Réseau de chaleur CLOE : 33 km d’énergie décarbonée
Aménagement. Chalôns Agglo, en partenariat avec les Petites Affiches Matot Braine, organisait une conférence sur le thème « Réseau de chaleur : Comment en faire un levier fondamental pour l’économie locale ? » avec l’intervention du président du réseau CLOE, Jean-Gabriel Frey.
« CLOEest une initiative de la Ville de Châlons-en-Champagne avec comme objectif de proposer une énergie décarbonée à de gros consommateurs : bailleurs sociaux (Nov’Habitat), bâtiments publics (Ville, Agglo, Préfecture, Région, Département, collèges et lycées). Pour cette construction, la Ville a lancé un appel d’offres avec une délégation de service public sur une durée de 20 ans qui a été remporté par la Société d’économie mixte Société champenoise d’énergie (SCE) avec Engie Solutions », explique en posant les bases Jérôme Mât, Vice-président en charge du Développement économique de Châlons Agglo. L’idée de ce réseau de chaleur est née dès 2017… mais il aura fallu attendre novembre 2022 pour sa mise en service car son élaboration technique a nécessitée nombreuses réflexions et travaux.
Un réseau 100% décarboné
« Ce réseau CLOE n’aurait pas vu le jour sans le partenariat très fort avec le Syvalom(syndicat de valorisation des ordures ménagères) de la Veuve qui est le fournisseur de cette chaleur fatale grâce à l’incinération des déchets. Mais également sans le partenariat avec Luzéal, qui est sur le chemin du tracé du réseau et qui avait besoin de cette chaleur, non pas l’hiver mais plutôt l’été, au moment où les abonnés de CLOE ont besoin de moins de chauffage dans les logements. Ce qui permet à la chaleur d’être achetée durant les 12 mois de l’année », précise Jérôme Mât. CLOE est ainsi le premier réseau de chaleur 100% décarboné avec 70% de chaleur fatale et un complément de 30% en gaz vert (grâce à trois méthaniseurs d’Engie).
« C’est une belle opération pour la Ville de Châlons qui décarbone et qui peut permettre à des entreprises de travaux publics de travailler sur leur territoire. À terme, CLOE devrait aussi rapporter de l’argent, à la Ville, à la SCE. »
Historiquement, les réseaux de chaleur remontent à une centaine d’années comme premier en France, celui de la Compagnie parisienne de chaleur urbaine (CPCU). « C’est souvent une volonté de choix de politique publique. Les réseaux de chaleur sont très développés dans les pays de l’Est par exemple, ou encore au Danemark qui est très avancé sur ce sujet avec, dans certaines villes, un millier de kilomètres de réseau pour 50 000 habitants », indique Jean-Gabriel Frey, président du réseau de chaleur CLOE et Directeur Hauts-de-France et Champagne - Réseaux de chaleur chez Engie Solutions France. CLOE qui repose sur un partenariat 51% Engie Solutions et 49% Société champenoise d’énergie (SCE) est composé pour sa part de 33 km de réseau (27 km en service, les 6 km le seront d’ici la fin de l’année).
« D’une manière générale, toutes les grandes villes sont constituées de réseaux de chaleur, ce qui est moins le cas pour les villes moyennes comme Châlons-en-Champagne. Mais il y plusieurs intérêts à s’équiper d’un tel réseau : tout d’abord, une question de sécurité pour les personnes et sites industriels, car on ne fait que transporter de l’eau chaude, il n’y a pas de gaz. Ensuite, pour une question environnementale. Notre vocation est de livrer de la chaleur avec une mixité énergie renouvelable importante (70% d’EnR livré par le réseau CLOE). Il y a aussi un sujet économique, afin d’avoir un prix, un tarif de la chaleur stable. 70 % du réseau c’est de l’énergie renouvelable achetée au Syvalom. Les prix varient suivant des indices qui sont relativement stables dans le temps. C’est enfin une composante importante de la résilience des territoires puisqu’un réseau de chaleur apporte beaucoup plus à l’économie locale que d’acheter du gaz qui vient des pays de l’Est », fait savoir Jean-Gabriel Frey qui insiste aussi sur l’importance de la « circularité du projet avec le Syvalom ».
À Châlons, le réseau CLOE aura nécessité un investissement de 50 millions d’euros (70 M€ au global avec le raccordement au Syvalom) dont 20 millions d’euros ont été soutenus par l’Ademe dans le cadre du déploiement des réseaux. « On estime entre 36 et 40 millions d’euros les retombées économiques pour les entreprises du territoire. C’est un vrai projet local : on amène des déchets à l’incinérateur qui produit à la fois de l’énergie électrique et de l’énergie thermique. Avec Engie, cette chaleur, nous sommes capables de l’utiliser et de la livrer directement aux Châlonnais. »
80 points de livraison ont été créés et 110 verront le jour à terme afin d’optimiser la distribution. Projet local mais aussi à la pointe de la technologie. Deux techniciens supervisent en permanence le réseau aidés de l’IA. « On est quasiment en « full automatique » dans la délivrance de la chaleur et le pilotage du réseau. On remonte l’intégralité des données de nos chaufferies et également des sous-stations chez les clients, c’est à dire que l’on connaît précisément les températures à laquelle on arrive, la température à laquelle on repart ainsi que les débits. » La création de ce réseau permettra l’économie de 17 000 tonnes de CO2 par an.