Une présentation des Orientations Budgétaires 2025 qui masque la baisse des investissements dans le Grand Est
Budget. Fixer des Orientations budgétaires 2025 pour le Grand Est, alors que le Projet de Loi de Finances n’est pas encore abouti, Franck Leroy juge l’exercice délicat mais l’assume : « Pas question de retarder le cycle budgétaire … Nous relevons le défi financier proposé par l’Etat ».
Et d’abord le défi de faire mieux avec moins. Le Président Leroy assume la baisse demandée par le Gouvernement en matière de baisse de fonctionnement, tout en espérant une atténuation des -5% envisagés. Le Grand Est prendra sa part dans le redressement des finances nationales.
En huit heures de débats et une quinzaine de rapports, dans l’incertitude totale de la hauteur des prévisions de coupes budgétaires, les élus régionaux ont abordé, entre autres, une Décision Modificative N°2 en baisse, en recettes et donc en dépenses, la situation de l’égalité entre femmes et hommes, le programme pluriannuel de formation professionnelle initiale, des mesures nouvelles du Pacte des ruralités, les avancées en matière de développement durable, la mise en oeuvre de contrats pour la viticulture et l’apiculture ou encore la création d’un Observatoire de l’eau.
1 600 M€ pour la 2eme année du contrat avec la SNCF
Le chapitre des mobilités affiche une dépense prévisionnelle de 1 600 M€, dont 500 M€ en investissement, dépense qui concerne très majoritairement le ferroviaire. 2025 est la deuxième année du contrat de la Région avec la SNCF, contrat à terme en 2033. En matière de fréquentation, la fréquentation des trains augmente de 9% sur un an. L’investissement dans les mobilités, résolument décarbonées, englobe le matériel roulant, les ateliers de maintenance, les lignes ferroviaires de dessertes fines, le déploiement des SERM, Services Express Régionaux Métropolitains, dans un premier temps Strasbourg, Lorraine-Luxembourg et l’étoile de Mulhouse, en attendant un peu plus tard l’étoile de Reims, les lignes capillaires de fret et le transport routier de passagers (lycéens et commerciaux). La Région rappelle en la matière son projet de contribution d’usage pour les poids lourds en transit, dès 2027 sur les axes RN4 et A31, avec des recettes estimées à 1 Md€.
En matière de jeunesse, emploi et formation, la Région prévoit une dépense globale de 1 070 M€, dont 300 M€ en investissement. Ce chapitre concerne, entre autres dépenses, la politique des lycées durables, le plan régional internat-restauration, le programme ADAGE en faveur des produits locaux dans la restauration des lycées et la poursuite du dispositif Lycée 4.0, en faveur de la distribution gratuite d’ordinateurs aux lycéens. Sur ce chapitre figure l’accompagnement des entreprises, sur les volets économie, emploi et formation, la plateforme apprentissage des langues, l’accompagnement formation du secteur sanitaire et social, ainsi que la mise en place dans les maisons de la Région de chargés de mission pour l’orientation.
Le renforcement du pacte pour les ruralités
L’attractivité des territoires, principalement portée par le Pacte des ruralités, sera doté de 250 M€, dont 145 M€ en investissement. Les dépenses sont ici dirigés en faveur des politiques de transition énergétique et d’adaptation au changement climatique, en faveur de l’accès aux soins des territoires défavorisés par la déprime médicale (70% de la région) et au soutien des centres de santé déjà installés ou en projet. Le chapitre ressources et moyens de la Région représente 560 M€ en dépenses, dont 245 M€ en investissement. Il intéresse le fonctionnement écoresponsable de l’administration régionale, la mobilité durable des agents, la stratégie numérique responsable, la transition énergétique des bâtiments administratifs. Sur ce chapitre figure le projet d’installation d’ombrières (photovoltaïque sur les parkings) devant équiper la Maison de la Région de Châlons-en-Champagne. Toujours dans le domaine des dépenses, l’investissement, cheval de bataille du Conseil régional, est annoncé « préserver un niveau au plus haut » et son chiffrage diffère selon les sources : plus d’un milliard d’euros dans un dossier de presse, 1,6 Md€ dans le rapport des Orientations Budgétaires, contre près de 1,9 Md€ au budget 2024, chiffrage correspondant à une augmentation de 7,4%. Des approximations correspondant bien à cette réalité évoquée par le Président Franck Leroy en séance plénière, compte tenu d’un Projet de Loi de Finance toujours en gestation : « Nous sommes dans le brouillard ».
Une baisse de l’investissement mise en sourdine
Est-il possible d’en savoir plus ? C’est Marc Sebeyran, Vice-président aux finances qui apporte certains éclairages sur cette esquisse de futur budget, « Sous le signe de l’instabilité et de l’incertitude ». Ce dernier rappelle le manque de recettes de 135 M€, fichage d’un ensemble de recettes moindres et de dépenses nouvelles, et évoque une capacité d’investissement exceptionnelle et la mentionnant à hauteur de 1,7 Md€. Donc un investissement projeté en baisse de 10,5%. Et si l’on s’en tient à la projection visuelle proposée aux élus lors de la séance plénière, 1 677 M€ en 2025, contre 1 978 M€ en 2025, une baisse en réalité de 15%. Pour la première fois depuis sa création, le Conseil Régional du Grand Est annonce une baisse de son investissement, après les fortes hausses de 18% en 2021, 15% en 2023 et 20% en 2024.
Chacun ses sources. En matière projet de baisse budgétaires des élus de l’opposition de l’opposition notent : -40 M€ sur le chapitre Jeunesse, emploi et formation, -80 M€ pour les mobilités, -10 M€ pour la transition énergétique ou encore -35 M€ pour l’attractivité des territoires. La palme de la contradiction portée à la Majorité revient à Bernard Masson, conseiller de la Gauche solidaire et écologiste, qui flaire un futur budget à la baisse, en demandant où sont les coupes correspondant au manque de recette de 135 M€, annoncé par Franck Leroy. S’adressant au Président, il remarque cette contradiction : « Vous dites, Monsieur le Président être opposé à la suppression de 100 000 emplois dans les collectivités locales et vous avouez vouloir reporter les recrutements envisagés à la Région. Cela s’appelle de la réduction d’effectifs. Vous écrivez également dans votre rapport envisager la baisse des subventions de fonctionnement aux associations. Mais ici vous ne le dites pas. Vous critiquez le Projet de Loi de Finances, mais vous soutenez le Gouvernement ». La réponse très mesurée vient de Marc Sebeyran : « Les Orientations Budgétaires, d’ailleurs sujettes à évolution, ne sont pas le budget ». Il faudra donc attendre les 12 et 13 décembre pour en savoir plus en découvrant le Budget Primitif 2025 de la Région Grand Est.