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Aube Bedding réindustrialise pour mieux rebondir

Industrie. Le fabricant de matelas Simmons implanté à Bar-sur-Aube (10) a investi 3 millions sur ses lignes pour produire jusqu’à 180 000 matelas par an. Il lance aussi sa marque de sofas Le Siège Aubois.

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Photo de l'automotisation
Des étapes manuelles au milieu de l’automatisation. (Crédit : MBP)

La filiale baralbine d’ADOVA Group a investi 3 millions d’euros dans l’outil industriel dont 1,7 million cette année. L’usine Aube Bedding du groupe, qui compte 5 sites de production en France fabrique des matelas de marque Simmons. Ils sont destinés à la distribution notamment via les magasins But et Conforama en France et à l’international, se remet de l’après-covid avec une stratégie de réindustrialisation du site. Reportant les projets de construction d’une nouvelle usine, il privilégie la réindustrialisation. « On pérennise d’abord l’activité avant d’avoir une jolie coque », insiste Charles-Henri Déon, président du Groupe qui en a repris la direction en 2020. « Ce qui est vraiment important, c’est ce qu’on vend à nos clients et le processus avec lequel on le fabrique. Quand un client achète un matelas, un sommier ou un SOFA, il pense surtout à la façon dont il est fabriqué, pas aux murs de l’usine ».

Privilégiant l’innovation et la création d’emploi, le président et son directeur Éric Noël dévoilent l’envers du décor du site industriel de 24 hectares. Arrivées entre février 2023 et avril 2024, les machines, propriétés industrielles d’ADOVA, permettent notamment de fabriquer la nappe du matelas, soit le cœur du matelas constitué de ressorts ensachés. 18 emplois ont été créés sur cette ligne et 50 au total depuis 2020. Sourcés auparavant en Croatie, les ressorts sortent désormais des lignes d’Aube Bedding. « Cette partie du process, c’est notre produit. Si nous ne contrôlons pas ça, nous considérons que nous ne contrôlons pas totalement le produit », explique Éric Noël.

Son directeur R&D, Laurent Cyre, ne le contredira pas. Il a appris la conception de meubles sur le site quand c’était encore l’usine Dumeste et dispose aujourd’hui d’un nouvel outil pour faire varier les références. « Une gamme se définit par la différence de confort et ensuite l’esthétisme. Le ressort agit sur la fermeté du matelas. Le diamètre de fil, le diamètre du ressort, sa hauteur et la longueur de fil utilisée dans un ressort sont autant de paramètres pour ajuster le confort ».

Exclusivité, pénibilité, rentabilité

Le nouveau process offre surtout du confort aux salariés. La cadreuse automatique réduit la pénibilité du travail liée à la manipulation quotidienne des 200 nappes de 15 kg et améliore la rentabilité de la ligne. Partant d’une bobine de fil pour créer les ressorts, les ensacher et les assembler, les machines délestent les salariés des tâches ingrates. Le profil des équipes a changé et monté en compétences avec moins de manipulateurs et plus de qualité. Même objectif de réduction du port de charge avec l’emballeuse automatique. Elle automatise la mise sous blister du matelas et le positionne sur les racks pour le départ en logistique sans que l’ouvrier ait besoin de le porter.

L’industrialisation contribue ainsi à la réalisation des engagements RSE d’Aube Bedding qui a aussi fait le choix de l’écoconception pour tous ses produits avec des matières premières issues de circuits de recyclage. L’entreprise agit aussi sur l’impact carbone en supprimant le transport de productions qui étaient délocalisées à l’étranger, comme celle des nappes du matelas. « Aube Bedding est le plus gros site industriel du Groupe, c’est le seul site où nous fabriquons des sièges avec les banquettes et sofa », poursuit Charles-Henri Déon.

« ADOVA travaille sur l’innovation. Il ne s’agit pas de distribuer des matelas roulés sur Internet pas cher, avec une qualité moindre et beaucoup de marketing. Entreprise à mission, nous avons fait le choix de l’innovation par l’écoconception, même si pour les clients c’est assez peu perceptible. Acier recyclé à 95 %, suppression des mousses..., nous avons réussi à changer la donne. Dans nos suivis de décarbonation, nous sommes bien ».

Le Siège Aubois à Equip’Hôtel et Treca New York

L’entreprise peut produire jusqu’à 180 000 matelas par an, 70 000 sommiers et 80 000 sofas et convertibles. La filiale réalise 78 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 soit 40 % du chiffre d’affaires du Groupe. « Aube Bedding est dans le Groupe l’usine qui fabrique les gros volumes pour équiper les foyers via But Conforama et qui compte le plus de salariés. Les autres usines se positionnent sur le marché de l’hôtellerie ou sur d’autres réseaux de distribution haut de gamme », explique Charles-Henri Déon.

Photo de la cadreuse automatique
La cadreuse automatique permet de fabriquer le cœur du matelas avec les ressorts ensachés et libère les ouvriers des manipulations de charge. (Crédit : DR)

Le Groupe, qui n’a pas bénéficié de Prêt garanti par l’État lors de la covid, avait été placé en plan de sauvegarde. Aujourd’hui, la situation s’assainit et ADOVA poursuit sa croissance en testant de nouveaux marchés. Il y a 100 ans, en 1923, le site industriel hébergeait la Manufacture Auboise du siège. Comme un clin d’œil historique, ADOVA qui a repris le site en 2016, lance aujourd’hui sa marque le Siège Aubois.

Le groupe pose également un pied sur le sol américain. Il ouvre ce mois-ci un show-room partagé avec d’autres marques autour de l’ameublement haut de gamme à New-York pour y implanter la marque Tréca. ADOVA souhaite aussi affirmer son positionnement sur le marché de la croisière. Déjà présent de manière sporadique, l’industriel entend bien équiper les bateaux de croisière en literie. Tout comme il souhaite équiper les hôtels en sofas convertibles, un marché déjà abordé par la filiale Hotelys. Aube Bedding présentera donc sa marque le Siège Aubois lors du prochain Equip’Hôtel début novembre au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris.