Collectivités

Un gymnase éco-construit et bioclimatique pour Val-de-Vesle

Équipement. La mairie de Val-de-Vesle (Marne) a ouvert le chantier de son futur gymnase. Un équipement bioclimatique et éco-construit, qui en fera le premier gymnase passif certifié de France.

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Photo du gymnase de Val-de-Vesle
Doté d’une ossature bois, isolé avec de la laine de bois (épaisseur de 40 à 60 cm), portant 80 panneaux photovoltaïques et comportant plus de 40 fenêtres triple vitrage certifiées passives, le gymnase de Val-de-Vesle devrait être livré d’ici la fin de l’année. (Crédits : ND)

« Gouverner c’est prévoir », rappelait le Président du Département de la Marne, Jean-Marc Roze. Une réflexion que ce dernier connaît bien, tant l’équilibre budgétaire est compliqué à atteindre pour les collectivités. Mais de finances, cette fois-ci, il en aura été question dans le bon sens du terme, puisque ce projet ambitieux a été subventionné à plus de 78%. C’est pourquoi les représentants de toutes les entités accompagnatrices étaient présents pour cette visite, afin de constater le bon usage de leurs deniers. Ainsi, sur un coût global de 4 millions d’euros, l’Europe aura accordé – via le Fonds FEDER – 1,1 million d’euros ; l’État a pour sa part engagé 871 000 euros quand la Région Grand Est et le Département de la Marne auront versé chacun de leur côté, 318 000 euros et 499 000 euros. Enfin, le Grand Reims a contribué à hauteur de 84 000 euros. Des sommes conséquentes, mais nécessaires car « pour une commune de 1 000 habitants, il aurait été tout simplement impossible de financer un tel projet sans le soutien fort de nombreux partenaires », insiste le maire de Val-de-Vesle depuis 2014, Serge Hiet. « Un gymnase classique aurait sans doute coûté moins cher », reconnait Franck Leroy, président de la Région Grand Est, en précisant dans la foulée « mais il aurait été moins ambitieux et aurait aussi reçu moins de subventions ».

Meilleur village pour la biodiversité

Le Fonds de soutien aux investissements communaux porté par la communauté urbaine du Grand Reims est doté d’un budget de 6M€ permettant d’accompagner les projets de 142 communes (Crédits : ND)

En effet, les aides ne sont pas automatiques, et pour les obtenir, il faut cocher un certain nombre de cases, à savoir : l’innovation, la qualité et la durabilité. Un cahier des charges parfaitement respecté par la mairie de Val-de-Vesle, qui, depuis plus de 10 ans, est fortement engagée dans le respect de l’environnement et le développement de la biodiversité. Depuis son arrivée à la tête de la commune, Serge Hiet s’est engagé à recréer des espaces naturels non seulement pour le respect de la planète mais aussi pour le confort des habitants. « Nous avons restauré 25 hectares d’une ancienne peupleraie. Concrètement, nous avons rouvert ce marais, afin qu’il retrouve ses fonctions naturelles premières : le stockage du carbone mais aussi son rôle d’éponge. Il retient l’eau et la restitue progressivement aux deux rivières qui bordent le site de chaque côté. C’est une des premières actions que nous avons menées », explique-t-il. « Ensuite, nous avons planté énormément d’arbres. Aujourd’hui, nous disposons de trois parcs qui remplissent des fonctions essentielles : jardins de pluie et îlots de fraîcheur. Nous avons aussi créé des vergers communaux, en y plantant près de 150 arbres fruitiers anciens. Par ailleurs, nous avons replanté deux à trois kilomètres de haies, et nous avons creusé des mares, dans une logique de reconstitution des corridors écologiques. » Des actions très ambitieuses qui ont valu à la commune de recevoir le Prix du « Meilleur village pour la biodiversité » en 2021.

Un gymnase « exemplaire »

Dans la droite lignée de toutes ses actions, c’est donc en montant un projet « exemplaire », que la marie de Val-de-Vesle a imaginé son futur équipement. Trois grandes conditions ont guidé ce projet comme l’a détaillé Serge Hiet : Peu énergivore, coût de fonctionnement faible et parfaite étanchéité à l’air. « C’est un bâtiment couvert de 80 panneaux photovoltaïques qui viendront s’ajouter aux 120 déjà installés sur d’autres bâtiments communaux. Il aura un coût de fonctionnement très faible car il n’utilisera aucun chauffage conventionnel (ni fioul, ni gaz, ni bois) ce qui libèrera la collectivité des fluctuations de prix liées aux énergies fossiles. » Le futur gymnase consommera moins de 15 kWh/m2/ an soit 85% de moins qu’un bâtiment classique. « Le bâtiment a été entièrement orienté vers le sud. C’est un principe fondamental en bâtiment passif : maximiser les apports solaires gratuits pour chauffer naturellement le bâtiment et le faire fonctionner grâce à l’énergie solaire, une ressource gratuite et renouvelable », indique Philippe Zulaica, architecte pour le cabinet Haïku architecture. La clé d’un tel projet réside également dans l’isolation et l’étanchéité à l’air, sur laquelle a particulièrement travaillé le cabinet : « Les façades sont réalisées en ossature bois préfabriquée, isolées avec de la fibre de bois biosourcée. Le bâtiment est également équipé de triple vitrage, ce qui renforce considérablement ses capacités d’isolation. Tous les ponts thermiques ont été supprimés grâce à une géométrie simple et optimisée du bâtiment. »

Pour couronner le tout, une toiture végétalisée de 800 m2 viendra parfaire la construction, excellente pour l’isolation thermique et acoustique mais également bénéfique pour la biodiversité. Concernant celle-ci, le bâtiment sera entouré d’un écran de verdure, avec des noues d’infiltration pour les eaux pluviales, des noues paysagères ainsi que des haies buissonnantes, qui offriront des biotopes adaptés à la faune locale. À terme, l’objectif est d’atteindre la certification passive, délivrée par la Fédération française de la construction passive.

  • (Crédits : ND)
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