familles de vignerons, dont la plupart sont des ‘historiques’ de la Maison, assurent un approvisionnement issu d’une vingtaine de terroirs représentatifs de toute l’appellation, dans lesquels le chardonnay reste majoritaire (60 %) et garant du style Abelé.
Avec pour objectif de premiumiser les nouvelles cuvées, Etienne Eteneau s’est dont orienté vers une approche plus moderne des vins, par petites touches, en augmentant la part des vins de réserve, en diminuant le dosage (6 g/l), en mettant en exergue la finesse du chardonnay. Un travail au cordeau qui requiert l’exigence dans tout le processus de production.
Ubiquité gastronomique
Après 4 ans de vieillissement en cave, les premières cuvées d’Etienne Eteneau (non millésimées et sur des bases 2019) s’offrent enfin aux amateurs.
Evidemment 100 % chardonnay, le blanc de blancs joue sur la fraîcheur et la gourmandise de sa richesse aromatique. 56 €.
Cuvée signature de la Maison, le brut (35 % chardonnay, 40 % pinot noir, 25 % meunier, dont 25 % de vin de réserve) épouse tous les moments de dégustation du champagne, ce qui en fait, selon la belle expression du chef de caves, « un champagne d’ubiquité gastronomique ». 44 €.
Belle introduction au Sourire de Reims rosé 2008, cuvée phare d’Abelé 1757, l’équilibre du brut rosé (50 % chardonnay, 50 % de pinot noir rosé de macération des Riceys, et 30 % de vin de réserve) exprime - entre autres - ces arômes de fraise caractéristiques des pinots noirs des Riceys. Au-delà, sa singularité revendiquée n’est pas sans exprimer, il faut l’avouer, un certain romantisme… 55 €.
Avec ces trois nouvelles cuvées, Abelé 1757 affirme et affiche son ambition de « jouer dans la cour des maisons à forte valeur ajoutée », comme le souligne sa directrice générale.