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Un budget primitif 2026 de la Région Grand Est qui préserve l’investissement

Région. Le budget primitif 2026 du Grand Est, en très légère augmentation sur un an, réserve 40% de ses dépenses à l’investissement, entame une série d’économies, notamment sur les compétences partagées avec d’autres collectivités et s’ouvre des nouvelles recettes, comme celles à venir du versement mobilité des entreprises.

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Photo Région Grand Est
Principales caractéristiques de ce BP 2026 : des recettes de fonctionnement (2 939 M€) en légère hausse et des recettes d’investissement (593 M€) en baisse, avec comme conséquence un besoin d’emprunt de 594 M€, lequel représente 14% des recettes. (Crédits : GD)

Dans le langage politique, nous avions retenu qu’emprunt n’est pas un gros mot, au fil des images du propos préliminaire à la séance du BP 2026 du Président Leroy, nous pouvons ajouter : « Faire des économies n’est pas un gros mot ». De budget en budget, le refrain du trop de dépenses de l’opposition du Conseil régional laisse la place au trop d’économies. Quand les recettes baissent, quand l’Etat ponctionne encore dans les caisses de la Région : « 111 M€ en 2026, contre 78 M€ en 20253 », annonce Franck Leroy, quand « investir c’est construire l’avenir », reste à préserver le financement des compétences propres de la Région et à raboter du côté des compétences partagées, notamment du côté de la culture, du sport et des loisirs.

« Avec une progression de 0,85%, le budget primitif 2026 (4 137 M€) s’avère en deçà de l’inflation estimée à +1,3% », Marc Sebeyran, Vice-président délégué aux Finances, insiste sur la maîtrise des dépenses dans la présentation du rapport budgétaire. Avec, dans les grandes lignes : 1 631,8 M€ (39,4%) pour les mobilités, 1 034,9 M€ (25%) pour la jeunesse, l’emploi et la formation, 588,9 M€ (14,2%) pour les ressources et moyens, 526,7 M€ (12,7%) pour l’attractivité et 355 M€ (8,6%) pour la transition et les territoires.

Au total, un BP qui présente 1,67 Md€ en investissement (40%) et 2,47 Md€ en fonctionnement (60%). Principales caractéristiques de ce BP 2026 : des recettes de fonctionnement (2 939 M€) en légère hausse et des recettes d’investissement (593 M€) en baisse, avec comme conséquence un besoin d’emprunt de 594 M€, lequel représente 14% des recettes. 2026, historiquement dixième budget du Grand Est, méritait bien un comparatif, ce dont ne s’est pas privé Marc Sebeyran.

Un budget en progression de 60% sur dix ans

2,5 Md€ en 2016 et 4,1 Md€ en 2026, le BP du Grand Est a gonflé de 64% en dix ans. Du côté des recettes, le fonctionnement passe de 1 940 M€ à 2 940 M€ (+51%) et l’investissement de 282 M€ à 593 M€ (+110%). Du côté des dépenses, celles de fonctionnement passent de 1 693 M€ à 2 473 M€ (+46%) et celles d’investissement de 849 M€ à 1 654 M€ (+95%).

Ce tableau comparatif de dix années de budget prouve s’il en était besoin le rattrapage des dépenses d’investissement : une augmentation au final double de l’investissement par rapport au fonctionnement. Une progression qui place le Grand Est en leader de l’investissement, après avoir occupé la dernière place en 2016.

Enfin, cette synthèse note la progression du taux d’épargne brute (épargne brute / recettes réelles de fonctionnement) de la Région. Ce taux est de 15,9% contre 12,8%. Notons que cette progression sur dix ans masque cependant un recul récent. Toujours sur dix ans, l’emprunt est passé de 273 M€ à 594 M€, soit une progression de 117% et une capacité de désendettement de sept ans.

Le grand est, une région qui dépense et investit plus que les autres

Entre 2017 et 2024, le Région Grand Est s’est affirmée comme la 1ère en matière de dépense globale, supérieure de deux fois supérieure par habitant à la moyenne métropolitaine, d’investissement (+200%) et d’intervention en faveur de ses territoires (+38% par rapport à la moyenne des Régions). Avec une épargne nette dans la moyenne de celle des autres Régions et des emprunts supérieurs de près de 10% à la strate métropolitaine.

