Chaff, le café dans la peau
Start-up. La jeune entreprise troyenne lance les précommandes de sa gamme de produits cosmétiques à base de marc de café recyclé.
Un café pour éclaircir le teint des peaux urbaines qui souffrent de la pollution, du stress, du manque de sommeil, avec des produits consommés et recyclés issus de la consommation urbaine. Chaff récupère ainsi chaque semaine le marc de café de spécialité consommé dans les entreprises parisiennes auprès d’un torréfacteur pour le transformer en sérum et en exfoliant pour le visage.
Les trois étudiants à l’EPF de Troyes, Vincent Landois, Anthonin Thimot et Alex Molines lancent leur marque Chaff avec deux produits cosmétiques et la volonté de favoriser les circuits courts. Le marc de café représente des centaines de milliers de tonnes, jetées à la poubelle à 95 %.
« Nous avons établi une chaîne de valorisation avec l’énergie, le compostage, la méthanisation, le granulé de chauffage à base de café l’an dernier et enfin, l’upcycling, avec des produits cosmétiques. Nous travaillons avec un torréfacteur de café de spécialité, le grand cru du café, qui livre les entreprises et récupère les grains moulus des machines. Nous le séchons pour le stocker et c’est moins lourd à transporter pour faire l’extraction des ingrédients à Nancy où se trouve la machine. L’objectif étant d’internaliser cette opération par la suite. Notre partenaire récolte 1,5 tonne de marc par mois, soit 700 kg de matière sèche qui permet d’extraire 70 kg d’ingrédients pour des contenants de 30 ml et 60 ml. Nous utilisons le marc, le silverskin ou coffee chaff, c’est la cosse du grain, d’où le nom choisi pour la marque, et la saponaire pour l’exfoliant. Ce qui n’est pas utilisé en production part en méthanisation », explique Alex Molines.
Le café de spécialité est traçable et permet d’extraire plus de molécules bio actives. Le sérum intègre de l’huile de café, du macérat de carotte et du squalane végétal d’olive qui permet une réhydratation non comédogène de la peau. Sur une échelle de 0 à 100 selon la Specialty Coffee Association (SCA), organisme mondial du café, le café de spécialité obtient une note au-dessus de 80. Un score qui garantit la traçabilité et le respect des normes éthiques sur la déforestation ou la rémunération du producteur, par exemple.
Vegan, les formulations font l’objet de validations par un laboratoire certifié. Pour les contenants, Chaff utilise du verre sourcé en Italie pour le sérum et de l’aluminium produit en France pour l’exfoliant, « pour avoir des produits 100 % recyclables » et 100 % recyclés dans les années à venir avec la mise en place de circuits de collecte.
Tester le marché et lancer la production
Quand une startup franchit l’étape de la commercialisation, les signaux sont au vert. Les précommandes proposées sur le site de projets kisskissbankbank doivent permettre de lancer les premières productions, sous-traitées dans un laboratoire français avec des lignes de production normées.
Entre le développement du produit et le marketing, les associés ont mis 50 000 € dans le projet. Aidés par des prix remportés lors de concours de projets, par la BPI, la bourse de l’innovation de la Région Grand Est et des prêts à taux 0 % du réseau Entreprendre ou d’Initiative Aube. Distribués exclusivement en ligne, les premiers produits Chaff doivent sortir du laboratoire en février 2025.
« Cela permet de tester le marché et les clients potentiels. Nous sommes deux producteurs d’huile de marc de café en Europe, dont un au Danemark qui ne travaille pas du café de spécialité. Nous pouvons aussi imaginer fournir les ingrédients ».
Implantée initialement à Rosières-près-Troyes, les bureaux sont désormais à Nanterre avec la zone de stockage de marc de café. Le local troyen doit devenir le site de logistique. « L’expérience client d’ouverture du paquet est primordiale. Nous créons actuellement les packagings d’envoi des produits. » L’équipe s’appuie sur une alternante pour le référencement naturel SEO de Chaff et sur ses prestataires, tant pour la partie laboratoire que pour lancer le produit. « Nous commençons à travailler sur une routine de soin complète avec trois nouveaux produits. Ensuite, nous allons chercher d’autres ingrédients dans le café et pourquoi pas ensuite d’autres ressources urbaines qu’on jette en grosse quantité pour en extraire les ingrédients. »