Entreprises

Assa Abloy anticipe le déverrouillage des marchés

Marché. Le recul de l’activité construction affecte Assa Abloy qui innove et améliore ses process en attendant la reprise.

Lecture 6 min
Photo Fabien Forgeot Pascal Courtade, accompagné d'acteurs locaux.
Fabien Forgeot a présenté l’activité au préfet Pascal Courtade, accompagné d’acteurs locaux. (Crédits : MBP)

Avec un marché de la construction résidentielle en berne de –10,5 % sur 12 mois par rapport à l’an dernier, qui était déjà une année sombre, et en repli de 5 % sur les locaux non résidentiels (source Citadel), Assa Abloy, le leader mondial des systèmes d’ouverture et d’accès, fait le dos rond. Directement liée au marché de la construction, l’entreprise savinienne, qui fabrique les marques Vachette et JPM, marque un repli. Les stocks sont remplis chez les distributeurs professionnels et ne bougent pas. Les quincailliers représentent les trois quarts des volumes de l’industriel. Pas mieux pour les OEM (fabricants de portes et fenêtres) qui souffrent aussi. La grande distribution, qui représente 6 % du chiffre d’affaires, subit une mutation sérieuse vers le e-commerce, Amazon étant devenu un client direct d’Assa Abloy. Seule la part de l’export reste stable. « Aujourd’hui, Amazon a pris le dessus et distribue notamment la marque Yale, destinée à la grande distribution. Elle couvre tous les domaines, les cylindres et cadenas, mais aussi les alarmes connectées, les coffres-forts », explique Fabien Forgeot, directeur du site industriel de Sainte-Savine. Alors, en attendant des jours meilleurs, le Groupe anticipe, continue d’innover et de développer ses gammes pour être prêt dès que la reprise s’amorcera.

Recherche de performances produits et processus

Photo de l'assemblage d'un cylindre Radial
L’assemblage d’un cylindre Radial, avec combinaison différente pour chaque cylindre. (Crédits : MBP)

Un nouveau brevet sur le cylindre Radial R avec son aimant complète ainsi l’offre destinée aux résidences haut de gamme et aux locaux tertiaires qui nécessitent la mise en place d’organigrammes et de protections anti-effractions A2P. Les 15 ingénieurs dédiés à l’usine auboise travaillent sans cesse à l’évolution des brevets qui tombent au bout de dix ans. « Nous sommes sur un marché de prescription, nous ne pouvons pas recommander un produit dont le brevet va tomber dans deux ans. Il faut toujours un temps d’avance », souligne-t-il. Antipanique Isy bar, serrure monopoint D460 et multipoint 6 000 à verrouillage automatique constituent autant de nouveautés.

Côté IA, Assa Abloy procède à une analyse globale et constitue sa propre base de données pour intégrer l’intelligence artificielle sur la maintenance prédictive. « Nous sommes dans une nouvelle révolution industrielle. L’intelligence artificielle pourrait nous accompagner sur l’amélioration de nos performances, sur nos plans de maintenance. Avec l’IoT sur la chaîne de peinture, par exemple, avec une surveillance continue de nos processus critiques et l’envoi d’alertes », précise Fabien Forgeot. Aujourd’hui, l’usine recourt au MES (Manufacturing Execution System) pour tracer la performance des processus, la qualité, améliorer les flux d’information et supprimer le papier. « Nous sommes plus réactifs sur les besoins, la planification, les ordres de fabrication », ajoute-t-il.

Pour mettre en œuvre la méthode Kanban qui assure l’approvisionnement des composants en fonction des ordres de fabrication, le site compte deux AGV (Automated Guided Vehicles) ; des robots qui alimentent les différents postes. Les assemblages de serrures et de cylindres s’automatisent également. La goupilleuse complète ainsi l’équipe d’orfèvres de l’assemblage des cylindres haut de gamme. La machine améliore la productivité et réalise le travail de 10 personnes pour un investissement de 600 000 €. « Nous sommes dans un pays à hauts coûts par rapport à d’autres pays comme la Pologne, la Hongrie, la Roumanie. Regardons là où nous avons de la valeur ajoutée et là où nous n’en avons pas. La compétence est une force, mais elle a un coût », conclut-il.

Photo d'une machine d'automatisation chez Assa Abloy
Exemple d’une machine d’automatisation chez Assa Abloy. (Crédits : MBP)

Environnement et recrutement

Médaille d’argent EcoVadis, Assa Abloy France fait partie des 15 % des entreprises les plus vertueuses évaluées. L’objectif étant d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. À Sainte-Savine, les émissions de CO2 ont déjà diminué de 35 % en 2024, dépassant l’objectif de réduction du groupe fixé à 25 %. L’investissement de 250 000 € dans la nouvelle machine de décapage des balancelles de peinture a généré une économie de 350 MWh, à laquelle s’ajoute le passage en LEDS de l’atelier et un système de chauffage revu. Sur le volet social de la RSE, Assa Abloy travaille régulièrement avec les ESAT pour les packagings produits, la blanchisserie ou le publipostage et accueille six personnes en situation de handicap dans ses effectifs. « Nous avons une pyramide des âges autour de 50 ans. En 2022/23, nous avons recruté 25 personnes. Le site va recruter. Nous recherchons tous types de profils. Aujourd’hui, le contexte économique nous fige, mais nous avons vocation à produire. Après une crise, il y a toujours une embellie », poursuit Fabien Forgeot.

Avec quatre sites de production et un siège social transféré sur le Parc du Grand Troyes en 2023, Assa Abloy France génère 250 millions d’euros de chiffre d’affaires sur les 12 milliards du groupe. Les 255 employés de l’usine de Sainte-Savine, fief originel de Vachette, ont récemment célébré les 160 ans de la marque. Pour ses 30 ans, le groupe Assa Abloy, qui emploie 64 000 collaborateurs dans 70 pays, poursuit sa croissance mondiale par la croissance externe au rythme de deux acquisitions d’entreprise par mois.