Collectivités

Un habitat durable à la place de la clinique Saint-André

Urbanisme. Le projet de requalification du site de l’ancienne clinique Saint André, devrait marquer une étape importante dans la volonté de la Ville de Reims et du Grand Reims de promouvoir un habitat encore plus durable, plus vert et plus raisonné.

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Arnaud Robinet : ” Il faut en finir avec le collectif à outrance, surtout sur des sites aussi remarquables que celui-ci”. DR

Cette visite de l’ancienne clinique Saint André de Reims aurait pu être banale, loin s’en faut. Et pour plusieurs raisons. La première tient en cette obsession de la majorité des acteurs de l’immobilier : l’emplacement. Ici un terrain de 1,4 hectare au bas du boulevard de la Paix, ouvrant sur la rue de l’Écu, à quelques centaines de mètres de la Cathédrale.

Une opportunité qui a fait en son temps l’objet de nombreuses convoitises. La deuxième tient aux 25 000 m2 de plancher aménageables, une affaire à la vente estimée, en maintenant les surfaces, à plus de 70 M€. La troisième, au coeur de cette visite, est que l’actuel propriétaire de cette friche urbaine est, via Agencia, la Communauté Urbaine du Grand Reims qui détient 60% des parts de cette SAEM, aux côtés d’un pool bancaire à 20% et d’autres associés, et qui entend bien faire de ce projet une réalisation exemplaire de la ville de demain.

« La requalification d’une friche en centre-ville, dans une logique d’habitat de petite taille, est une première à Reims »

Place à l’imagination devant ce chantier en devenir qui suppose des bâtiments en réhabilitation, ce sera le cas de l’ancienne maternité, rue de l’Écu, et de la façade patrimoniale, boulevard de la Paix, occupée jadis par l’Automobile Club de Champagne et pour la maison de maître adjacente qui abrita l’administration de l’ancienne clinique, et des démolitions pour le reste du site. Les temps changent : on ne démolira pas pour simplement reconstruire. La démolition affiche d’emblée la volonté des élus locaux : un chantier emblématique des exigences en matière d’environnement.

Remettre de la nature en ville

Un message fort à quatre voix. Celle du chef de projet d’Agencia, Grégory Genet : « Nous allons opérer une dépose sélective des matériaux en vue d’une vente éphémère des menuiseries et des faux plafonds, réutilisables… La reconstruction vise à limiter l’étalement urbain et à afficher une ambition environnementale, comme une vitrine de la ville de demain ». Celle de l’architecte et urbaniste Martin Duplantier, lauréat de ce projet : « La ville sur la ville, c’est de la dentelle et du patrimoine à préserver… Nous allons végétaliser un site entièrement asphalté dans un projet majoritairement pavillonnaire avec une grande diversité d’habitat non-standard et l’utilisation massive de matériaux biosourcés ».

Martin Duplantier, architecte des Villas Rémoises : "Un projet pilote pour la ville de demain". DR

Pour en savoir un peu plus, direction la plaquette du cabinet Debarre Duplantiers Associés : « Les Villas Rémoises, jardins, toits terrasses, rez-de-ville actifs, espaces publics et mode d’habiter non-standard ». Celle de Catherine Vautrin, la Présidente du Grand Reims : « La requalification d’une friche en centre-ville, dans une logique d’habitat de petite taille, est une première à Reims… De plus, ce projet ne s’adresse pas aux investisseurs mais à des futurs propriétaires occupants, Rémois ou venant s’installer à Reims » Celle du Maire de Reims, Arnaud Robinet « Il faut en finir avec le collectif à outrance, surtout sur des sites aussi remarquables que celui-ci… Reims Nature suppose que nous soyons capables d’offrir à chaque rémois un espace vert à trois cents mètres de chez lui ».

Reims, la future ville du quart d’heure

Durant cette visite, Arnaud Robinet et Catherine Vautrin ont évoqué la ville du quart d’heure, un concept élaboré par l’universitaire franco-colombien Carlos Moreno, adopté par le Réseau mondial des villes (C40) et qui intéresse des villes comme Paris, Bordeaux ou Rennes et au-delà Melbourne, Ottawa ou Copenhague. La vision est celle de la ville de proximité, celle dans laquelle on trouve tout le nécessaire à quinze minutes de chez soi à pied ou cinq minutes à vélo : faire ses courses, s’amuser, se cultiver, se soigner, faire du sport… L’idée centrale du concept est d’éviter de subir la mobilité, pour réduire l’impact environnemental et climatique. Pour Carlos Moreno, en quête de ville heureuse, la ligne de conduite peut se résumer ainsi : « Ce dont nous avons besoin, est le pouvoir d’imaginer nos lieux de vie ».

La Ville de Reims et le Grand Reims font le pari de la ville vivante. Les travaux de démolition vont durer une bonne année, période qui permettra la définition exacte du projet architectural. La construction prendra au moins deux ans. Les finances suivent : la Banque des Territoires a couvert une partie du coût du foncier pour 9 M€ et s’apprête à participer à une prochaine augmentation du capital d’Agencia, la SEM à laquelle « elle accorde toute sa confiance ». « Les Villas Rémoises », imaginées par les architectes, deviendront-elles le premier maillon de la Ville du quart d’heure ? À suivre.