Entreprises

BioSerenity : l’encéphalogramme redémarre

Entreprise. La ministre déléguée à l’IA, Clara Chappaz, a inauguré la première ligne de production de BioSerenity, société auboise recapitalisée par Jolt in extremis avant un dépôt de bilan il y a deux ans.

Lecture 9 min
Photo de Clara Chappaz
Clara Chappaz, ministre déléguée à l’IA et au numérique, a inauguré la ligne de production de BioSerenity. (Crédits : MBP)

En recentrant l’activité de BioSerenitysur l’électroencéphalographie connectée (EEG), la société Jolt Capital sauve le site implanté à la Technopole et placé en redressement judiciaire. Avec près de 30 millions d’euros déjà injectés sur l’ensemble de la société dont une petite dizaine pour l’unité troyenne, BioSerenity travaille avec près de 300 hôpitaux équipés de son système de téléneurologie. « Nous avons racheté l’entreprise il y a deux ans et l’avons recentrée sur le marché français. Nous avons focalisé l’activité de la société sur la neurologie pour finaliser la conception des produits et servir nos clients », explique Jean Schmitt, président de Jolt Capital.

« C’est simple, quand vous arrivez en urgence à l’hôpital et que le neurologue n’est pas disponible, vous placez les équipements sur le patient, vous appuyez sur un bouton et il y a un neurologue d’astreinte quelque part disponible 24 h / 24 qui va pouvoir interpréter les résultats, assisté par notre IA pour savoir ce qu’il se passe ». Utile pour les troubles du sommeil, les troubles neurologiques, les traumatismes crâniens, la solution BioSerenity permet de mesurer et d’enregistrer l’activité électrique du cerveau. Elle se traduit par le IceCap, un casque facile à poser. Constitué de capteurs sans fil placés directement sur la tête, il analyse les différentes parties du cerveau et permet de réaliser des EEG à l’hôpital ou à domicile. Le temps d’examen pouvant aller jusqu’à 72 heures pour un examen complet. Le boitier Neuronaute + assure l’enregistrement de l’EEG en temps réel, accessible à tout moment avec l’application mobile et analysé via la plateforme BioSerenity Cloud. Les outils numériques facilitent la gestion des données, le diagnostic et le stockage des informations digitales. L’IA permettant de poser une première orientation de diagnostic avec l’interprétation des données.

Une première ligne de production de casques

Photo du casque produit à Troyes pour des électroencéphalogrammes
Le casque produit à Troyes pour des électroencéphalogrammes à distance et au diagnostic orienté grâce à l’IA. (Crédits : MBP)

La première ligne de production auboise a été inaugurée début juillet par Clara Chappaz, ministre déléguée à l’IA qui a visité l’UTT avant de se rendre à la Technopole de l’Aube, faisant le lien entre la recherche et ses applications. « BioSerenity incarne parfaitement toute l’ambition qu’est la nôtre de remettre l’innovation de la France au service de la santé pour servir les Français ». L’entreprise doit produire jusqu’à 5 000 casques à circuits imprimés et électrodes par mois dans un premier temps pour monter en puissance au-delà de 10 000 unités puis de 100 000 lorsqu’elle se tournera vers les marchés européens. D’autres lignes doivent donc prendre place au rythme d’une tous les six mois, selon les volumes de vente. Jean Schmitt compte bien prendre une part de marché de 20 % sur un potentiel de 2 millions d’encéphalogrammes par an France et 3 millions en Allemagne. « Nous faisons déjà 15 % de EEG français avec notre réseau », soit environ 4 000 interprétations d’EEG par mois en France. L’interprétation à distance est commercialisée depuis 2 ans, les électrodes, distribuées depuis décembre 2024, jusqu’alors sous-traitées, sont désormais produites à Rosières-près-Troyes.

L’activité centrée sur la neurologie

Photo de la solution Bioserenity
La solution Bioserenity pour les électroencéphalogrammes à distance. (Crédits : MBP)

Rachetée il y a deux ans, au bord de la liquidation judiciaire, la startup se voit aujourd’hui propulsée avec une solution de captation des signaux EEG vidéo avec transferts en ligne et interprétation à distance dans un contexte de données sécurisées. Jolt a abandonné les gammes textiles développées par les anciens propriétaires avant le rachat de l’entreprise, trop compliquées à gérer notamment par l’entretien que cela nécessite, « c’est ingérable à l’hôpital et les produits s’abîment avec le lavage ».

Si les managers ont changé, les équipes motivées et compétentes sont restées. La production de composants, auparavant sous-traitée à l’étranger à des coûts qui n’étaient pas compétitifs, est à présent rapatriée dans l’usine troyenne. BioSerenity est implanté sur trois sites sur le territoire national avec la R&D à Paris, un plateau de télésanté à Nancy et l’usine troyenne. Le site de la Technopole est donc le seul lieu de production et accueillera la première société de téléneurologie française à six mois si les autorisations sont accordées. BioSerenity emploie environ 300 personnes avec des profils de médecins, techniciens, ingénieurs en recherche et développement et en IA. Dans l’Aube, une vingtaine de personnes travaillent pour BioSerenity, un effectif destiné à augmenter pour accompagner la croissance de l’activité et atteindre 70 personnes à terme.