Politique ferroviaire du Grand Est : « Des trains partout et pour tous »
Transport. Plus de trains TER, partout et pour tous, la Région Grand Est fait le forcing sur une compétence majeure, devenue son premier poste de dépense. À l’horizon, avec la mise en concurrence de certaines lignes, une distance raisonnable avec la SNCF sur l‘ensemble des dessertes régionales.
Le transport ferroviaire de voyageurs est une compétence des conseils régionaux depuis les lois de décentralisation de 1982 et 1983, compétence qui s’est élargie en 2002 puis en 2017. En résumé, chaque Région a la charge de l’organisation et du financement des services ferroviaires régionaux de voyageurs et des services routiers effectués en substitution de ceux-ci. Le chapitre « Mobilités », dans lequel figure les offres de services de transports, la modernisation des réseaux et le développement de l’intermodalité, est désormais le premier poste de dépenses de la Région : 984 M€ dans un Budget Primitif 2021 de 3 400 M€, soit 29% du budget général, un score légèrement supérieur à la moyenne des dépenses « Transports » des treize Régions métropolitaines.
Une politique ferroviaire du partout et du pour tous
3 000 km de voies, 185 000 voyageurs au quotidien dans les TER, 54% de la population du Grand Est à moins de 5 kilomètres d’une des 120 principales gares de la région, le train est devenu un élément du quotidien des usagers. Après des décennies d’investissements insuffisant de l’Etat et de la SNCF, la Région estime ce patrimoine menacé, réagit à des fermetures de lignes, comme ce fut le cas pour Nancy-Contrexéville ou Epinal-Sarre-Union et constate la dégradation de la quasi-totalité du réseau des petites lignes, Rethel-Vouziers, Charleville-Mézières-Givet, Châlons-en-Champagne-Verdun, Epernay-Esternay, Châlons-en- Champagne-Troyes, Vitry-le-François-Troyes …
« Prendre le train, cela doit être simple pour l’usager »
La Région Grand Est, autorité organisatrice de transports, organise sa compétence sur trois segments : les Réseaux Express Métropolitains et Européens, en Alsace et en Lorraine et qui englobe l’étoile ferroviaire de Reims et les liaisons Paris-Champagne, les liaisons régionales ou extra-régionales, comme la Ligne 4 Paris-Troyes-Mulhouse ou l’artère Charleville- Luxembourg, ainsi que les lignes d’aménagement du territoire.
La région pour faire mieux que la SNCF
Comment analyser la création par la Région d’une Société Publique Locale Ferroviaire Grand Est Mobilités se définissant ainsi : « Doter la Région d’un outil opérationnel dans le contexte de mise en concurrence du TER » ? D’un côté, l’affirmation de David Valence, Vice-président du Conseil régional, en charge des transports, déplacements et infrastructures et également, au niveau national, Président du Conseil d’orientation des infrastructures auprès du Ministre des transports : « La Région n’entend pas devenir une société ferroviaire ». D’un autre cet euphémisme du même auteur : « Nous allons prendre la main sur la construction de ce mode de transport en optimisant ce que la SNCF nous refacture très cher ».
Les TGV à la SNCF et les TER à la Région. Dont acte. Aux côtés de la création de cette société au printemps dernier, la Région Grand Est entend obtenir le transfert des petites lignes ferroviaires afin de pouvoir y investir massivement, aboutir à une mise en concurrence du réseau, source d’économie, et à une simplification immédiate de l’offre tarifaire, opérationnelle dès le début 2022. Sur ce dernier sujet, la Région met en place un système de réduction des prix sur la base d’un demi-tarif (même taux pour tous, partout, tout le temps en contrepartie de la possession d’une carte unique à 20€ et 1€ pour les moins de 26 ans.
La seule région de France à rouvrir ses lignes
C’est David Valence qui l’affirme, avec plus d’offre qu’auparavant et en mettant notamment en avant la réouverture des lignes telle que Epinal- Strasbourg et en ajoutant : « Nous assumons le coût de l’expérience. Prendre le train, cela doit être simple pour l’usager ». Allant au-devant des critiques de l’opposition, quant à l’augmentation du prix du billet de train de l’ordre de 4 à 5%, il explique : « L’offre est plus importante, nous sommes en rattrapage par rapport aux années précédentes et nous devons financer cette offre supplémentaire ».
Au crédit de cette mise au point : les carburants automobiles ont augmenté de 20% entre septembre 2020 et septembre 2021, quatre fois plus que le billet TER. Plus de TER et moins de TGV ? Jean Rottner ne peut que l’admettre : « La SNCF est devenue une société anonyme. Si elle réduit ses offres c’est dans un objectif budgétaire, même si nous ne trouvons pas logique la disparition, par exemple, du trajet Reims-Roissy. Cette fermeture n’est pas irréversible. Nous avons expliqué au Président de la SNCF que la liaison Reims-Paris est pour les usagers un train du quotidien, donc indispensable ».