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Année record pour la Fondation du Patrimoine

Patrimoine. La Fondation du Patrimoine de Champagne-Ardenne ne s’est jamais aussi bien portée, avec plus d’1,5 M€ de dons à date (2 M€ à la fin de l’année), dont 45% de la part d’entreprises. Un record qui place la Marne et l’Aube comme les deux départements les plus généreux de France sur l’année.

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Photo de l'équipe de la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne
L’équipe de la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne. (Crédits : ND)

Il faut croire que le patrimoine est aujourd’hui un des derniers secteurs qui fédère les citoyens entre eux. Apolitique, la Fondation du Patrimoine le démontre d’année en année, avec un élan et une mobilisation qui ne cessent de progresser. Les chiffres le démontrent sans conteste : en 2025, la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne a récolté 1 540 000 euros de dons, dont 45% proviennent d’entreprises, soit une hausse de 57% des dons comparé à 2024. Terre meurtrie à de multiples reprises, portant les stigmates des conflits passés, la Champagne-Ardenne rassemble fortement, particuliers comme entreprises.

« Les Champardennais sont attachés à leur patrimoine sans doute parce qu’il a été beaucoup détruit durant les guerres successives, ainsi, ils ont envie de sauver ce qu’il reste autour d’eux. Nous manquons de superlatifs, mais c’est vrai que nous avons encore une très belle année avec deux de nos départements – la Marne et l’Aube – qui se placent comme les deux plus généreux de France avec respectivement, 690 000 € et 636 000 € de dons », se félicite Pierre Possémé, président de la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne. « Nous pesons 2% de l’économie nationale mais nous représentons 8% des dons », renchérit Bernard de Lauriston, chargé de mission Marne et Ardennes.

Dimension intime des dons

Seules les régions Bourgogne Franche-Comté et Rhône-Alpes se placent devant en termes de collecte de dons, alors même que la Champagne-Ardenne représente « le plus petit PIB du Grand Est ». Une prouesse donc, à mettre tant sur le compte de l’attachement territorial des habitants que sur le dynamisme de l’équipe de la Fondation dont les idées, souvent inédites, sont reprises ailleurs au sein des autres délégations. « Le patrimoine c’est la colonne vertébrale d’un territoire », aime à dire Pierre Possémé qui insiste aussi sur la dimension « intime » de l’engagement en faveur d’un projet. « On mobilise aussi par la petite histoire, celle qui résonne dans l’histoire personnelle des gens. Pour la restauration d’une église, par exemple, ceux qui s’y sont mariés ou qui ont fait le baptême de leurs enfants auront à coeur de préserver cet édifice. » D’autres projets, en revanche mobilisent au-delà de la région, comme ce fut le cas pour le moulin de Valmy, « pour lequel 50% des dons provenaient d’ailleurs que de Champagne-Ardenne », précise Bernard de Lauriston. La croissance des dons du territoire est à mettre en relation avec un engagement toujours plus soutenu du monde entrepreneurial, « 5% des dons correspondent à 45% du résultat ». Symbole de cet engouement, l’opération de parrainage des vitraux de la Chapelle Palatine du Palais du Tau, à Reims. « L’entreprise donne mais il faut savoir donner en contrepartie », souligne Pierre Possémé, qui, en tant qu’ancien chef d’entreprise sait parler à ses pairs. Ainsi, avoir le nom de sa société gravé pour l’éternité dans les vitraux qui orneront la chapelle n’a (presque) pas de prix. Et s’il faut tout de même en parler, le ticket était de 100 000 € le vitrail. « Avec 33 000 € défiscalisable par an, au final, l’entreprise ne débourse que 10 000€. »

Ce type d’opération d’envergure va être également mené à Troyes, pour la restauration de l’orgue de la cathédrale, dont le montant des travaux avoisine 1,8 million d’euros. « Le projet comprend la restauration minutieuse de l’ensemble de la tuyauterie (bois et métal), des sommiers, des mécanismes de notes et de jeux, ainsi que du buffet, dont les sculptures et éléments décoratifs seront nettoyés, vernis et partiellement reconstitués », détaille Valentine Roland, chargée de mission Aube qui annonce que les mécènes pourront parrainer des tuyaux et être « créateur de notes ».

Variété des collectes

120 projets ont été sélectionnés cette année par la délégation Champagne-Ardenne et 58 collectes lancées. « Nous avons des collectes variées. C’est comme dans une entreprise, il faut que vous ayez des gros clients qui fassent votre chiffre d’affaires et d’autres, plus modestes, qui viennent faire le résultat. À la Fondation, cela fonctionne de la même manière. Il faut de gros projets qui drainent de gros dons – la Chapelle Palatine on est un bon exemple – mais aussi avoir de plus petits dossiers qui alimentent le résultat », déclare Bernard de Lauriston. Car les projets, s’ils contribuent à la restauration du patrimoine, alimentent aussi l’emploi sur le territoire. « Et ça, cela parle aux entreprises. D’ailleurs, avec le contexte budgétaire, le patrimoine risque d’être un des secteurs sacrifiés et une victime collatérale des baisses des financements de l’État. Sur les projets de la région, c’est quasiment 10 % d’apport au financement du patrimoine qui passe par nous. Le mécénat est donc l’avenir de la restauration », insiste Pierre Possémé. La Fondation revêt donc un rôle de plus en plus important, « là où nous étions à environ 850 000 € de dons les années précédentes, nous atteignons aujourd’hui les 2 millions d’euros. »

Un chiffre rendu possible par les opportunités de défiscalisations, jusqu’à 75 % pour un édifice rural religieux, dans la limite des 1 000 €. « L’année prochaine, cela risque de retomber à 66%. » Autre possibilité d’apport grâce à la défiscalisation, celui des entreprises d’énergies renouvelables, qui, légalement, doivent apporter une contribution aux communes lorsqu’elles ont implanté un parc éolien sur leur territoire. « Dans l’Aube, une entreprise a ainsi financé 300 000 € de la rénovation de l’église, là où, au départ, elle ne devait apporter que 150 000 €. » L’année prochaine, la Fondation fêtera ses 30 ans d’existence , avec d’ores et déjà des événements programmés, dont une grande célébration le 2 juillet 2026.

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