Collectivités

Vatry, le grand regret des six années de présidence de Christian Bruyen

Département. Élu sénateur, Christian Bruyen vient de présider pour la dernière fois une séance plénière du Conseil départemental de la Marne. Au terme de quasiment six ans à la tête du Département, il fait un bilan assumé de son travail au service des solidarités humaines et de l’équilibre des territoires. Il range au placard, dans l’optique de sa succession, les querelles entre élus rémois et non-rémois et dit son grand regret de n’avoir pu boucler le dossier Vatry.

Lecture 6 min
Photo de Christian Bruyen
Christian Bruyen : « Mon grand regret de six ans de présidence : ne pas avoir pu mener à bien le redécollage de Vatry. » (Crédit : GD)

Vous revoilà siéger au rang des conseillers ?

C’est assez complexe dans mon esprit, parce que je vais toujours siéger à l’Assemblée en tant que conseiller départemental, ce que je suis depuis 22 ans, dans la discrétion, tout comme l’a déjà fait mon prédécesseur, René-Paul Savary. Pourquoi ce choix ? Je crois qu’il est important pour un parlementaire de conserver un certain ancrage territorial. D’un autre côté, je vais démissionner de mon mandat de conseiller municipal de Dormans, un siège que j’ai occupé durant 28 ans.

Avec un peu de nostalgie quand même ?

Pas véritablement même si quitter la présidence de la Marne est un véritable crève-cœur. Six ans de présidence, cela me paraît un peu court.

Et la fierté d’avoir œuvré pour un véritable sentiment départementaliste ?

Je pense à notre travail commun en faveur des solidarités humaines, le fond de la mission du Département, sans oublier notre engagement dans les grands sujets d’avenir, comme la transition écologique, la jeunesse avec une passion pour la vie des collèges. Je n’oublie pas également mon engagement pour faire réussir la solidarité entre les territoires ruraux et les territoires urbains.

La campagne a besoin de la ville et la ville a des envies de campagne. J’ai essayé d’harmoniser ce paysage partagé. Des envies de Marne chez les Marnais ? J’ai la faiblesse de penser que j’y suis pour quelque chose, avec tous les élus, parce que le « Tous ensemble » a toujours été notre priorité.

Six ans après, un rendez-vous manqué, un regret ?

Un regret très important ? Que l’aéroport de Vatry n’ait pas pu décoller sous ma présidence. D’autant que je sens aujourd’hui que l’on n’est pas loin de réussir. La crise sanitaire et la conjoncture internationale ont entravé nos efforts. Et puis la genèse. À l’époque cet outil, comme ayant été la danseuse du Département, n’était pas un bon état d’esprit du point de vue économique. Les autorités nationales de l’aviation et le Gouvernement nous considèrent mieux aujourd’hui.

Cet aéroport a un intérêt pour la France entière, ne serait-ce qu’en considérant les exigences de la transition énergétique ou les nuisances aux populations. Les échanges avec des partenaires potentiels comme Aéroport de Paris, contraint de ne plus augmenter ses vols, évoluent dans le bon sens. Il va falloir changer la donne et permettre à toutes les compagnies aériennes mondiales de mettre Vatry sur le catalogue des leurs destinations.

L’aéroport de Vatry, maître de son avenir ?

Nous y travaillons et notamment sur le portage juridique de l’aéroport. Trois cabinets spécialisés vont rendre leurs conclusions fin novembre et nous proposer un changement radical pour sortir de l’établissement public qui nous interdisait jusqu’ici tout partenariat avec le privé. Et après ? Aller chercher, enfin débarrassé du statut public de l’aéroport, des investisseurs privés, en France et ailleurs.

La Chine, encore d’actualité ?

Le Directeur Général des Services est allé en Chine tout récemment. Il s’agit, cette fois-ci, de développer des échanges commerciaux avec l’aéroport de Shenzhen et des transporteurs de fret et non de chercher des investisseurs. On peut penser qu’avant la fin de l’année d’autres contacts avec la Chine sont possibles. Mais cela dépendra des décisions de mon successeur.

Vatry sous pavillon chinois, c’est fini ?

Oui. Notre priorité est de demeurer un aéroport français, mais pas un outil moribond. Il faut conserver un minimum d’activité pour ne pas perdre nos agréments. J’espère que nos partenaires territoriaux nous suivront encore pour permettre le financement de notre fonctionnement. Nous devrions être encore aidés en 2024.

Autre Président du Département, autre politique vis-à-vis de Vatry ?

Je ne le pense pas.

Le bilan 2023 de l’aéroport s’annonce assez faible ?

Nous sommes passés de 115 à 70 salariés. Les perspectives d’activité à fin 2023 tournent autour de 8 000 tonnes de fret et d’un peu plus de 50 000 passagers.

Et pourtant, il faut tenir ?

Cet aéroport m’a fatigué. Mais, il est là. Si on le ferme, il continuera à nous coûter et peut-être encore plus cher. Ce serait dommage de ne pas tenir le coup lorsque les experts mondiaux imaginent un doublement du fret mondial dans les 20 ans à venir.

Un portrait-robot du futur Président du Conseil départemental de la Marne ?

Expérimenté avec un esprit départementaliste. Je ferai tout pour que la campagne, d’ici au 6 novembre, ne se réduise pas à un choix entre un élu rémois ou un non-rémois. Ces querelles ne sont plus d’actualité.

Et pourquoi pas une Présidente ?

Je me suis évidemment posé cette question. J’y ai cru, mais cela ne semble pas se faire.