Cap sur l’électrique pour la filière automobile du Grand Est
Automobile. Le Grand Est, pôle majeur de l’automobile française, accompagne la transition vers l’électrique d’une filière qui emploie 117 000 salariés. Le Conseil Régional renforce sa feuille de route d’anticipation de la fin du thermique d’ici à 2035.
Le Conseil Régional vient d’approuver, lors de sa séance plénière de Juin, la feuille de route de la filière automobile, partagée entre la Région, l’Etat et les partenaires sociaux. Cette feuille de route propose de mettre en œuvre une nouvelle stratégie d’anticipation et d’accompagnement des entreprises et des salariés de la filière. Il s’agit pour la Région d’accompagner les transitions de la filière en matière de mobilité écologique (fin des véhicules thermiques en 2035), de révolution digitale (véhicules connectés), de mobilité partagée (remplacement de la voiture de consommation par la voiture de service), d’évolution du process de fabrication (flexibilité, productivité, nouvelles technologies) et de nouveaux matériaux plus légers et plus durables).
L’évolution de l’industrie automobile vers l’électromobilité va entraîner une évolution des métiers et des compétences. La transformation nécessaire du secteur présente un risque pour l’emploi, mais également des opportunités avec la création de nouvelles chaînes de valeur incluant la fabrication des batteries, l’industrie circulaire et la fabrication de piles à combustibles. à l’horizon 2030, la prospective situe la création nette entre 30 000 et 40 000 emplois.
117 000 emplois industriels impactés par l’automobile
Cependant, les suppressions d’emploi ne sont pas éludées tout en pouvant aboutir au retour d’un certain nombre de travailleurs frontaliers. En ce sens, la Région évoque l’étude nationale de l’Observatoire de la Métallurgie selon laquelle d’un côté 65 000 postes de la filière seraient menacés et d’un autre 80 000 nouveaux postes proposés, dont 5 000 intentions d’embauche dans le Grand Est, malgré certaines difficultés à pourvoir ces postes sept fois sur dix, selon la dernière enquête BMO de France Travail.
Dans cette évolution globale, il faut distinguer l’amont de la filière qui a perdu 20% de ses effectifs en six ans et l’aval, commercialisation et maintenance, qui en a gagné 10%. La filière automobile impacte directement 117 000 emplois (notamment automobile et équipements, produits métalliques et métallurgiques) et 2 300 établissement dans le Grand Est.
La région, avec principalement la Moselle, les Ardennes et le territoire alsacien, est un pôle de production majeur de la filière automobile française, en représentant le quart des activités nationales, en volume de production et d’exportation. La filière automobile du Grand Est connaît une montée en compétence de ses effectifs. La part des ouvriers qualifiés est passé en quinze ans de 42 à 45%, celle des non qualifiés de 23 à 18%. Impliquant la disparition des moteurs thermiques, l’électrification des véhicules aura un impact important sur le volume et le type d’emploi. L’impact sera d’autant plus fort sur le territoire que les activités aujourd’hui liées à l’informatique et l’électronique n’y pèsent que 5% des effectifs et les équipements électriques 10% de la filière.
Pour rappel, la Région a entamé en 2021 une feuille de route « Accompagnement des transitions de la filière automobile », avec notamment la conduite d’un plan de prospection des entreprises (500 acteurs répertoriés dans la sous-traitance). Elle lance en ce second semestre 2024 un programme d’accélération à la transition des acteurs de la filière.
Deuxième région pour la densité des points de charge
Dans le cadre d’un resserrement des relations avec les grands donneurs d’ordre pour la transformation et la pérennisation des principaux sites régionaux, la Région a déjà mobilisé près de 30 M€ pour le financement de programmes stratégiques de transformation de différents sites. En complément des accompagnements en diagnostic, conseil et ingénierie, la Région a dédié 15 M€ entre 2022 et 2023 pour des projets structurants, de modernisation ou d’électrification qui ont permis la création de plus de 600 emplois.
Avec 133 000 voitures électriques et hybrides rechargeables, soit 4% du parc total, un point au-dessus de la moyenne nationale, et première région automobile française pour le nombre d’entreprises et de salariés, le Grand Est occupe une position élevée en matière de mobilité électrique. La part régionale de la motorisation intégralement électrique (1,8%) est très proche de la moyenne nationale (1,9%). Au-dessus de cette moyenne, trois départements, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et l’Aube, dépassent les 2%.
Au bilan 2023, comptant plus de 11 000 points de recharge électrique, sur un total de 118 000 en France, le Grand Est comptabilise 200 points de recharge pour 100 000 habitants et se positionne sur ce critère au deuxième rang national, derrière la Provence-Alpes-Côte d’Azur et devant le Centre-Val de Loire et la Nouvelle-Aquitaine. La moyenne nationale est de 175.