Première région pour la part de l’investissement

Le Grand Est dépense largement plus que la moyenne des Régions métropolitaines, avec une augmentation quasiment double de celle du niveau national. La dépense réelle totale du Grand Est par habitant est passée de 454 à 781€, entre 2017 et 2024, soit une progression de 72%. Sur ce critère, la Région occupe la 1ère place des dépenses des 12 territoires régionaux, hors la Corse, quand elle n’était que 7e en 2017. En 2017, la dépense totale de la Région par habitant correspondait à celle de la moyenne métropolitaine. En 2024, la dépense totale régionale dépasse la moyenne métropolitaine de 38%, laquelle n’a comparativement progressé que de 25%.

Les dépenses de fonctionnement du Grand Est (dépenses d’intervention sur l’ensemble du territoire, charges de personnel et achats et charges externes), évoluent de 339 à 429€, la Région passant de la 6e à la 2e place des plus grosses dépenses, avec une progression de 26%. Ces dépenses sont supérieures de 38% à la strate métropolitaine, laquelle n’a progressé que de 9%. En sept ans, les dépenses d’investissement, de 116 à 352€, ont plus que doublé (+203%). Sur ce critère le Grand Est, dernière région en 2017, occupe désormais une place de leader. L’essor de d’investissement est financièrement quasi huit fois plus important que celui du fonctionnement.

En détail, les dépenses d’équipement sont passées de 29 à 96€ par habitant (+231%) et les subventions d’équipement de 83 à 250€ (+201%). Par rapport à la moyenne des régions métropolitaines, les dépenses d’équipement sont supérieures de 57%, celles des subventions d’équipement sont supérieures de 59%. En matière de dépenses d’intervention en faveur de ses territoires, en équipement subventions d’équipement, le Grand Est occupe, en 2024, la 1ère place des Régions métropolitaines.

Une épargne nette qui progresse de 58%

L’épargne brute, soustraction entre les recettes réelles de fonctionnement et les dépenses réelles de fonctionnement, assimilable à l’autofinancement, mesure la capacité à investir. L’épargne nette est égale à l’épargne brute ôtée du remboursement de la dette. Entre 2017 et 2024, l’épargne brute du Grand Est, par habitant, est passée de 55 à 74€ (+34,5%), l’épargne nette de 22 à 36€ (+63,6%). Sur ce ratio de la gestion de l’épargne, la Région est actuellement à un ou deux euros près par habitant dans la moyenne métropolitaine.

La Région affiche un emprunt moyen supérieur à la moyenne métropolitaine. Le Grand Est a emprunté 539 M€ en 2024, contre 443 M€ en 2017. L’emprunt annuel par habitant est passé de 60 à 95€, soit une progression de 58%. Par comparaison, l’emprunt par habitant de la France métropolitaine, hors Corse, est de 87€ en 2024, inférieur de 8% à celui de la Région, laquelle occupe constamment la 7e place des entités régionales empruntant le plus.

Une hausse maîtrisée de la dette

La dette cumulée du Grand Est, 2 321 M€ en 2017, a progressé de 17% en 2024 (2 717 M€), faisant cependant passer la Région de la 5e à la 7e place des Régions les plus endettées. La dette par habitant est passée de 409 à 480€, soit quasiment celle de la strate métropolitaines (477€). Elle progresse moins vite que la moyenne métropolitaine (+26%). Le taux d’endettement moyen des quatre dernières années affiche une progression moyenne de 0,8%. Exceptée la baisse de 0,6% de l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est affiche la plus petite progression du taux de croissance annuelle moyen, à égalité avec la Bretagne. La capacité de désendettement (6,5 ans en 2024) a gagné une année en sept ans. Elle est aujourd’hui comparable à celle de la France métropolitaine.

Sources : Séances Région des 18 et 19 décembre 2025 / Direction Générale des Collectivités Locales.