Collectivités

Rétrogradé par la DNCG, le CSSA veut sauver sa place en National

Football. Le club ardennais mobilise les acteurs locaux pour trouver 800 000 euros avant le 30 juin, date de clôture des comptes.

Lecture 6 min
Photo d'un joueur de football
(Crédit : Sport Ardennes)

Sedan évoluera-t-il en National la saison prochaine et si c’est le cas avec quel budget ? Après deux saisons au troisième niveau français avec un maintien sportif relativement serein sous la conduite d’Olivier Saragaglia (8e en 2021-2022 et 7e en 2022-2023 avec un budget de 4,6 M€), les supporters du CSSA sont plongés dans l’inquiétude.

Le 6 juin, ce club mythique a été rétrogradé administrativement en National 2 par la DNCG, le gendarme financier du football français. Le CSSA a interjeté appel de cette décision qui fait renaître la crainte d’un second dépôt de bilan après celui connu le 8 août 2013 alors que le club figurait encore en Ligue 2.

A l’époque, Marc Dubois, dirigeant du Groupe Aplus avait sauvé le CSSA en redémarrant en CFA 2. En l’espace de dix ans, le repreneur a injecté 14 millions d’euros de fonds propres pour maintenir le club et tenter de le ramener dans le giron professionnel. Aujourd’hui, il a dit stop.

« L’actionnaire ne remettra pas ça. C’est l’engagement que j’ai pris », résume celui qui assure néanmoins « ne pas vouloir balancer le club » et discuter avec d’éventuels partenaires pour ouvrir le capital, élargir le périmètre d’attractivité du club au Luxembourg et à la Belgique et chercher des solutions de pérennisation en « trouvant des contacts capables de se substituer au groupe Aplus ».

Avant la prochaine audition devant la DNCG le 4 juillet prochain, une véritable course contre la montre est donc engagée pour renforcer les moyens financiers du CSSA et « présenter des comptes équilibrés et améliorés au terme de l’exercice 2022-2023 en résorbant un trou de près de 3 millions d’euros ». Si Marc Dubois a d’ores et déjà mis 2,2 millions d’euros pour boucler une partie du déficit, il manque aujourd’hui une enveloppe de 800 000 euros. « Au 30 juin, date de clôture des comptes, on n’aura plus aucune dette » assure-t-il.

Ardenne Métropole a alloué en urgence une subvention exceptionnelle de 100 000 euros à l’association CSSA. « On ne pouvait pas laisser ce club qui est une institution dans les Ardennes redescendre en N2 dans une enceinte comme celle du stade Louis-Dugauguez », justifie Cédric Branz, vice-président de l’agglomération chargé des sports.

De nombreux ex-joueurs du club (Quint, N’Diefi, Deblock, Capron, Oliveira...) et des personnalités ont appelé à soutenir le CSSA en devenant abonné (ils étaient 970 la saison passée). Les supporters eux-mêmes ont collecté plus de 3 500 euros.

Tout cela dans un contexte compliqué puisque Philippe Diallo, président de la FFF, a récemment douché l’enthousiasme des présidents de National en révélant que la création d’une Ligue 3 professionnelle à la place de la compétition actuelle « n’est pas d’actualité ». Un rude coup pour Marc Dubois, membre du conseil national des clubs amateurs, et ses collègues présidents de club qui comptaient sur cette L3 pour retrouver dès la prochaine saison le statut pro et les droits TV en découlant.

Le championnat de National est en effet doté d’une réglementation professionnelle sans en avoir les ressources. Il a été marqué par 14 défaillances financières de clubs entre 2009 et 2017. Hormis Strasbourg, Bastia et Grenoble, parvenus à refaire surface, beaucoup d’autres s’y sont cassés les dents comme Le Mans, Châteauroux, Nancy, Boulogne ou Cannes, entre autres.

Inquiet mais convaincu que Sedan sera encore en troisième division, le maire de la ville, Didier Herbillon, se refuse à évoquer un éventuel dépôt de bilan. Après avoir débloqué 80 000 euros, l’élu cherche à trouver de nouvelles capacités financières pour élargir l’assise du CSSA. Vendredi 16 juin, il a réuni une cinquantaine de chefs d’entreprises pour « dénicher de potentiels sponsors, créer un véritable élan collectif et un environnement économique plus puissant autour du CSSA ».

« La question est de savoir à quel niveau financier le club redémarrera en National car il y aura encore six descentes lors du prochain exercice. Ce qui nécessite un budget d’au moins 3 millions d’euros pour être compétitif et ambitieux », estime l’élu. « Le club n’est pas au bord du gouffre, il risque simplement un encadrement de la masse salariale ».

Parallèlement à cela, Marc Dubois, « au coeur de l’action », travaille sur différentes pistes qui seraient aptes à amener 3,5 millions d’euros voire plus. Dans les Ardennes, il se dit que l’une de celles-ci mènerait à l’homme d’affaires et milliardaire français… Jérôme Seydoux.

L’ancien patron de Pathé qui occupa également une place au conseil d’administration de l’Olympique lyonnais, s’intéresserait à Sedan. Un autre contact, initié par l’ex-président du CSSA Francis Roumy, conduirait à un investisseur francilien qui pourrait engager 4 à 6 millions d’euros. A suivre.