Après-loi Duplomb : les betteraviers inquiets
Agriculture. Le sujet sera au coeur des conversations entre agriculteurs et politiques lors de la Foire de Châlons, ainsi que lors de la table ronde intitulée “Entraves à l’Agriculture : regards croisés” organisée par la CGB le mardi 2 septembre à 9h30.

La censure partielle de la Loi Duplomb par le Conseil constitutionnel, intervenue le 7 août dernier, touche directement les producteurs de betteraves. La Marne, premier département betteravier français (65 000 hectares cultivés par 2 600 planteurs) et plus globalement le Grand est (deuxième région française avec un total de 113 500 hectares et 4 900 planteurs), l’impact est immédiat.
Si aujourd’hui les producteurs avaient la possibilité de traiter leurs cultures à l’aide de deux produits, le Teppeki (flonicamide) et Movento (spirotetramate), en 2026, ils n’auront plus la possibilité d’utiliser qu’une application du premier et aucune du second. Un coup dur pour une filière qui comptait sur une dérogation accordée par la Loi Duplomb, le temps de trouver une alternative efficace.
« Le Movento ne sera plus utilisable en 2026, il ne restera plus qu’une seule application possible du Teppeki. C’est insuffisant », déplore Cyril Cogniard, agriculteur, président de la CGB (Confédération Générale des planteurs de Betteraves) Champagne-Bourgogne. « Cette année, nous avions l’autorisation d’appliquer les deux produits et malgré trois à quatre passages, cela n’a pas été suffisant à maîtriser les pucerons et la jaunisse. La censure du Conseil constitutionnel sera lourde de conséquences pour notre filière en cas d’attaque de pucerons et de jaunisse l’année prochaine ». Les agriculteurs dénoncent une situation de distorsion de concurrence puisque les molécules interdites en France sont autorisées partout ailleurs en Europe, et les produits traités avec ces molécules peuvent entrer librement sur le marché français.
Pas un chèque en blanc
Alors que le Conseil constitutionnel a pointé un manque d’encadrement de l’utilisation de l’acétamipride, certains parlementaires et représentants des agriculteurs n’excluent pas la possibilité de présenter un nouveau texte prévoyant un encadrement plus strict de l’utilisation de cette molécule dans la durée. « Une autre solution, plus radicale, serait également d’interdire son utilisation dans toute l’Europe », évoque Cyril Cogniard.
Uniquement interdite en France, la molécule a mobilisé un certain nombre de Français, qui ont été plus de 2 millions à signer une pétition contre son utilisation dans l’Hexagone. « Nous entendons et nous prenons acte de la réaction des citoyens qui ont manifesté une certaine crainte pour la santé humaine », note le président de la CGB Champagne-Bourgogne. « Ça n’est pas aux agriculteurs de dire si un produit est dangereux ou pas pour la santé humaine. C’est le rôle des agences européennes indépendantes telles que l’EFSA (qui a émis un avis favorable à l’utilisation de l’acétamipride en Europe jusqu’en 2033, NDLR). Les agriculteurs s’en remettent à leurs décisions », poursuit-il, tout en regrettant « une forme de récupération politique et d’instrumentalisation idéologique », de la question.
« Il faut rappeler que les dispositions prévues dans la Loi Duplomb n’était pas un chèque en blanc accordé aux agriculteurs. Il s’agissait d’autoriser son utilisation de manière temporaire jusqu’à ce qu’une alternative soit trouvée ».
Un sujet qui sera sans doute au coeur des conversations entre agriculteurs et politiques lors de la Foire de Châlons. « Traditionnellement, la Foire est le moment où nous pouvons échanger avec les dirigeants politiques sur les sujets d’actualité. Il s’agit là d’une entrave à notre agriculture et nous aborderons cette distorsion de concurrence avec les politiques présents ».
Autre moment d’échange privilégié lors de la Foire : la CGB organise, le mardi 2 septembre de à 9h30 (Espace Muselet) une table ronde intitulée « Entraves à l’Agriculture : regards croisés », en présence de Franck Menonville, Sénateur de la Meuse, Co-auteur de la PPL « Lever le contraintes » et Producteur de betteraves dans la Marne, Géraldine Woessner, journaliste et Rédactrice en chef du pôle environnement au Journal Le Point et Timothée Dufour, Avocat, Défenseur de la cause agricole.