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Albéa Tubes, « petite robe noire de l’emballage »

Industries. Albéa Tubes est un poids lourd de la production d’emballages cosmétiques. L’usine d’Argonne, à Sainte-Menehould, fait partie des deux sites de production français (avec celle de Vandières, en Meurthe-et-Moselle) alors qu’en Europe, le groupe compte 10 usines dans 7 pays différents.

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Photo des lignes de production d'Albéa Tubes
Certaines lignes de production produisent jusqu’à 300 tubes par minute... (Crédit : ND)

Les tubes contenant des crèmes, savons, colorations ou sérums présents dans nos salles de bains ont de fortes chances d’avoir été produits au sein du site argonnais d’Albéa Tubes France, spécialisé dans la production d’emballages pour le secteur de la cosmétique.

« Les tubes sont la petite robe noire de l’emballage », peut-on d’ailleurs lire dans leur présentation, en clin d’œil à la fameuse robe Chanel, qui mêlait simplicité et élégance... « On touche tous les emballages qui peuvent être mis en tubes. Nous travaillons aujourd’hui avec beaucoup de groupes et marques prestigieuses internationales comme Dior, L’Oréal, Clarins, Yves Rocher, Bourgeois, L’Occitane en Provence ou encore Shiseido… Mais aussi avec des marques locales ou encore de petites structures comme des start-up », indique Sébastien Renault, Directeur général d’Albéa Tubes France. Au total, l’entité française fournit 265 clients que l’on retrouve dans tous les rayons Parfumerie et Cosmétiques des commerces spécialisés, de la grande distribution ou de la parapharmacie.

Une histoire qui débute en 1956

Et si dans le monde, le groupe possède 34 sites dans 14 pays – soit 12 000 employés pour 1,2 milliard de dollars en 2023 de chiffre d’affaires – l’usine argonnaise (21 000 m² et 500 employés environ) se distingue par son histoire.

Photo de Sébastien Renault
Sébastien Renault, Directeur général d’Albéa Tubes France. (Crédit : ND)

En effet, le tube cosmétique est né en 1956, à Vienne-le-Château, à une dizaine de kilomètres de Sainte-Menehould, sous le nom, à cette époque, de Tuboplast France. Au gré des évolutions du marché économique, l’entreprise portera ou associera sur son fronton les noms de Cebal, Pechiney, d’AP Beauty et aujourd’hui d’Albéa.

En 2013, le site de production déménage sur la commune de Sainte-Menehould dans la ZA des Accrues 2 pour regrouper les sites de production de Vienne-le-Château et Sainte-Menehould, où il peut absorber les commandes et exigences de production de nouveaux marchés. « Nous investissons chaque année sur cette usine 6 à 10 millions de dollars, que cela soit pour l’achat de nouvelles machines pour faire face à l’accroissement d’activité, pour l’entretien du parc ou concernant des aménagements pour optimiser les espaces et les process du site », explique Sébastien Renault. Dernier exemple en date, l’accroissement d’activité pour le groupe L’Oréal qui demande la production de 60 à 70 millions de tubes en plus pour remplacer les sachets d’échantillons qui n’étaient pas recyclables… « Le but est bien de donner envie d’utiliser nos produits. »

1,2 milliard de bouchons par an

Le site d’Argonne a en effet la spécificité de regrouper la totalité des activités du tube. « Nous sommes le seul site au monde à faire aussi bien de la fabrication de tubes laminés (plusieurs couches superposées), extrudés (de différentes épaisseurs) et d’injection avec un centre R&D mondial. » Dans le détail, le site possède une vingtaine de lignes de production de tubes, 37 presses d’injection pour la production de bouchons et 4 machines de parachèvement pour une production totale de 550 millions de tubes extrudés, 220 millions de tubes laminés et 1,2 milliard de bouchons par an. Tout cela pour un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros. Mais atteindre ces chiffres ne se fait pas sans une extrême rigueur. « Nous sommes audités très souvent, que cela soit par les organismes de certification ou même par nos clients. En tout, chaque année, nous avons 27 jours d’audits pour toutes les normes à respecter : ISO 14 000, 9 001 et 45 001. Par ailleurs, nous sommes en train de travailler sur la dernière, la certification 15 343 qui porte sur la partie traçabilité et recyclage, norme de plus en plus demandée par les clients espagnols et italiens. »

En effet, « pour tout matériel qui ne sera pas émis par une entreprise certifiée RecyClass et notamment qui est régie par la norme EN 15 343, les taxes vont être assez importantes. Donc les clients nous demandent de nous faire certifier pour éviter ces taxes », précise Mathieu Dufrenne, Directeur Qualité et HSE.

« On travaille depuis de nombreuses années sur la RSE et sur la maîtrise de nos coûts d’énergie avec une réduction de 33% de notre consommation d’électricité (depuis 2015). La mise en place d’éclairage à LED, le changement de presse hydraulique vers des presses électriques, le calorifugeage des vis d’extrusion, le remplacement de certains vernis thermiques vers des vernis UV, la généralisation de l’éco-design, l’éco-conception pour consommer le moins de plastique possible sont autant de changements que nous avons effectués. » Albéa Tubes a ainsi mis en place plusieurs innovations comme la diminution du poids d’un tube de 3,5 grammes à 1,7 gramme ! « On est vraiment sur cette démarche de consommer moins de plastique. »

Des tubes éco-conçus à base de papier

Depuis 2018, Albéa Tubes a breveté plusieurs innovations comme le tube éco-conçu avec l’utilisation de matière recyclée et l’incorporation de papier. « Nous sommes un des seuls groupes à avoir une telle dynamique sur les nouveautés et sur la Recherche et Développement. On a une grosse force de frappe avec nos équipes mondiales. On teste et on met en route avec nos clients », fait savoir Sébastien Renault qui rappelle qu’Albéa Tubes produit des emballages allant de 5 à 500 millilitres.

Coté innovation, l’entreprise met en place une nouvelle technologie « où on vient extruder une jupe avec le maximum de PCR (Post-Consumer Recycled ou Post-Consumer Resin, c’est-à-dire les matériaux recyclés post-consommation, ndlr.) et où on vient recouvrir le tube d’un film plastique PE de façon à avoir du monomatière pour pouvoir le recycler derrière et permettre une décoration Prémium en utilisant le maximum de PCR. Nous avons un certain nombre de récompenses aujourd’hui que ce soit par l’ETMA par exemple, qui est l’association des Fabricants de tubes européens, le Salon du Packaging de Paris (Salon PCD). Donc nous avons une vraie reconnaissance de nos pairs sur les différents tubes que nous produisons », se félicite celui qui est aussi Directeur des Opérations Tubes Europe et qui obéit aujourd’hui à la devise des « 3R » préconisée dans le monde de l’industrie : « Reduce, Reuse, Recycle ».