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Solidarité et équilibre des territoires au bilan de Christian Bruyen

Bilan. Le Président du Conseil Départemental de la Marne, candidat aux prochaines sénatoriales, dresse un bilan de sa présidence et dit ses certitudes sur l’avenir de Vatry. S’il est élu au Sénat, Christian Bruyen conservera son siège au Département, et souhaite participer à la métamorphose enfin rayonnante de l’Aéroport.

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Photo de Christian Bruyen
Christian Bruyen : « Je souhaite rester impliqué dans l’avenir de Vatry. » (Crédit : GD)

Petites Affiches Matot Braine : Qu’est-ce qui a motivé votre candidature aux prochaines élections sénatoriales ?

Christian Bruyen : Je suis élu local depuis 28 ans, dont 22 ans au Conseil départemental et 6 ans à la présidence de ce Conseil. À présent, je pense pouvoir exprimer mon expérience de terrain au niveau national.

En passant par une démission, un concept pas toujours bien perçu dans l’opinion publique ?

Percevoir les choses ainsi, c’est personnaliser ma démarche et cependant au Département, j’ai toujours milité pour un travail d’équipe. Je resterai conseiller départemental, donc je ne quitterai pas le Conseil départemental et au Sénat, je suis convaincu que je serai très utile pour la Marne, avec des contacts privilégiés avec les représentants de l’Etat déconcentré dans le département.

Quitter la Présidence du Conseil départemental avec quel bilan ?

Trop tôt pour faire un bilan. J’espère avoir réussi à rassembler, les acteurs et les territoires dans un but collectif, à travailler aussi pour l’égalité de tous, sans laisser personne sur les bas-côtés de la route.

Vous n’y avez peut-être pas pensé, mais force est de s’en remettre à l’histoire du Département de la Marne, quatre Présidents, avant vous, Robert Soudant, Maurice Prévoteau, Albert Vecten et René-Paul Savary, ont atterri au Sénat, comme si le Département était le marchepied du Sénat. Un commentaire ?

Le Sénat est l’Assemblée représentative des territoires et de leur équilibre. Il existe une véritable filiation entre les Départements et le Sénat. Cette situation existe dans bien d’autres Départements. Siègent au Sénat des élus expérimentés des territoires. Il s’agit pour moi de servir différemment la Marne.

Si vous êtes élu au Sénat, comment voyez-vous votre succession au Département ?

Je suis le mieux placé pour avoir la certitude qu’un certain nombre de conseillers départementaux, avec leurs qualités et leurs compétences, est capable de me succéder. En ce sens, je n’ai aucune inquiétude quant à ma succession. Il appartiendra à la majorité de présenter son candidat parmi ceux-là.

Le Président sortant donnera-t-il son avis ?

Peut-être, mais pas avant l’issue des élections sénatoriales.

L’actuel Premier Vice-président, Jean-Marc Roze, est-il un bon candidat ?

Evidemment oui ! Mais, il n’est pas le seul. Les trois ou quatre autres candidats sont loin de démériter.

Le profil idéal du futur Président du Conseil départemental ?

Un Président qui a le sens de l’équilibre des territoires, entre l’urbain et le rural et qui dispose d’une fibre solidaire, compétence première du Département.

« Dans la Marne, politiquement, tout sauf Reims », un slogan comme un autre qui cache cependant une réalité, un seul Rémois, Paul Marchandeau, a été, de 1937 à 1942, Président du Conseil départemental. Situation rédhibitoire ?

Pas pour moi. Pendant six ans, j’ai eu à cœur d’effacer cette rivalité qui ne devrait pas exister. Nous ne pouvons plus nous amuser à cela. Il faut absolument assembler ou rassembler tous les territoires, sans exception. S’il le faut, j’exprimerai cette opinion le moment venu.

La grosse épine dans le pied du Conseil Départemental de la Marne est l’avenir de Vatry. Peut-il, ne serait-ce qu’en partie, être réglé sous votre présidence ?

Il faudra encore quelques mois pour y voir plus clair. Je pense avoir fait preuve de courage dans ce dossier et je salue l’unanimité du Conseil dans cette envie de sauver Vatry.

Depuis six ans, je considère que l’Aéroport est un atout pour la Marne. Toutes les pistes n’ont pas été étudiées, elles le sont en ce moment, et notamment dans le fait d’aller chercher des partenaires dans le privé.

Où en est la mission conseil mandatée récemment pour étudier l’avenir de Vatry ?

Le groupement de cabinets conseil, choisi sur appel d’offres, vient de démarrer ses travaux et rendra ses conclusions à l’automne. Sa mission : comment faire entrer le privé dans Vatry ?

La piste de l’arrivée d’un prestataire chinois est ouverte depuis le début de l’année. Vos deux voyages en Chine sont-ils maintenus aujourd’hui ?

Le temps presse, donc concomitamment au travail de la mission, nous allons explorer des partenariats possibles. Premier voyage fin juillet à la rencontre d’une compagnie aérienne chinoise qui envisage de travailler avec Vatry avant la fin de l’année.

Le deuxième voyage, à l’automne, sera la rencontre avec des opérateurs qui peuvent avoir l’ambition de s’installer sur la zone d’activités dans une activité de fret aérien et également d’entrer dans le capital de Vatry.

Ces deux voyages supposent-ils que la piste chinoise a toutes les chances d’aboutir ?

Nous avons déjà rencontré des opérateurs chinois en France qui ont précisé leur intérêt pour Vatry. Cependant, la piste chinoise n’est pas la seule et c’est le travail de la mission d’études : ouvrir les possibles. Il ne faut pas réduire l’avenir de l’Aéroport à la Chine. En parallèle, nous avons des contacts très sérieux avec les opérateurs français, par exemple, pour baser des avions d’une compagnie franco-chinoise à Vatry, avant la fin de l’année.

D’un autre côté, des échanges positifs se poursuivent avec ADP, Aéroport de Paris, qui est dans une situation, rappelons-le, d’embolie du trafic. Vatry peut être une solution pour ADP.

Le Département multiplie ses contacts avec d’autres structures aéroportuaires : Liège, Amsterdam, Luxembourg, tous préoccupés par des exigences environnementales et contraints de réduire leur voilure. Vatry va s’inscrire dans l’avenir du développement mondial du fret aérien auquel on assiste. J’en ai la certitude. La Chine est une piste. Notre priorité, c’est la France et l’Europe de proximité. De toutes les façons, 2024 sera l’année de la solution Vatry.

Une solution pour Vatry sans Christian Bruyen ?

J’espère que la future gouvernance du Département estimera que j’ai mon mot à dire, en tant que conseiller départemental et en tant que membre du Conseil d’administration de l’Aéroport. Je souhaite rester impliqué dans l’avenir de Vatry.