Entreprises

Bilan carbone : un premier objectif atteint pour la filière Champagne

Champagne. En matière environnementale, l’année 2025 marque un point d’étape puisque la filière s’était fixée, dès 2003, pour faire face au changement climatique, l’ objectif du Net zéro carbone en 2050.

Lecture 6 min
Chaque année, l’Association Viticole Champenoise (AVC) donne rendez-vous aux Champenois pour aborder l’actualité technique et sanitaire de leur filière. (Crédits : BB)

Chaque année, l’Association Viticole Champenoise (AVC) donne rendez-vous aux Champenois pour aborder l’actualité technique et sanitaire de leur filière. L’édition 2025, qui s’est tenue à Troyes, a été l’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée, mais aussi de faire un bilan d’étape sur les objectifs de réduction du bilan carbone de la filière Champagne depuis sa mise en oeuvre en 2003.

Trois mois après la vendange la plus précoce de ces 50 dernières années, le constat est unanime : la qualité est au rendez-vous et s’il est encore un peu tôt pour en être certain, les Champenois n’hésitent pas à user de superlatifs pour qualifier la très belle récolte 2025 : « Hors normes c’est sûr. Exceptionnelle, légendaire, mythique, peut-être », estime Sébastien Debuisson, directeur de l’AVC. « Les premières dégustations de vins clairs sont prometteuses, laissons maintenant le temps faire son œuvre et les œnologues sublimer cette très belle matière première ».

L’AVC c’est aussi l’occasion pour les techniciens du Comité Champagne de faire passer des messages importants, particulièrement cette année sur la flavescence dorée et la nécessité de renforcer les campagnes de surveillance et de mobiliser la vigilance des viticulteurs. Au total, 22 350 hectares ont été prospectés cette année. Et si le bilan reste très préoccupant avec près de 10 000 ceps repérés, de nouveaux foyers décelés et un nombre de communes contaminées en progression, en revanche, la courbe de progression du nombre de ceps est brisée. En 2025, 18,50 hectares ont été arrachés pour enrayer la contamination du vignoble champenois.

En matière environnementale toujours, l’année 2025 marque un point d’étape puisque la filière s’était fixée, dès 2003, pour faire face au changement climatique, un objectif : le Net Zéro carbone en 2050. Pour y parvenir, elle prévoit de réduire de 75% ses émissions de gaz à effet de serre, puis de compenser ses émissions restantes en replantant des haies et des arbres sur tout le territoire, par exemple.

-27% entre 2003 et 2025

« Réduire notre empreinte carbone, c’est réduire notre dépendance aux énergies fossiles », souligne Pierre Naviaux, Responsable du service Développement Durable du Comité Champagne. « C’est bon pour la balance commerciale et la souveraineté économique et ça permet d’anticiper de nouveaux chocs énergétiques ».

Lors de la construction du plan carbone de la filière, cette dernière s’était fixée un point de passage à -25% en 2025. Sachant qu’en 2003, la Champagne enregistrait 795 000 tonnes équivalent CO2 son objectif en 2050 est de 200 000 tonnes équivalent CO2. Qu’en est-il à quasiment mi-parcours en 2025 ?

Pour sa sixième mise à jour en plus de 20 ans, le bilan carbone de la Champagne fait état d’une diminution de -27% d’émissions de CO2 par rapport à 2003. Objectif atteint, donc, grâce à des progrès réalisés dans les quatre domaines principaux qui composent la filière champenoise. « Au total, l’empreinte carbone de la viticulture (machines, carburants, bâtiments, énergie, intrants divers, produits phytosanitaires…NDLR) diminue de 37% depuis 2003 avec des surfaces en production en hausse de 11% », explique Léa Parraudin, responsable de Projet Evaluations environnementales. Du côté de l’œnologie, les émissions ont quant à elles diminué de 46 % depuis 2003 pour un volume tiré équivalent, sachant que ce secteur représente 18% du bilan carbone 2025. Si le poste emballage est primordial, c’est notamment parce que le poids de la bouteille constitue la première émission du gaz à effet de serre du champagne. Grâce aux travaux menés sur l’allègement des bouteilles et l’augmentation du taux de verre recyclé, l’impact de cette fabrication baisse de 33% depuis 2003. Au total, le poste emballage diminue de 20% malgré un volume commercialisé qui a légèrement augmenté au fil des années. Les emballages pèsent aujourd’hui 35 % du bilan carbone de la filière.

Concernant la commercialisation, si le poste fret a augmenté (+27% depuis 2003) en raison de l’expansion de la vente à l’export, les déplacements de personnes (œnotourismes notamment) sont eux aussi en progression (+66%). La catégorie commercialisation est donc la seule qui enregistre une augmentation des gaz à effets de serre (+8% depuis 2023), elle représente à elle seule 23% du bilan carbone de la Champagne.

De 795 000 tonnes en 2003, les émissions de la filière sont aujourd’hui de 580 583 tonnes, soit une baisse de -27%. Pari réussi pour la Champagne qui a donc atteint son objectif au point de passage 2025, grâce aux efforts d’une filière toute entière sur l’énergie, les intrants, le poids de la bouteille... sans oublier les filières connexes comme les distilleries. Cap désormais sur 2050 et l’objectif Net Zéro Carbone. Parmi les axes de progrès figurent, entre autres, la création variétale, la bouteille (allègement, mix énergétique), le machinisme (électrification, carburants alternatifs) mais aussi la création variétale et les innovations à venir que la Champagne saura inventer, comme elle a toujours su le faire.