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Capremib, une entreprise qui bétonne ses multiples activités

Infrastructures. L’entreprise spécialisée dans la préfabrication de produits en béton pour le bâtiment et les travaux publics est basée sur deux sites marnais, Cormicy (sous la marque Capremib) et Saint-Léonard (sous la marque Cibetec). Connaissant une forte activité, elle développe sans cesse de nouveaux produits, pour la plupart sur-mesure et aujourd’hui à base de matières premières plus éco-responsables.

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  • Photo de l'entreprise Capremib à Cormicy, en bord de canal de la Marne
    Capremib occupe 7,5 ha de terrain à Cormicy, en bord de canal de la Marne. Un véritable atout qui lui permet d’acheminer du matériel notamment pour la construction du canal Nord-Seine Europe. (Crédit : Capremib)
  • Photo des ombrières photovoltaïques en béton
    En collaboration avec la société MECOSUN, Capremib assure la préfabrication d’ombrières photovoltaïques en béton bas carbone sur-mesure. (Crédit : Capremib)
  • Photo de Clément Blanc
    Clément Blanc (Crédit : Capremib)

Sur la route menant de Reims à Cormicy, impossible de la rater. L’usine Capremib trône sur ses 7,5 hectares de terrain. Ancien site appartenant à l’entreprise Thouraud dans les années 50, elle fabriquait déjà des parpaings, des poutres et des pré-dalles qui servaient à alimenter les chantiers de la région. En 1993, le site est repris par le groupe Demathieu-Bard qui détient, comme filiales, les marques Capremib et Cibetec et fait monter en puissance l’activité.

L’approvisionnement en matières premières provient le plus possible de partenaires locaux, dans un rayon de 100 à 150 kilomètres, comme à Matignicourt (51) ou encore Couvrot (51) et Rombas (57). Chaque année, ce sont ainsi 50 000 tonnes de béton qui sont produites.

Béton bas carbone

« Depuis cinq ans, nous avons développé des bétons bas carbone, avec des liants alternatifs, qui nous permettent de réduire notre empreinte carbone », explique Clément Blanc (photo), Directeur général de Capremib et Cibetec depuis 2011. En effet, le béton est fabriqué à partir de ciment, gros émetteur de CO2 par son process de fabrication qui consiste à monter à 1 600°C la matière. « Nous avons toujours besoin de cette matière première initiale, mais l’objectif est de la réduire au maximum afin de la substituer par d’autres liants alternatifs, comme du « laitier », des déchets de l’industrie sidérurgique qui sont formés en cours de fusion ou d’élaboration du métal par voie liquide. » Capremib a ainsi pour partenaire l’entreprise Arcelor Mittal de Dunkerque dont le laitier vient remplacer une grande partie du ciment, permettant de diviser par 2,5 le bilan carbone final de la composition de béton. Dans une volonté d’économie circulaire, l’entreprise veille aussi à réintégrer dans ses process des éléments d’autres chantiers. « Nous récupérons des granulats démolis pour les réintégrer dans nos productions, ce qui évite de consommer du sable en extérieur. »

Un engagement en faveur de la décarbonation de ses métiers qui ne s’arrête pas là, puisque Capremib vient d’inaugurer une nouvelle unité de production à Cormicy, dédiée à des solutions durables et plus responsables. Le nouveau bâtiment de 2 500 m², s’ajoute aux 15 000 m² de bâtiments couverts déjà existants et a nécessité un investissement de 6 millions d’euros.

Ce bâtiment symbolise aussi, par sa construction propre, les savoir-faire de l’entreprise puisque « la structure du bâtiment est composée d’une charpente dotée de 45 poteaux en béton armé (d’une hauteur de 14 mètres) et béton précontraint bas carbone ainsi que de poutres de roulement. En façade, les panneaux en béton poli ont été réalisés par Cibetec, entreprise du groupe spécialiste des bétons architectoniques ». En outre, sur le toit de ce bâtiment, 2 500 m² de panneaux photovoltaïques ont été installés, « couvrant 25% des besoins du site en électricité », précise Clément Blanc.

Deux nouveaux produits

« Dans ce nouveau bâtiment, nous allons lancer deux nouveaux produits, les structures pour les ombrières en béton bas carbone, en collaboration avec la société MECOSUN ainsi que la construction de dalles BB, béton / bois. » Ces dernières ont été pensées « pour répondre aux exigences de la RE2020. La dalle BB a la particularité d’être nervurée préfabriquée et réalisée sur-mesure. Pour réduire son empreinte carbone, elle intègre du béton armé bas carbone ainsi qu’un isolant biosourcé à base de fibres de bois provenant de déchets naturels de bois recyclés ou réindustrialisés et des aciers recyclés ». Le bilan carbone de ces dalles « nouvelle génération » est inférieur de 50% à celui d’une dalle béton classique.

