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15 M€ investis à Juniville par la Chanvrière de l’Aube

Industrie. Leader européen de la transformation du chanvre industriel, l’entreprise auboise, acteur exclusif d’une filière végétale en plein essor, va se déployer dans les Ardennes où elle créera un nouveau site de transformation du chanvre.

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Photo de chanvre
Le chanvre est une fibre naturelle végétale très résistante qui s’adapte au mieux aux sols et aux climats et s’invite dans beaucoup de secteurs d’activités. (Crédits : PR)

La Chanvrière a décidé de passer un nouveau cap. Arrivée une première fois à saturation dans son ancienne unité de Bar-sur-Aube (50 000 tonnes de paille transformée) puis aussi à Saint Lyé (10), où elle avait pourtant regroupé deux lignes de production qui à leur tour étaient arrivées au plafond de leurs capacités, l’entreprise auboise va créer une seconde usine dans les Ardennes.

50 000 tonnes de chanvre à traiter par an

La coopérative agricole auboise installera une troisième ligne de transformation, à Juniville, afin d’y traiter 50 000 tonnes supplémentaires par an, qui viendront s’ajouter aux 80 000 tonnes produites actuellement dans l’Aube. Après s’être attelé ces derniers mois à trouver un nouveau lieu d’implantation pour le développement du chanvre et exploré plusieurs pistes marnaises (Suippes, Châlons-en-Champagne) et ardennaises (Tagnon, Châtelet-sur-Retourne), les dirigeants de la Chanvrière ont fini par trouver le terrain adéquat dans cette ville du sud des Ardennes.

« À partir de la paille de chanvre, nous allons extraire la fibre qui se trouve en périphérie de la tige pour produire plus de 30 000 tonnes de fibres par an », explique Benoit Savourat le porteur de projet.

Entre quinze et 20 emplois

Cette unité de défibrage prendra donc place dans la vallée de la Retourne sur un terrain d’une superficie de cinq hectares, situé sur une zone artisanale appartenant à la communauté de communes du Pays Rethélois et correspondant parfaitement à ce programme ambitieux.

« Notre conseil d’administration a validé le projet il y a un an. L’objectif est maintenant de déposer le permis de construire fin 2025, de commencer à construire des bâtiments de transformation, de défibrage et de stockage en 2026, pour réaliser les premiers essais et démarrer la production industrielle fin 2027 », détaille Benoit Savourat. La direction est actuellement encore en réflexion et dans les arbitrages des équipements pour savoir dans quelle mesure elle réalise un site évolutif. « Nous avons encore plusieurs questions à résoudre. Mais au minimum, il s’agira d’un investissement de quinze millions d’euros avec la création de 15 à 20 emplois. Cet effort est indispensable pour optimiser notre outil de production et garantir la sécurité de nos marchés. »

À moyen terme, les agriculteurs des diverses zones d’approvisionnement de la Chanvrière dans la Marne, les Ardennes et l’Aisne orienteront leurs pailles vers Juniville.

Les multiples usages du chanvre

Fondée en 1973, longtemps seule dans le paysage au point d’avoir été l’unique entreprise de transformation du chanvre en Europe, la Chanvrière a actuellement une capacité de traitement de 80 000 tonnes en s’appuyant sur 780 adhérents (producteurs et agriculteurs), produit entre 12 et 15 000 hectares de chanvre par an, emploie 75 salariés sur son site aubois et réalise un chiffre d’affaires de 47 millions d’euros. La coopérative installée à Saint-Lyé concentre 25 % de la production européenne et 75 % sur le plan national. Après avoir utilisé le chanvre dans la papeterie, la Chanvrière a progressivement trouvé d’autres débouchés pour la plante : dans les papiers spéciaux, fins et résistants, la plasturgie (pour remplacer les fibres de verre dans les composites), les métiers du textile et même la construction dans la fabrication de mortier et de béton.

Le chanvre industriel intervient également dans la litière animale, l’alimentation, la cosmétique, la jardinerie et la biomasse, comme dans l’élaboration d’isolants. « Autant de débouchés pour valoriser au mieux la production des agriculteurs ainsi que tous les constituants de la plante : la fibre extérieure, la partie ligneuse et la graine », insiste Benoît Savourat, devenu référent dans une filière qui fait face à une demande accrue.