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Les Coqs Verts veulent réveiller l’économie avec Bpifrance

Transition énergétique. La Communauté du Coq Vert Bpifrance s’est réunie au Ground Control (Paris) le 4 avril pour une journée dédiée à l’économie verte.

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Jour E
Jour E a réuni plus de 1 200 dirigeants et représentants d’entreprises pour échanger et se rencontrer autour de la décarbonation. (Crédit : BB)

Jour E, c’est l’événement créé par Bpifrance pour réunir en un même lieu au cours d’une seule journée, les acteurs de l’économie engagés et impliqués dans la transition écologique et énergétique.

PME, start-ups, intervenants, conseillers, institutionnels, financeurs… plus de 1 200 inscrits pour une cinquantaine d’ateliers, conférences et masterclass sous l’œil bienveillant du Coq Vert Bpifrance, symbole de ralliement des entreprises engagées dans la démarche.

C’est notamment le cas de Lebronze Alloys, groupe industriel spécialisé dans la production de produits semi-finis et finis en alliages techniques (cuivre et nickel). L’entreprise a engagé ses 800 collaborateurs, dont 550 en France sur ses trois sites de Suippes (Marne), Bornel et Breteuil (Oise), dans une démarche de développement durable.

Photo d'Alexandra Dumont-Nubery
Alexandra Dumont-Nubery (Crédit : BB)

Cela se traduit dans les faits par des engagements forts en interne. Dans son entreprise, les choses se sont faites relativement naturellement et assez rapidement, explique la dirigeante : « Quand collectivement on a compris que c’était une nécessité et que c’était compatible avec la notion de performance, ça a créé une dynamique », explique Alexandra Dumont-Nubery, directrice générale de Lebronze Alloys, présente lors du Jour E (photo ci-contre).

Depuis deux ans, et sans attendre les obligations réglementaires, Lebronze Alloys s’est donc pleinement engagé dans cette démarche durable de manière volontaire.

« Nous avons investi dans le changement technologique en remplaçant notamment une chaudière à gaz par une pompe à chaleur. Un investissement doublement gagnant car il nous a permis d’augmenter nos performances et d’obtenir une énergie moins carbonée ».

Le groupe a aussi choisi de réaliser un peu moins de volume en faisant du recentrage et des produits à plus haute valeur ajoutée, grâce également à des efforts en matière de R&D.

« Pour un industriel en métallurgie comme nous, leader sur l’ensemble de ses marchés, le défi n’était pas évident. Mais dans le cadre notre développement stratégique nous avons décidé de ne plus proposer certains produits, par exemple. Et on ne s’interdit pas d’arrêter des familles d’alliages trop émetteurs de carbone », explique la dirigeante dont le groupe atteint 300 M€ de chiffre d’affaires en 2023, un EBITDA en croissance et une baisse de 50% de ses émissions de CO2 depuis 2018.

« Nous avons agi sur les scope 1 et 2 (qui concernent les émissions directes de gaz à effets de serre et les émissions indirectes et liées à l’énergie, NDLR). Notre prochain défi maintenant repose sur le scope 3 lié aux émissions indirectes (transport, achats…) avec une question : comment peut-on continuer à faire baisser nos émissions en valeur absolue tout en faisant de la croissance », explique Alexandra Dumont-Nubery qui compte aussi sur l’utilisation de métaux recyclés pour continuer à faire baisser ses émissions de CO2.

Une démarche volontaire

Pour Jean-Charles Perrette, directeur régional Bpifrance Champagne-Ardenne, Jour E c’est l’illustration et la concentration, sur une journée, de toutes les actions proposées par Bpifrance pour accompagner les entreprises volontaires dans cette démarche durable.

En effet, après le Coq Rouge dédié à la French Tech et le Coq Bleu qui consacrait l’industrie, le Coq Vert regroupe une communauté d’entreprises labellisées par Bpifrance pour leur démarche environnementale et bas carbone.


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« Nous leur proposons du conseil, du financement mais aussi du réseau. C’est un élément qui fonctionne bien car les entreprises peuvent identifier d’autres entreprises engagées comme elles dans cette démarche, les rencontrer, échanger sur des problématiques communes et pourquoi pas travailler ensemble », explique le directeur régional.

Une cinquantaine d’entreprises sont aujourd’hui labellisées Coq Vert en Champagne-Ardenne. Pour les rejoindre, il faut prouver son engagement dans la transition écologique et remplir une des conditions suivantes : avoir déjà bénéficié d’un soutien de l’ADEME ou Bpifrance (aide financière, formation,Diag Éco-Flux, Accélérateur Transition Énergétique, Accélérateur de Transition, Prêt Vert, VTE Vert...), détenir un label reconnu, être un producteur d’énergies renouvelables ou développer ou fournir des solutions technologiques, industrielles ou organisationnelles aux entreprises en matière de transition écologique.

Croissance et décarbonation

Après avoir été désigné Coq Bleu, le groupe Chimirec vient tout juste de rejoindre la communauté du Coq Vert, fin mars, quelques jours avant l’événement parisien.

Photo de Jean-Charles Perrette
Jean-Charles Perrette, directeur régional Bpifrance Champagne-Ardenne. (Crédit : BB)

« Cela fait 65 ans que nous faisons de l’économie circulaire, avant même que cette notion soit inventée », explique Carole Denize, chargée de mission relations publique du groupe, dans les travées de Jour E. Le groupe qui possède un site à Saint-Brice Courcelles (Marne) est présent sur 40 sites en France où il réalise de la collecte et du traitement de déchets industriels.

« Nous sommes historiquement présents dans l’automobile et nous accompagnons de plus en plus d’industriels vers la décarbonation. En effet, avant de songer à changer le process industriel, la décarbonation passe surtout par le traitement des déchets ».

Nouvellement accueilli parmi les Coqs Verts, Chimirec compte bien faire sa place parmi la communauté. « C’est une initiative stimulante qui peut nous permettre de rencontrer d’autres entreprises, de trouver des solutions ou d’être apporter de solutions autour de la question de l’économie circulaire de proximité ».

Egalement membre de la Communauté du Coq Vert (elle compte 1 600 entreprises), Lebronze Alloys a été désigné éclaireur, aux côtés de deux autres entreprises régionales, les auboises Magiline et Soler. Une responsabilité qu’Alexandra Dumont-Nubery endosse avec plaisir auprès d’une centaine de dirigeants français.

« Mon rôle c’est de dire que c’est possible. Mais pour cela, il faut remplir certaines conditions, à commencer par l’engagement du management et la convergence des énergies en interne. L’autre message que je porte c’est qu’il faut penser aussi à la croissance qu’on espère atteindre quand on veut faire de la décarbonation ». Parce que les deux ne sont pas incompatibles, la Communauté du Coq Vert devrait encore s’agrandir.