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Ateliers Roche, moteur discret de l’industrie française

Industrie. Elle est une des plus vieilles entreprises rémoises. Fondée au XIXe siècle, Ateliers Roche n’a cessé d’évoluer avec son temps en multipliant les secteurs pour lesquels elle oeuvre. Aujourd’hui, l’entreprise propose son expertise en usinage, mécano-soudure et montage de sous-ensemble pour les secteurs des Travaux publics, de la Défense et du nucléaire civil, notamment.

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Photo Ateliers Roche
L’usinage de carters de reducteurs pour les secteurs des mines et des Travaux publics est une des spécialités d’Ateliers Roche. (Crédits : ATELIERS ROCHE)

Ils sont aussi discrets que les secteurs pour lesquels ils travaillent, mais Ateliers Roche oeuvrent sur de très nombreux marchés d’envergure. S’ils ont été créés dès le XIXe siècle, depuis 1976 l’entreprise se situe au niveau de la zone industrielle du Distripôle Nord Est à Reims, sur une emprise de plus de 5 000 m2. L’année suivante, ils entraient dans le giron du groupe CIF de Bussy, groupe familial aux 200 ans d’expertise industrielle, basé en Haute-Marne. Ce dernier propose une offre complète dans les secteurs des Mines et des Travaux publics, du Ciment, de l’Énergie, de la Sidérurgie mais aussi l’Aéronautique, le Ferroviaire et le Sucre. En 2024, le groupe consolidait un chiffre d’affaires de plus de 140 millions d’euros grâce à ses trois filiales : CMD, Ferry Capitain et Ateliers Roche. « Nous avons une forte expertise en mécano-soudure, en usinage assemblage ainsi qu’en accompagnement de produits finis », détaille Antoine Prunier, Directeur général. « Nous nous adaptons aux marchés, en fonction de la demande et allons aussi vers des projets stimulants intellectuellement. »

Deux secteurs jugés prioritaires par le gouvernement

Dans les années 2010, Ateliers Roche a ainsi développé une activité dans le secteur pétrolier, qui, à ce moment-là, était le premier de ses marchés, ce secteur bénéficiant à cette époque de gros investissements. Mais les énergies renouvelables et l’électrique sont passés par là, ce qui oblige désormais l’entreprise à viser d’autres marchés.

Photo de Antoine Prunier
Antoine Prunier. (Crédits : DR)

« Nous avons recentré nos activités en complément du coeur du métier du groupe CIF de Bussy », explique Antoine Prunier (photo ci-contre). En effet, 40% du chiffre d’affaires d’Ateliers Roche est lié aux commandes du groupe. « Nous allons réaliser de l’usinage ou de la mécano soudure pour le groupe, soit dans des équipements, soit pour des accessoires qui vont autour. On peut donc retrouver des pièces fabriquées dans nos ateliers dans de très gros composants qui vont être exportés en Arabie Saoudite ou en Amérique du Sud par exemple. » 60% du chiffre provient donc de clients externes. « 30% de ce chiffre est lié au marché de la construction, notamment dans le domaine fluvial. 20% est issu des secteurs de la Défense et de l’Aéronautique. »

Il faut dire que ces deux secteurs sont fléchés comme prioritaires par le gouvernement avec la volonté de réindustrialiser le pays dans un contexte géopolitique incertain. Ateliers Roche est notamment en capacité de produire des presses pour les munitions mais également des systèmes pivotants pour les radars terrestres. « Ce qui est apprécié c’est notre capacité d’usinage. Nous avons par exemple réalisé des prototypes de bras de radars pour ensuite fabriquer le premier de la série pour Thalès », fait savoir le Directeur général. L’entreprise dispose aussi de compétences très précises dans l’Aéronautique :

« Les bancs d’essai sont essentiels, notamment pour le transport des moteurs d’avion. Que ce soit lors de la phase de prototypage ou des essais de construction, chaque moteur a une taille différente, ce qui implique la création d’un nouvel équipement à chaque fois. Ces moteurs doivent subir des tests pendant des centaines d’heures, être manipulés selon des méthodes spécifiques, et contrôlés dans des positions particulières. Cela exige des structures aux dimensions bien précises. C’est là que nous nous démarquons : nous sommes capables de concevoir et de fabriquer des équipements de grande taille. Grâce à cet aspect dimensionnel, nous pouvons aller plus loin que nos concurrents. »

Photo de structures d'antennes de radiotélescope
Un des projet phare de l’association entre le groupe CIF de Bussy et Ateliers Roche est la fabrication de structures d’antennes de radiotélescope destinées à la recherche astronomique. (Crédits : ATELIERS ROCHE)

La proximité avec Paris est aussi un atout pour l’entreprise rémoise qui emploie une cinquantaine de salariés, ingénieurs, soudeurs, usineurs. L’entreprise qui, au départ avait plutôt une activité de sous-traitant, a su saisir les bons marchés au bon moment. « Nous nous sommes spécialisés au fil du temps, et le retour d’expérience de nos clients nous a poussé à développer de nouveaux savoir-faire. Au fil du temps, nous avons structuré une cellule d’industrialisation, aujourd’hui composée de trois personnes, qui joue un rôle clé dans la concrétisation des projets. Entre le donneur d’ordre et le bureau d’études, il y a tout un travail de traduction technique à faire pour passer du plan à la réalité. Ce processus ne s’improvise pas : il s’appuie sur l’expérience, les retours du terrain, et une analyse critique des conceptions. On identifie ce qui peut être optimisé – une pièce trop fine ou un design peu adapté à la production – et on propose des alternatives concrètes. » Pour cette expertise, ce sont jusqu’à 500 heures qui peuvent être passées sur une pièce, comme le bras du radar terrestre par exemple.

9 millions d’euros de chiffre d’affaires

Via le groupe CIF, Ateliers Roche exporte environ 50% de ses pièces mécaniques et hydrauliques dans le monde entier. De manière directe, l’exportation se fait essentiellement dans les pays frontaliers, Belgique, Suisse, Italie, Espagne. Avec un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros en 2024, l’objectif est, dans un marché toujours en mouvement, de le consolider pour, ensuite, aller sur d’autres secteurs. Actuellement, le nucléaire civil et médical en est un : « Nous réalisons lors du contrôle décennal, toute une partie diagnostic sur un certain nombre de pièces. Ensuite, on va proposer et faire valider au client tous les réusinages. » Tout comme celui de l’extraction de phosphate pour les engrais.