Un Grand Est plus vieillissant et en forte perte de population à l’horizon 2040
Région. Entre 1999 et 2025, la progression démographique du Grand Est est l’une des trois plus faibles de France. Auparavant quatrième population hexagonale, la région recule de deux rangs au profit de l’Occitanie et de la Nouvelle Aquitaine. Le solde naturel régional est désormais négatif. D’ici à 2040, le Grand Est devrait perdre 212 000 habitants. Soit une baisse de 4% dans une France métropolitaine qui verrait sa population croître de 3%.

Entre 1999 et 2025, la population du Grand Est est passée de 5 387 509 à 5 544 051 habitants. Cette progression de 2,9% est une des plus faibles de la France métropolitaine, avec celles des Hauts de- France (+2,0%) et de la Bourgogne- Franche-Comté (+2,4%). Le Grand Est, quatrième place pour sa population en 1999 perd ainsi deux rangs au pro t des régions Occitanie (+28,1%) et Nouvelle Aquitaine (+17,7%). Dans une France métropolitaine qui gagne 13,7% en un quart de siècle toutes les régions progressent et notamment pour les plus remarquables, aux côtés de l’Occitanie, la Corse (+38,5%), les Pays de la Loire (+22,3%) et la Bretagne (+19,7%). Au 1er janvier 2025, le Grand Est pèse 8,3% de la population métropolitaine contre 9,2% en 1999.
Sur les dix départements de la région, et dans les 25 dernières années, cinq progressent : le Bas-Rhin (+14%), le Haut-Rhin (+8,2%), l’Aube (+6,4%), qui gagne 18 600 habitants, la Moselle (+2,7%), et la Meurthe-et-Moselle (+2,1%). Les baisse de population pour les cinq autres départements sont de 14,4% pour la Haute-Marne, 9,4% pour les Ardennes, 8% pour la Meuse, 7,6% pour les Vosges et 1,2% pour la Marne qui perd près de 6 700 habitants.
Début De La Décroissance Démographique Du Grand Est
C’est en 2020, démarrage de la crise Covid, que le solde naturel (naissances moins décès), du Grand Est s’est inversé, passant de +1 520 à -7 540. Ce solde résulte d’une baisse de 3,2% des naissances et d’une hausse de 13,8% des décès. Les soldes suivants, 2021, 2022 et 2023 sont également négatifs de 4 200, 7 100 et 7 800. Sur une plus grande échelle de temps, les naissances sont passées de 65 230 en 2010 à 47 600 en 2023 (-27%), les décès de 48 000 à 55 400 (+14,4%) et le solde de + 17 200 à – 7 800.
En évolution annuelle, entre 2021 et 2024, un seul département du Grand Est, le Bas-Rhin, affiche un score positif (+0,1%) pour son solde naturel. La Marne et le Haut-Rhin stagnent. Les moyennes annuelles baissent fortement, entre -0,3 et -0,5%, dans les départements les moins peuplés, la Haute-Marne, la Meuse, les Vosges et les Ardennes. En 2023, naissances et décès sont en baisse dans les dix départements, avec une moyenne régionale de -7,4% pour les naissances et de -5,3% pour les décès.
Quatre département connaissent les plus grosses baisses de naissances sur un an : la Marne (-10,7%), la Meurthe-et-Moselle (-9,9%), les Ardennes (-9,2%) et les Vosges (-8,7%).
Un Solde Migratoire Régional Plus Résistant
Durant la même période, l’autre composante de l’évolution démographique, le solde migratoire (différence entre les arrivées et les départs) est largement favorable à la Moselle et au Bas-Rhin, tous deux à + 0,4%, devant l’Aube (+ 0,2%). La Marne, la Haute-Marne et les Ardennes affichent - 0,1%. La stagnation globale de la population du Grand Est résulte d’un solde naturel négatif de 0,1% et d’un solde migratoire positif de 0,1%.
Dans son bilan démographique 2023, l’Insee recense l’indicateur conjoncturel de fécondité des régions métropolitaines. Le Grand Est (149 naissances pour 100 femmes de 15 à 50 ans) occupe l’avant dernier rang devant la Corse (128). Au-dessus de 170, le Centre-Val de Loire, Provence- Alpes-Côte d’Azur et Ile-de-France sont les régions les plus fécondes de la Métropole. Dans le Grand Est, la Haute-Marne et l’Aube s’avèrent les départements les plus féconds, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle les moins féconds.
Bilan 2024 : Une Population Stable Et Vieillissante
Dans son bilan au 1er janvier 2024, l’OREF, Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation, note : « Le Grand Est est une région vieillissante… Comme en Bourgogne- Franche-Comté, Hauts-de-France, Centre-Val de Loire et Normandie, le Grand Est fait partie des régions démographiquement les moins dynamiques. Les 45-74 ans y sont surreprésentés, ce qui va faire augmenter le vieillissement plus vite qu’en France dans les années à venir. Et ce, d’autant plus que les moins de 15 ans sont sous représentés ».
Pour l’OREF, les statistiques actuelles annoncent un horizon 2040 en berne démographiquement dans le Grand Est : une population en baisse de 4% (-212 000 habitants). Dans le même temps, la croissance métropolitaine est annoncée à +3,1%. L’indice de vieillissement – plus de 100 équivaut à une surreprésentation des personnes âgées de 65 ans et plus – toucherait tous les départements de la région dès 2030. Il n’en concernerait que deux en 2020 (Haute-Marne et Vosges).
Sur ce chapitre, la Marne (indice 84) est le département le plus jeune de la région, en 2020, avec le Bas-Rhin (83). Elle le demeure en 2030 (107) et occupe le 3e rang en 2040 (125), cédant le deuxième place à la Meurthe-et-Moselle. La part des 65 ans et plus était de 14,8% dans le Grand Est en 1999. Elle devrait passer à 28,8% en 2050. De 2020 à 2040, le Grand Est compterait 187 000 seniors de plus et 393 000 jeunes de moins de 15 ans en plus.
D’une Baisse Continue Des Naissances À Une Stabilité Projetée
Avec 47 600 naissances en 2023, le Grand Est affiche son plus bas niveau depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le nombre d’enfants par femme est de 1,49 en région et de 1,68 en France métropolitaine, loin du seuil de renouvellement (2,1). Entre 2010 et 2023, le nombre de naissances régionales a diminué de 27% ; soit six points de plus qu’en moyenne nationale. Selon les prévisions de l’Insee, les naissances devraient encore diminuer, avec cependant une baisse moins forte et une certaine stabilité dès 2026. Au total, cette baisse serait de 11,4% d’ici à 2040, avec une moyenne annuelle de 48 000 naissances.