Alain Di Crescenzo : « Si nous prenons 33 %, je démissionne »
Économie. Le président national des CCI en colère face à la baisse récurrente des moyens alloués au réseau et qui met en péril leur survie.
« Qui va soutenir les entreprises dans la période de crise qu’on n’a jamais connue en dehors des périodes de guerre ? ». Plus motivé que jamais pour défendre la cause des CCI, le président Alain Di Crescenzo s’insurge contre les coupes budgétaires qui reviennent chaque année et mettent le réseau des Chambres de commerce et d’industrie en danger. En visite à la CCI de Troyes et de l’Aube, le président a rencontré les parlementaires, les collectivités et quelques entrepreneurs.
« C’est une aberration, c’est injuste, c’est tout ce que vous voulez. Cette année, ils envisagent 175 millions d’euros de baisses de taxes auprès des Chambres. Ce qui veut globalement dire qu’on doit licencier à peu près 3 000 personnes. C’est la fin du réseau ». L’homme qui a créé et dirigé des entreprises dans le monde entier, devenu leader mondial avec IGE XAO, peine à recevoir des leçons. « Qu’on respecte le travail de nos collaborateurs, de nos élus et de nos entreprises. ».
La coupe est pleine
Alain Di Crescenzo estime avoir contribué à l’effort national avec un prélèvement de 100 millions d’euros sur fonds de roulement sur quatre ans. Les CCI ont restitué 40 millions d’euros l’an dernier et cette année 20 millions. Tenant leur engagement, elles s’apprêtent à retourner deux fois 20 millions selon la trajectoire fixée. Pourtant, chaque année, elles sont montrées du doigt lors de l’élaboration du budget national et c’est le retour à la case départ. « Je passe donc un tiers de mon temps à me battre contre les miens, à supplier de nous laisser vivre, alors que je devrais me battre pour aider l’économie française. »
La coupe est donc pleine pour le président du réseau. Il souligne d’ailleurs être le seul établissement public de l’État soumis à des conventions d’objectifs et de moyens, à être évalué par les préfets, audité sur la qualité, noté par la DGE sur toutes les missions menées. « Plus de 100 % des objectifs sont réalisés. Nous avons réalisé 66 % d’économie et on vient nous taper ! »
Les Chambres de commerce fonctionnent avec une taxe de 525 millions d’euros qui émane... des entreprises. « Ce n’est pas la fiscalité des personnes. Nous avons retourné au moins 2,4 milliards d’euros de création de valeur l’an dernier. Nous avons payé 450 millions d’euros d’impôts et taxes, avons investi 500 millions d’euros dans nos infrastructures, ce qui fait travailler des gens, et nous nourrissons 14 000 familles. » Bien notées par les préfets et par l’État, le président ne comprend pas l’acharnement et entend bien se battre.
« Il est hors de question qu’on perde notre combat. Si nous prenons 33 %, je vais partir. Je ne vais pas rester là et faire un plan social de 3 000 personnes, surtout que de l’autre côté, ceux qui donnent des leçons ne virent personne. On ne va pas nous expliquer à nous comment faire le job que les autres ne veulent pas faire. J’ai tout essayé pour les comprendre, mais je ne peux pas accepter de prendre des décisions antiéconomiques et anti pays. Alors, nous allons nous battre avec nos députés et nos sénateurs. Je les ai rencontrés sur ce territoire, avec les collectivités locales. Ils nous soutiennent pour faire en sorte que la promesse de l’État soit respectée ».