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La diversification réussie de la ferme des caprices de Sidonie

Dossier circuits courts. Producteurs et éleveurs passionnés, Thibault et Héléna Calis produisent aujourd’hui entre 10 et 12 tonnes de pâtes par an.

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Photo de Thibault et Héléna Calis
Fidèles à la tradition familiale, Thibault et Héléna Calis ouvrent régulièrement leur ferme au public. (Crédit : La Ferme des Caprices de Sidonie)

Fils d’agriculteurs, Thibault Calis ne concevait pas un instant de ne pas reprendre l’exploitation familiale située à Ronchères (Aisne). C’est ce qu’il a fait en 2015 après ses études d’ingénieur – spécialité élevage – à Beauvais. Surtout, il a poursuivi la tradition familiale d’ouverture de la Ferme des Caprices de Sidonie au grand public.

« Dès 1988 mes parents ont initié la vente directe et une ferme pédagogique pour l’accueil de groupes scolaires avec entre 4 000 et 5 000 écoliers accueillis chaque année », explique Thibault Calis. Il faut dire que sa ferme est plutôt atypique, avec notamment un élevage de Myocastor (ragondin). Côté bovins, ce sont des vaches de race Salers qui grandissent ici. De 43 mères lors de la reprise de la ferme, l’exploitation est passée à 72 vaches aujourd’hui. De quoi permettre le développement de la vente directe.

Nées ici, dans l’Aisne, les vaches sont élevées dans les pâtures de la famille. « Nous sommes autonomes à plus de 95 % pour l’alimentation. Pas question d’importer du soja du Bresil ou des OGM, le complément d’alimentation est constitué de tourteau de colza et de graines de lin », précise l’éleveur passionné. Ses bêtes sont abattues à Rethel (voir l’article), où elles sont ensuite découpées et réparties en pochettes sous vide pour assurer la vente en direct au consommateur sur la ferme. Chaque mois, Thibault Calis peut ainsi écouler près d’1,5 tonne de viande en à peine deux jours, essentiellement auprès de particuliers qui viennent d’un rayon d’une quarantaine de kilomètres alentours (Epernay, Soissons, Château-Thierry, Reims).

Les consommateurs au rendez-vous

« Nous avons fait le choix de ne pas faire de livraison, cela permet aux consommateurs de ne pas payer de frais et aussi de comprendre comment on travaille et on élève nos animaux ». Un pari gagnant au vu de l’engouement pour les produits de la ferme, dont la gamme s’est étoffée en 2019, quand sa femme Héléna, rencontrée à Beauvais, rejoint Thibault sur l’exploitation.

Tous deux lancent de nouveaux projets, dont un atelier de fabrication de pâtes pour valoriser le blé. Après avoir investi près de 100 000 euros dans une machine de fabrication et un séchoir à pâtes fin 2019, les jeunes mariés envisagent de produire entre 3 et 4 tonnes à l’année. L’arrivée du Covid leur fait craindre une baisse d’activité, ça sera tout le contraire avec une explosion de l’intérêt des consommateurs pour leurs produits.

Dès la première année, ce sont 8 tonnes de pâtes qui sortent de la ferme. « Aujourd’hui, nous produisons entre 10 et 12 tonnes par an. Les deux-tiers sont vendus sur l’exploitation, le reste passe par des revendeurs », explique Thibault Calis. Ce dernier a poursuivi la tradition familiale d’ouverture de la ferme au public en poussant même la démarche un peu plus loin, avec la fête des pâtes en mars, des portes ouvertes en juin, la fête de la Salers en septembre et un marché de Noël.

Des week-ends d’animations où se pressent plusieurs milliers de visiteurs qui viennent découvrir la ferme et ses animaux, visiter le laboratoire de fabrication de pâtes et déguster ses produits. En deux jours, les jeunes agriculteurs peuvent servir jusqu’à 700 burgers ou 1 300 repas avec parfois la frustration de devoir de refuser du monde. Les 2 et 3 mars 2024, la fête des pâtes accueillera même un marché de producteurs avec une mise en avant d’une vingtaine d’agriculteurs, d’artisans et de producteurs locaux. Le circuit court par excellence.