Quant aux ombrières, elles viennent répondre à une obligation désormais légale de la loi ApER, d’implanter des panneaux photovoltaïques sur ombrières dans les parcs de stationnement extérieurs de plus de 1 500 m², sur au moins 50 % de leur superficie. « Le principe de notre solution est d’éviter les lourds travaux de fondations sur les surfaces existantes, grâce à la préfabrication en béton bas carbone des composites. » Au sein du nouveau bâtiment, les prototypes ont été testés et les nouvelles fabrications vont commencer.

De très belles références

Car le groupe Capremib, fort de 170 collaborateurs, construit de nombreux produits sur mesure pour des chantiers d’envergure : Voussoirs ; poutres d’ouvrages d’art ; produits de génie civil ; écrans antibruit ; ossatures en béton armé et béton précontraint ; charpentes ; infrastructures sportives ; des produits architectoniques. « La particularité de notre site est qu’il propose une gamme de produits préfabriqués assez large pour répondre à la plupart des affaires. »

Concernant les voussoirs par exemple, Capremib a fourni deux canalisations servant à la dépollution de la Seine dans le cadre des JO de Paris. Rien que cet appel d’offres représentait un montant de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires pour l’entreprise. En infrastructures sportives, Capremib peut se targuer d’avoir de très belles références comme le remplacement intégral des gradins du Cour Central de Roland Garros, les gradins de l’hippodrome de Longchamp, ceux de la Reims Arena ou encore le nouveau stade de la Meinau à Strasbourg. « Dans les chantiers de gradins, le béton est choisi pour ses capacités d’inertie et sa résistance naturelle au feu. »

  • Photo de la gamme de la dalle BB
    La gamme de la dalle BB se décline en 6 modèles de différentes épaisseurs (de 20 à 35 cm). Elle affiche un bilan carbone de 11,9 kg equivalent Co2/m2, y compris 9,5 kg/m2 de Biosourcé pour la dalle BB de 15 cm d’épaisseur. (Crédit : Capremib)
  • Photo des panneaux anti-bruit en béton de bois
    Les panneaux anti-bruit en béton de bois. Ils peuvent aussi être déclinés en béton de caoutchouc où 1 m² correspond à 7 pneus recyclés. (Crédit : Capremib)
  • Photo des voussoirs
    Les voussoirs ont notamment été utilisés pour créer des canalisations dans le cadre de la dépollution de la Seine pour les Jeux Olympiques Paris 2024. (Crédit : Capremib)

En construction de bâtiment, Capremib a travaillé sur plusieurs nouvelles grandes tours parisiennes dont les Tours Duo dans le XIIIe arrondissement, comprenant 38 étages. « Nous avons œuvré sur toutes les structures de poutres. » Les caves semi-enterrées de Moët & Chandon à Oiry, les caves Pol Roger à Épernay ou encore les Forge Lisi, à Chaumont font aussi partie des réalisations emblématiques du groupe.

Tous ces projets sont réalisés grâce au Bureau d’études de Capremib qui travaille en fonction des besoins des clients. Autre spécialité de l’entreprise, les écrans anti-bruit, dont un important marché vient d’être décroché au Royaume-Uni dans la ville de Birmingham. « C’est une grosse affaire sur les quatre prochaines années avec des écrans anti-bruit en béton de bois. C’est une spécialité d’ici, cela fait 30 ans que nous en faisons, ce sera notre plus grosse affaire à l’export qui démarrera l’année prochaine le long de la ligne TGV Londres-Birmingham », indique Clément Blanc. Si Capremib a quelques affaires à l’export, en Belgique et au Luxembourg par exemple, 98% de son activité s’effectue au niveau national.

Un chiffre d’affaires multiplié par deux depuis 2017

Dans l’immédiat, une des grosses actualités du groupe est la construction du Canal Seine-Nord Europe pour lequel l’entreprise lance sa première livraison de dalles de ponts en béton préfabriqués par voie fluviale, au départ de son usine de Cormicy. « Cette opération, menée en collaboration avec VNF / Voies Navigables de France, permet de réduire l’empreinte carbone du chantier. 50 nouvelles dalles de pont de 13,20 m de long par 1,95 m de large et dont le poids unitaire est de 20 tonnes seront expédiées par péniches. »

Néanmoins, le béton ne peut pas voyager beaucoup en raison de son poids, c’est pourquoi 60% du chiffre d’affaires de Capremib se fait en région parisienne et le reste se partage entre le Grand Est, les Hauts-de-France comme à Dunkerque avec le chantier d’une des giga-factory de batteries électriques et quelques autres chantiers nationaux.

En sept ans, le groupe Capremib a multiplié son chiffre d’affaires par deux, passant de 12 millions d’euros en 2017 à 28 millions en 2024. Aussi, pour absorber l’augmentation de production grâce à la construction du nouveau bâtiment (notamment avec le décrochage d’un marché avec Enedis afin de produire 600 blocs transformateurs par an), l’entreprise compte embaucher une quarantaine de personnes sur les prochaines années.