Entreprises

Alexandre Farro : « Notre première richesse, c’est le capital humain »

Patronat. Construire des solutions concrètes autour de l’attractivité des entreprises et des
problématiques de recrutement, voilà ce à quoi s’attelait une des tables rondes organisée par le Medef Grand Est.

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Photo de Alexandre Farro
Alexandre Farro, Président du Medef Grand Est, a insisté sur la « réussite collective » dans les entreprises, moteur d’attractivité. (Crédits : ND)

Alexandre Farro, président du Medef Grand Est, le rappelle : « L’attractivité des entreprises, c’est plus qu’un sujet RH, c’est un choix stratégique, un levier de compétitivité et une condition de réussite collective ». Si le Medef représente les patrons, son président régional veut le faire savoir, il s’engage aussi pour le bienêtre des salariés et collaborateurs : « L’attractivité n’est pas une image, ni un slogan, c’est une réalité vécue chaque jour par nos collaborateurs. Elle se construit parce que nous leur offrons des conditions de travail respectueuses, des perspectives, une reconnaissance sincère et surtout un sens donné à leur engagement. Notre première richesse, c’est le capital humain, et il va falloir le marteler. »

France travail, la DREETS (Direction Régionale de l’Économie, l’Emploi, du Travail et des Solidarités), la Région Grand Est pour les institutionnels mais aussi deux entreprises (FABER et le cabinet d’expertise comptable BDS) sont venus apporter leur éclairage sur les dispositifs mobilisables ainsi que les mesures à mettre en place pour rendre une entreprise attractive et fidéliser collaborateurs.

Déficit d’image

Sandrine Rouyer, Responsable des ressources humaines chez Faber (entreprise experte en convoyeurs, outillages et pièces plastiques) pose un constat de difficulté dans les secteurs, notamment industriels, celui de trouver des personnes formées pour leur métier : « L’obstacle majeur, c’est la pénurie dans certains emplois et certains postes, notamment dans certains métiers de l’industrie comme le tournage ou le fraisage. C’est un vrai obstacle puisque nous n’avons personne devant les machines aujoud’hui. Nous avons du travail, mais pas les personnes pour l’effectuer ! » Même observation dans l’expertise comptable : « Notre métier souffre d’un déficit d’image », livre Lysiane Gueu, experte comptable chez BDS Associés.

Néanmoins, explique-t-elle, « l’apprentissage reste un excellent moyen de découvrir et former des talents selon nos besoins. C’est un levier de compétences qui nous permet de trouver de très bons profils. » Les témoignages du terrain sont corroborés par les études de France travail qui identifient les besoins en recrutement via l’enquête annuelle Besoin en Main-d’Œuvre (BMO), qui donne les prévisions par bassin et par filière. « Pour 2025, les intentions de recrutement s’élèvent à 64 700. Nous mesurons également les tensions de recrutement. Pour le Grand Est, notre indicateur est de 51,4 %, c’est-à-dire que plus de la moitié des répondants anticipent des difficultés. C’est plutôt bien positionné comparé à d’autres régions et en baisse de presque 4 points par rapport à l’an dernier. Les filières avec la plus forte tension sont la construction (74 %) et le service à la personne (56 %). L’industrie, globalement, ne présente pas de tension extrême, mais certaines spécialisations restent en difficulté », précise Virginie Coppens-Menager, directrice régionale de France travail Grand Est.

2 000 postes à pourvoir dans les métiers du soin d’ici 2030

Le problème central reste l’attractivité des métiers. Le but est de les faire connaître et les valoriser grâce à des dispositifs comme les stages de 3e ou de seconde, essentiels pour montrer la réalité, comme l’industrie ou le BTP dont l’image reste parfois celle d’il y a 20-30 ans. « Les conditions de travail et de rémunération ont beaucoup évolué. Faire connaître ces métiers est donc un enjeu majeur », souligne Angélique Alberti, directrice régionale de la DREETS grand Est. « La formation des demandeurs d’emploi est égalementprimordiale. Le Conseil régional, avec l’État, a renouvelé le Plan régional d’investissement dans les compétences à hauteur de 176 M€ pour 2024-2027. Cela permet d’aligner nos priorités : l’industrie et les métiers du soin, qui sont aussi des métiers touchés par la transition industrielle et démographique. Pour les métiers de l’humain, nous anticipons plus de 2 000 postes à pourvoir d’ici 2030 », précise Angélique Begue, développeuse de compétences à la Région Grand Est.

Concernant l’attractivité d’une entreprise, un des points cruciaux reste la visibilité. « Une entreprise attractive est visible, investie sur le territoire, présente auprès des jeunes et des différents publics », fait savoir Virginie Coppens-Menager. « Il faut être présent sur le terrain et ne pas hésiter à ouvrir les portes de l’entreprise. Depuis deux ans, nous avons un partenariat avec un collège pour présenter l’entreprise et les différents postes. L’objectif est de dépoussiérer l’image de l’industrie, qui n’est plus celle de Germinal. Nous participons également aux jobs d’été organisés par France Travail et la mission locale, et nous faisons partie de la démarche Les Entreprises s’engagent », relate Sandrine Rouyer.