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Samuel Deglaire : « un déséquilibre profond dans la profession »

Bilan. En début d’année, la fédération du BTP a fait un point sur la conjoncture, placée sous le signe de la morosité, avant d’envisager les perspectives 2024.

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Photo de Samuel Deglaire
Samuel Deglaire lors d’un discours musclé. (Crédit : PR)

Revenant sur l’exercice 2023, marqué par une forte inflation des énergies, une augmentation des salaires et des charges ainsi qu’une croissance, Samuel Deglaire a mis l’accent sur l’effondrement du marché du neuf. La rénovation, surtout énergétique, elle, s’est maintenue à un bon niveau.

Des permis de construire en chute libre

Toutefois, les effectifs ont stagné dans les Ardennes en raison des marges encore plus faibles et de trésoreries toujours très tendues. Évoquant 2024, Samuel Deglaire constate que si l’inflation est en reflux, le chômage repart à la hausse : « Depuis plusieurs mois, les permis de construire sont en chute libre. Les derniers chiffres sont déprimants. Le marché du neuf vit une crise historique que la plupart d’entre nous n’avaient jamais connu. »

Outre les logements, le non-résidentiel est aussi impacté. Les entrepreneurs les plus dépendants du neuf ont des carnets de commande qui se comptent parfois en semaines et non plus en mois. « Lors de notre dernier Conseil d’Administration, le constat était unanime : cette baisse de l’activité provoque un déséquilibre profond dans la profession. Au point que de grosses entreprises viennent sur nos terres pour 300 m² d’étanchéité ou des terrassements modestes. Et on peut craindre que les Jeux Olympiques aggravent ce déséquilibre ».

« Tenir bon »

Le maintien de taux d’intérêt à un niveau inédit depuis 12 ans freine les investissements des promoteurs et des particuliers. La RE2020, « réglementation unique au monde », ne favorise pas non plus la baisse des coûts de construction et le prix des matériaux, certes plus stable, est en progression de 35 % depuis 2020. Le président a aussi dénoncé la « redoutable complexité » des aides à la rénovation énergétique, les « escrocs des travaux à 1€ ». Qui échappent aux contrôles de la répression des fraudes et les abus du régime de la microentreprise.

En 2024, le président de la FFB des Ardennes appelle donc les entreprises à « résister, tenir bon le temps nécessaire avant que le cycle soit de nouveau vertueux ». « J’ai mobilisé nos services pour qu’ils vous accompagnent dans cette période difficile. D’abord à court terme, par la création d’une cellule de crise. Mais cela suppose que nos adhérents veuillent bien nous parler de leurs difficultés économiques. Trop souvent, la Fédération est appelée quand les huissiers sont dans la cour et cela ne relève alors plus de nos compétences. Attention à ne pas rester seuls et à se croire capable de tout endurer ». La fédération ardennaise a aussi engagé un partenariat avec le laboratoire de recherches universitaires Amarok afin de se rapprocher d’une psychologue du travail, spécialisée dans la santé des dirigeants.

Samuel Deglaire a également rappelé que la fédération disposait de deux écoles de dirigeants ayant fait leurs preuves depuis plusieurs décennies : l’École Supérieure des Jeunes Dirigeants et l’APROBA. « Nous diffuserons massivement cette année leurs offres de formations et organiserons certaines sessions s’il y a assez de demandes ». Il est aussi question de promouvoir les métiers liés au BTP. « Une profession qui cesse de parler aux jeunes est une profession qui n’a aucun avenir. Nous lançons donc en ce moment des partenariats avec des établissements scolaires pour que des entrepreneurs parlent de leur parcours et de leur passion. » Samuel Deglaire entend aussi accroitre le nombre des adhérents qui s’élèvent actuellement à près de 300 entreprises, représentant les 2/3 des effectifs et les 2/3 du chiffre d’affaires de la Profession.