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Un budget Grand Est historique pour l’efficacité des politiques publiques

Budget. « La méthode Grand Est, c’est l’efficacité maximale des politiques publiques, l’effet levier avec les fonds européens et la recherche de financements innovants pour renforcer nos capacités d’investissements ». C’est un Franck Leroy enthousiaste qui présente un BP 2024 bodybuildé pour des raisons strictement conjoncturelles.

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Photo de Franck Leroy
Franck Leroy : « Notre Région affiche aujourd’hui un niveau de performance sans équivalent. » (Crédit : GD)

Le Budget Primitif (BP) 2024 de la Région s’élève à 4,5 milliards d’euros, un niveau historique et une hausse de 16% par rapport au BP 2023, portée principalement par une croissance de 22,7% des crédits opérationnels pour l’investissement, hors remboursement de la dette et crédits revolving. La Région entend ainsi mobiliser 1,75 Md€, contre 1,43 Md€ au BP 2023, avec principalement un investissement de 592 M€ en hausse de 44% pour les mobilités, lesquelles pèsent plus d’un tiers de l’investissement global. Les recettes régionales nécessaires à ce budget ne progressent que de 3%.

Dans la présentation de son BP 2024, la Région note la dynamique importante des dotations provenant des Fonds Européens qui passent de 433 à 531 M€, soit une croissance de 22,6%. Ces Fonds Européens soutiennent notamment les investissements en faveur de l’attractivité (251 M€) et ceux en faveur des territoires (144 M€).

Le Grand Est flèche trois priorités dans sa planification au quotidien comme dans sa vision stratégique : 2 049 M€ pour la transition environnementale (Grand Est Région Verte), 1 178 M€ en faveur de la jeunesse, de l’emploi et de la formation et notamment avec le financement du renouvellement du Pacte Régional d’Investissement dans les Compétences (349 M€) et enfin le nouveau Pacte des Ruralités (650 M€).

Neuf défis identifiés en 2024

Les priorités budgétaires 2024 s’inscrivent, plus en détail, dans le cadre global de neuf défis identifiés dans la démarche de révision et de convergence des schémas régionaux, certains aboutis et votés, d’autres en cours. Premier défi : « Optimiser l’usage des sols dans un contexte de rareté et de tensions ». Cet objectif, autrement nommé Zéro Artificialisation Nette, est un chapitre du SRADDET, Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires, schéma dont la révision devrait aboutir courant 2024. Il s’agit d’économiser les terres agricoles et de favoriser la reconversion des friches, notamment par la prise en charge d’une assistance à maîtrise d’ouvrage pour les collectivités se lançant dans ce type de reconversion.

Deuxième défi : « Viser la souveraineté énergétique et alimentaire ». Si le Grand Est est la 3e région française la plus dynamique avec 39% de sa consommation électrique en renouvelable, 2024 posera les bases d’un nouveau saut quantitatif (10 M€ mobilisés par la SEM Grand Est Energies dans les quatre ans à venir et 10 M€ vers la filière des biocarburants). Le programme Ambitions Eleveurs, polyculture élevage, agriculture biologique, le programme Alimentation Durable et Autonome du Grand Est (ADAGE), serre innovante Qanopee sont les outils du volet alimentaire de cette recherche de souveraineté.

« Apporter des réponses à la pénurie des compétences », ce défi doit répondre à la situation complexe du Grand Est, notamment marquée par une localisation transfrontalière forte et une déprise démographique. La mobilisation pour l’emploi fait partie des priorités de la Région, depuis trois ans. L’augmentation de 8% des financements des formations sanitaires et sociales et un exemple de l’action régionale sur ce sujet.

Issus du dispositif Business Act, les parcours de transformation, réduction des émissions de gaz à effet de serre, mutations écologiques, technologiques, numérique, cybersécurité, gestion de l’eau, concernent depuis 2020 plus de 120 projets ayant bénéficié de 37 M€ de la part de la Région. Ces transformations sont fichées dans le 4e défi : « Accompagner la mutation des entreprises et des activités ».

Valoriser les diversités territoriales

« Valoriser le Grand Est et ses diversités territoriales » est le 5e défi des priorités budgétaires de la Région. à côté d’un développement urbain plus aisé, la Région entend permettre aux territoires ruraux de s’exprimer. La Région va aider la réhabilitation des bâtiments ruraux, adapter les services de mobilités, favoriser le numériques, promouvoir la construction de tiers-lieux, la rénovation du patrimoine, l’accès à la culture et la revalorisation des hébergements touristiques. Ce dernier point va bénéficier de 4 M€.

« Promouvoir la coopération infrarégionale et transfrontalière » constitue le 6e défi. La Région pourrait adhérer en 2024 aux EuroDistricts SaarMoselle et Strasbourg/Obernai. Pilote dans l’ouverture à la concurrence des lignes ferroviaires transfrontalières, la Région va confirmer sa conviction en faveur des mobilités créatrice de coopération. Les échanges transfrontaliers autour de certaines filières, comme l’automobile ou la bioéconomie, seront poursuivis.

Un tiers du budget pour les mobilités

Le 7e défi régional « Assurer la mobilité décarbonée des biens et des personnes » est financièrement le plus lourd en mobilisant plus du tiers du budget investissement du Grand Est en 2024. Ces investissements concernent notamment les 120 M€ pour l’achat des 30 rames ferroviaires Régiolis, des travaux de régénération de 20 rames TER, pour 76 M€, l’amélioration des lignes fines de desserte ferroviaire du territoire (27 M€) et celle du réseau capillaire (13 M€). Sur ce défi, le plan vélo consommera 10 M€ et les études d’une écocontribution poids lourds sur les routes de la région vont se poursuivre.

La constitution d’un observatoire régional de l’eau, la rénovation énergétique des lycées, l’identification de nouvelles réserves naturelles, la mutation de tous les dispositifs d’intervention de la collectivité vers une éco-ambition, des audits en eau des entreprises, des process innovants de compensation environnementale ou bien encore la désimperméabilisation des cours des lycées sont parmi les points saillants du défi « Préserver et valoriser durablement les ressources naturelles et restaurer la biodiversité ».

Enfin, le 9e défi « Accompagner les évolutions démographiques et assurer une santé globale », annonce la poursuite de l’accompagnement de la Région en faveur des Maisons de Santé Pluriprofessionnelles. Un budget global de 8,5 M€ appuie l’engagement du Grand Est sur différentes opérations : la politique sportive et notamment 15,4 M€ pour les CREPS, la sûreté des lycées (11 M€), la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes, ou encore la poursuite des projets immobiliers d’enseignement supérieur (23 M€ dans le prochain Contrat de Plan Etat Région).