Avenir incertain pour le site vouzinois de Walor
Industrie. Le 24 octobre 2023, le tribunal de commerce de Nantes avait homologué le protocole de cession de la holding Walor et de toutes ses filiales au fonds d’investissement allemand Mutares, spécialisé dans la relance d’entreprises de taille moyenne présentant un important potentiel d’amélioration. L’objectif était le développement des outils de travail et des carnets de commandes. Or, la situation ne s’est pas améliorée depuis ces derniers mois, bien au contraire.
Baisse de 50 % de la production, fin d’un contrat de bielles pour Volvo, fin de mission pour 25 intérimaires, passage de 40 à 35 heures, disparition des heures supplémentaires, début d’une période de chômage partielle en août… Des faits qui aboutissent à une baisse de la productivité.
Le député Jean-Luc Warsmann est très clair sur le sujet. « Je suis extrêmement inquiet pour l’avenir des deux sites et notamment celui de Vouziers car je ne suis pas convaincu, à cet instant, de la volonté de Mutares de trouver des nouvelles sources de travail et d’emploi afin de garantir les activités de ces PME dont l’avenir est sûrement liée à d’éventuels repreneurs », s’est-il exprimé.
« Ne nous voilons pas la face, ces deux ensembles industriels sont voués à une probable fermeture faute de repreneurs potentiels car ils ont enregistré des baisses drastiques de leurs carnets de commandes respectifs. Et cette situation ne va faire qu’empirer avec la fin programmée du moteur thermique », estime Eric Billy, secrétaire général CFDT Grand-Est. Rappelons que les deux PME sont spécialisées, pour celle de Bogny-sur-Meuse, dans la fabrication de bielles forgées, et pour Vouziers, dans l’usinage de pièces et ensembles mécaniques notamment de boîtiers différentiels montés sur les véhicules haut de gamme de BMW mais aussi de collecteurs pour Stellantis. Le mal le plus profond se situe dans le sud des Ardennes, où le personnel de Walor Vouziers redoute la prochaine rentrée.
Des suppressions d’emplois à redouter
Très pessimiste sur le sort du site vouzinois, Bruno Bodson, délégué syndical CFDT et secrétaire du comité social et économique (CSE) tire la sonnette d’alarme. « Nous craignons une délocalisation de nos activités. » Selon lui, trois solutions sont envisagées par Mutares : « Un, la revente du site vouzinois à un industriel. Deux, la fusion des deux sites ardennais avec un regroupement des personnels à Bogny-sur-Meuse et le maintien de seulement 30% de l’ensemble des salariés des deux PME (245 au total). Trois, la proposition faite par Mutares à des cadres de chaque unité de reprendre l’activité des sites, en les aidant financièrement. »
Inquiétude, certes moins prégnante mais réelle aussi à Bogny-sur-Meuse chez le sous-traitant automobile, longtemps leader français de la fabrication de bielles. La PME est en effet en activité partielle longue durée depuis deux ans. En cause, une nette baisse d’activité due à la perte de marchés avec Renault et Stellantis ainsi que des baisses de volume avec Iveco. Au point que les employés qui appréhendent déjà la fin programmée du moteur thermique craignent une mesure de redressement judiciaire.
Contacté, André Calisti, directeur général de Mutares, s’efforce d’être rassurant. « Les réunions avec les comités sociaux économiques et les salariés de Bogny et Vouziers se sont tenues dans une atmosphère constructive et apaisée. Même si les incertitudes liées au marché des bielles et plus largement de l’automobile inquiètent les salariés qui, pour certains, ont démarré leur carrière dans les années 1990. Avec le directeur général de Walor, Stéphane Cudelou, nous avons fait part de l’avancée en matière de rachat des sites par un potentiel acquéreur. Ce dernier ayant déjà visité le site, tout en préservant son identité », annonce-t-il. « Nous prennons garde de ne pas considérer cette potentialité comme confirmée ni acquise, mais elle est nécessaire à poursuivre et à creuser. D’autres marques d’intérêts nous parviennent régulièrement et sont examinées avec soin », veut-il préciser. La CFDT, elle, réclame un nouveau projet industriel pour redonner des perspectives et la tenue d’une réunion multipartite en Préfecture, d’autant que l’État avait aidé Walor à hauteur de 23 M€ pour l’effacement de dettes dans le cadre du PGE.