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Avec Nanoptique, des verres 100% marnais

Optique. Clément Venon et Johan Wallon, opticiens de formation, ont lancé en début d’année, à Reims, le laboratoire de création de verres de lunettes « Nanoptique ».

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Photo de Johan Wallon et Clément Venon
Johan Wallon et Clément Venon ont installé le laboratoire Nanoptique dans le quartier d’entreprises de la Croix Blandin, à proximité des grands axes routiers. (Crédits : ND)

Ceux qui portent des lunettes le savent : s’adapter à de nouveaux verres de correction et les conserver en bon état s’avère compliqué. La majorité des verres de lunettes dans le monde sont produits en Asie, notamment en Chine et en Inde, qui sont de grands centres de fabrication en raison de leurs coûts de production plus bas et de leurs capacités industrielles importantes. Cependant, les verres de haute qualité sont souvent produits en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Italie, pays reconnus pour leur savoir-faire optique. Dans la région, c’est l’usine Novacel, à Château-Thierry, détenue au capital à 75% par le groupe Essilor qui est leader sur le marché avec 30 000 verres produits par jour. Mais voilà qu’une petite entreprise rémoise veut se faire une place sur le marché, avec comme credo, faire de la grande qualité à des prix pas forcément plus élevés.

Cinq ans pour se former et se lancer

Photo de verres Nanoptiques
Grâce à leur parc machine complet et dernière génération, ils peuvent faire toutes les teintes de verres à la demande, tous filtrés UV. (Crédits : ND)

C’est ainsi que Nanoptique a vu le jour en janvier 2025, portée par deux passionnés et opticiens de formation, Clément Venon et Johan Wallon. « Nous sommes le seul laboratoire à fabriquer 100% de notre catalogue en France, du verre blanc de stock classique, pour des secondes paires par exemple, jusqu’aux verres progressifs avec la géométrie la plus haut de gamme qui existe », annonce Clément Venon, qui, avec son associé, possède aussi deux boutiques, à Cormicy et Bétheny, sous l’enseigne Clem & Jo.

Se lancer dans la fabrication de verres optiques leur a demandé une longue formation. « Le projet a été lancé en 2019. Depuis cette date, on se forme et on teste nos produits. Mais la commercialisation n’a réellement commencé qu’en janvier 2025. Nos traitements anti-reflets et autres produits ont été testés en vieillissement anticipé par des laboratoires indépendants en Italie et en Allemagne. C’était essentiel pour nous que ce soit vraiment indépendant », insiste Clément Venon. Du premier prototype à aujourd’hui, il s’est donc écoulé cinq ans. Pourquoi ? « Parce que l’on voulait vraiment choisir les meilleures géométries disponibles sur le marché, ainsi que les meilleurs traitements anti-reflets, ce qui fait que notre entrée de gamme est l’équivalent du haut de gamme chez d’autres. »

1,5M€ d’investissement

Aussi, il a fallu réunir les fonds pour investir dans un parc machine conséquent. Au total, les deux associés ont investi 1,5 million d’euros pour créer le laboratoire, dont 500 000 euros ont été apportés en subventions et prêts à taux zéro par un grand nombre d’organismes (Initiative Marne Pays Rémois, Réseau entreprendre, la Ville de Reims, Fonds FEDER (Fonds européen de développement régional), la Région Grand Est). « Pendant l’installation dans nos locaux, ici à la Croix-Blandin, on a terminé notre formation pour être 100 % autonomes, jusqu’à pouvoir démonter et remonter les machines nous-mêmes. » Le lieu d’implantation de l’atelier n’a pas été choisi au hasard : « Nous voulions être proches des axes routiers, vers Paris, Strasbourg et le Nord de la France », souligne Johan Wallon.

Nanoptique livre en effet chaque jour ses clients – pour l’instant uniquement des boutiques d’opticiens indépendants – avec cette volonté « de leur offrir une solution pour rester totalement indépendants en les encourageant à mettre en avant la fabrication française ».

Le laboratoire peut produire toutes sortes de verres, même des « hors-normes ». « Ce n’est pas plus cher. On peut livrer en 24 heures à 4 jours maximum. Et nous proposons des verres hors normes, que d’autres laboratoires refusent ou mettent un mois à produire. Nous les faisons en 3 à 4 jours. On a une qualité ultra élevée et une grande flexibilité. Par exemple, on a fabriqué un + 23 pour un nourrisson atteint de cataracte congénitale. On fabrique à la demande avec un petit stock tampon, mais notre force, c’est la fabrication ultra réactive en flux tendu », fait savoir Clément Venon.

Possibilité d’ajouter une chaîne de production

Aujourd’hui, Nanoptique bénéficie de locaux de 300 m2 avec la possibilité d’ajouter une seconde ligne de production dans son ensemble. « Actuellement, on peut produire 60 verres/heure, et doubler cela en trois mois si besoin. Les banques sont prêtes à nous suivre pour un second investissement d’un million d’euros », annoncent les deux associés. S’ils visent les opticiens indépendants, les grands groupes commencent aussi à s’intéresser à eux, recherchant la rapidité de production, la proximité et la facilité d’échange avec les deux professionnels qui ont développé un logiciel interne pour le traitement des commandes et la communication avec leurs clients.

Si changer de fournisseurs ne se fait pas en un clignement d’oeil, Nanoptique propose souvent un essai gratuit. « Et quand ils comparent la qualité et le prix, ils basculent souvent chez nous. » Avec un objectif à la fin de l’année d’un million d’euros de chiffre d’affaires, le laboratoire prévoit déjà d’embaucher.