Un besoin d’embauche annuel de 9 000 professionnels dans le sanitaire et social du Grand Est
Emploi. D’ici à 2030, la région devrait compter 3 300 personnes dépendantes supplémentaires par an. Face à ce constat et devant pallier des départs en retraite massifs programmés dans un futur proche, le secteur sanitaire et social devra embaucher 9 000 professionnels par an.
Dans un contexte d’augmentation prévisible de la dépendance et de manque d’attrait pour les métiers concernés, dont par exemple aide-soignant, sage-femme, infirmier, ambulancier, cadre hospitalier, agent hospitalier, masseur kinésithérapeute, assistant de vie, éducateur, orthophoniste et orthoptiste, la Région finance les formations du secteur (115 et 125 M€ en 2021 et 2022) pour endiguer le « déficit persistant d’attractivité du secteur sanitaire et social ». L’enjeu du Schéma Régional des Formations Sanitaires et Sociales (SRFSS) tente de redresser cette situation d’indifférence, mais également de « répondre aux besoins immédiats des professionnels, tout en anticipant ceux de demain ».
Le secteur sanitaire et social entre dans la catégorie des métiers en tension (bâtiment, services à la personne, maintenance mécanique et santé), pour lesquels les offres sont largement supérieures aux demandes des candidats. La Région comptait en 2022 plus de 925 000 postes à pourvoir dans ces métiers à forte tension. La proportion de ce type de poste à pourvoir est de 53,6% de l’ensemble des offres, 13 points au-dessus de la moyenne nationale, plaçant le Grand Est parmi les régions les plus impactées, derrière Pays de la Loire, Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes.
Une feuille de route sur cinq ans
Ce nouveau schéma, pour les cinq ans à venir, s’inscrit en cohérence avec les autres stratégies régionales (besoins et évolution des compétences, pacte pour la ruralité, feuille de route santé …). Il est issu d’une large concertation des structures du secteur sanitaire et social. Il doit s’adapter chaque année aux réalités économiques, démographiques et territoriales.
Transversales et pluriannuelles, six orientations viennent structurer ce schéma qui doit répondre aux enjeux présents et à venir. Il s’agit tout d’abord d’adapter l’offre globale de formation aux besoins des employeurs régionaux, de renforcer le lien entre employeurs et Région en accompagnant ces derniers dans leur politique de ressources humaines et de lever les freins d’accès ou de maintien en formation en améliorant les conditions d’études. Il s’agit également de promouvoir les métiers et de dynamiser l’orientation, de proposer un appareil de formation performant et adapter aux attentes des employeurs et des apprenants et enfin de travailler ensemble dans la proximité et l’agilité au service de la diversité des candidats et des territoires.
Les ambitions de l’offre de formation à fin 2024
Le Schéma pose ses ambitions à fin 2024, comparativement à fin 2020, en matière de places de formation : +33% pour les infirmiers, +26% pour les ambulanciers, +95% pour les aides-soignants, +23% pour les auxiliaires en puériculture, +23% pour les assistants éducatifs et +108% pour les techniciens de l’intervention sociale et familiale.
Le schéma vise une augmentation des sites de formation dans la région, de 142 à 205 entre 2019 et 2024, soit une progression de 44%, correspondant à 7 700 postes de formation supplémentaires d’ici à 2030. Par comparaison, le CHU de Reims assume une capacité d’accueil de 615 stagiaires en formation dans les métiers du sanitaire et social pour l’année 2023-2024.
Un secteur complexe dans le marché du travail
La densité des emplois du sanitaire et social tourne autour de 650 emplois sur 10 000 habitants dans le Grand Est. Les dernières statistiques de l’emploi sur ce secteur remontent à 2020. Elles indiquent 44 000 inscrits à Pôle Emploi (71% dans le social et 29% dans le sanitaire) et 47 500 offres (56% dans le sanitaire et 46% dans le social).
Les principaux métiers du secteur restent en tension : 66% des projets de recrutement sont jugés difficiles. Les infirmiers diplômés, les aides-soignants et les éducateurs spécialisés représentent les métiers les plus cités. Pour les organismes compétents, il s’agit d’une pénurie de candidats à 73%, d’une inadéquation des profils à 34% et des conditions de travail ou des salaires à 31%.
Le Grand Est sous la moyenne nationale
La densité moyenne des médecins sur le territoire national est de 339 pour 100 000 habitants. Avec 321 médecins le Grand Est occupe la 8e place, d’un classement largement dominé par la Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Ile-de-France. Sur la densité des spécialistes, le Grand Est fait légèrement mieux, occupant la 6e place. Sur une dimension infrarégionale, la densité des médecins va de 408 pour 100 000 habitants dans le Bas-Rhin à 200 dans la Meuse, en passant par 405 dans la Marne, 229 dans l’Aube ou 241 dans les Ardennes.
Plus de dentistes (66/64), moins d’infirmiers libéraux (121/137), moins de kinésithérapeutes (88/100) et moins de pharmaciens(103/111), la situation du Grand Est, comparée aux densités nationales, ne reflète cependant pas un état de désert médical. En tout cas pour ces professions libérales. Pour mémoire, le nombre de médecins dans le département de la Marne a progressé de 7% entre 2012 et 2023 (-2% pour les généralistes et +16% pour les spécialistes).