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Un réseau de chaleur ambitieux pour le Grand Reims

Energie. La pose de la première pierre du générateur Bois B de la chaufferie du Grand Reims, plus grand chantier de ce type dans le Grand Est, a été l’occasion d’exposer l’ambition de la Communauté Urbaine : devenir un territoire exemplaire pour l’utilisation des énergies renouvelables.

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Pose de la première pierre, de gauche à droite : Fabien Petit, Président de Plurial Novilia, Catherine Vautrin, Présidente du Grand Reims, Yann Rolland, Directeur général délégué ENGIE Solutions, Jérôme Betton, Directeur régional Grand Est ADEME.

L’actuel réseau de chaleur du Grand Reims, équipement mis en service en 1973, dessert en chauffage et eau chaude sanitaire les logements des bailleurs sociaux des quartiers Croix-Rouge et Val de Murigny, le CHU, la Ville de Reims et des équipements gérés par des organismes publics et privés. Il fournit l’équivalent chauffage de 17 000 logements. L’actuel chaufferie fonctionne à partir de l’incinération des déchets du Centre de Valorisation Energétique géré par Remival et de générateurs (charbon, bois de plaquettes de catégorie A issu des forêts dans un rayon de 100 à 150 kilomètres, gaz et fioul domestique).

La répartition de la fourniture d’énergie au réseau de chaleur du Grand Est se résumait jusqu’ici ainsi : 46% de l’Unité de Valorisation Energétique (UVE), 23% de biomasse, 21% de gaz et fuel domestique et 14% de charbon. L’opération engagée par le Grand Reims doit aboutir à un mix énergétique à 90% renouvelable, soit 47% UVE, 42% biomasse et 11% gaz et fuel domestique, donc un quasi-doublement de la seule biomasse. Rappelons que l’Unité de Valorisation Energétique récupère, entre autres, la chaleur de l’incinération des déchets ménagers et assimilés du Grand Reims.

L’opération globale vise trois chantiers : le renforcement de récupération de chaleur fournie par l’UVE, l’installation d’une chaufferie biomasse Bois B et l’extension du réseau de chaleur du Grand Reims, globalement de 16 à 20 km. Le nombre d’abonnés au réseau de chaleur passera à 20 000 équivalents logements. Le déploiement concerne le quartier des Châtillons (logements collectifs, résidences Kerguelen gérées par Plurial Habitat, cinq écoles, une salle municipale, trois équipements sportifs, des bâtiments du Département de la Marne, dont un collège et l’Aide sociale à l’enfance).

La nécessité d’une chaufferie Bois B, bas carbone

La décision de construction a été prise à l’unanimité en décembre 2020 par le Conseil communautaire du Grand Reims. Les travaux de terrassement ont débuté au printemps 2021 et la livraison du générateurs Bois B ainsi que le raccordement des nouveaux abonnés des Châtillons sont prévus pour le début 2022. La mise en service est fixée à l’automne 2022. Précisons que le Bois B concerne le bois de récupération issu de déchets d’ameublement, de commerces et de chantiers, provenant d’un rayon le plus court possible. Valoriser ce bois, jusqu’ici destiné à l’export ou à l’enfouissement, est également l’occasion de créer une filière locale de traitement des produits bois en fin de vie.

La chaudière Bois B du Grand Reims, un chantier de 20 M€.

Le taux d’énergie renouvelable et de récupération sera porté à 90% dès la mise en service, contre 60% actuellement. Une des idées de cette utilisation du bois est de revenir à un fonctionnement circulaire et de proximité des énergies. L’arrêt définitif de l’utilisation du charbon va correspondre à une réduction conséquente des émissions atmosphériques : dioxyde de carbone divisé par six, oxyde de soufre par 8, oxyde d’azote par 2,5 et particules fines par 5.

« Nous devançons les échéances de la loi de Transition Energétique et de Croissance Verte »

Pour le Grand Reims, « cette opération autour du Bois B s’inscrit pleinement dans le projet de territoire. L’intégration durable du réseau de chaleur dans le tissu urbain rémois et le recours à des énergies renouvelables et de récupération contribuent notablement à l’atteinte des objectifs environnementaux de la Communauté Urbaine, à la réalisation du Plan de Protection de l’Atmosphère et de sa stratégie bas carbone établie à l’horizon 2025 ».

Plurial Novilia, principal bénéficiaire de l’extension du réseau de chaleur

Le bailleur social Plurial Novilia, qui représentait 13% des abonnés du premier réseau de chaleur, est tout particulièrement concerné par l’extension du réseau dans le quartier des Châtillons, un quartier dans lequel il gère 2 000 logements, pour une extension du réseau d’environ 3 000 équivalents logements. Son Président, Fabien Petit précise la valeur ajoutée au patrimoine : « Combiner avec nos travaux de réhabilitation, ce raccordement va nous permettre d’apporter une vraie valeur ajoutée, un meilleur confort pour le bien-être et une baisse des charges pour le porte-monnaie. À terme, nous devrions pouvoir atteindre une baisse des consommations de près de 40% sur le seul quartier des Châtillons. À cet égard, nous sommes ravis du partenariat qui nous unit avec le Grand Reims ».

Le Grand Reims veut devenir un territoire de référence

Catherine Vautrin, Présidente du Grand Reims, insiste sur l’ampleur de cette réalisation : « C’est le plus grand projet de chaufferie bas carbone du Grand Est et l’un des plus importants de France ». Elle précise une conséquence économique : « La création sur le territoire rémois d’une filière de recyclage en circuit court avec une vingtaine d’emplois à la clé, directs ou indirects… La garantie d’un prix de chaleur maîtrisé, notamment pour les bailleurs sociaux… ». La Présidente du Grand Reims rappelle l’ambition du territoire : « Nous devançons les échéances de la loi de Transition Energétique et de Croissance Verte » et évoque l’avenir vert en citant une extension faisable du réseau de chaleur verte en direction d’autres quartiers : Orgeval, Saint-Remi, Europe, Port Colbert, Wilson-Sainte-Anne… .

Les collectivités sont tout particulièrement concernées parce qu’elles sont responsables directement de 15% des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, cette précision du Grand Reims : le financement de l’opération (19,8 M€ pour la chaufferie et 1,65 M€ pour l’extension du réseau) est porté à hauteur de 8,97 M€ par l’ADEME, Agence de la transition écologique, et le FEDER, Fonds Européen de Développement Régional.